Le Mans

Gary Hirsch et Pierre Ragues, mécaniciens en bord de piste au Mans

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Gary Hirsch et Pierre Ragues avaient tout pour réussir aux 24 Heures du Mans, le premier sur la Gibson 015S/Greaves Motorsport, le second sur la Morgan LM P2 EVO/Team SARD-MORAND. Pourtant, les deux pilotes ont vu leurs espoirs de bon résultat s’envoler au beau milieu du circuit. La Gibson s’est arrêtée après la courbe Dunlop en proie à des problèmes électriques et la Morgan à Arnage suite à un capteur d’huile défaillant. Pourtant, les deux pilotes ont tout tenté pour repartir par leurs propres moyens ou comment s’improviser mécanicien en bord de piste.

“C’est une grande déception que de ne pas voir l’arrivée du Mans” confie Gary Hirsch. “Nous pouvions prétendre au podium compte tenu de notre rythme et de notre stratégie. La voiture était simplement parfaite. Le package Gibson – Nissan – Dunlop était parmi les meilleurs. Nous suivions la stratégie de course et Jon avait fait un très bon travail conservant le contact avec le groupe de tête. Nous entamions alors une remontée lorsque j’ai pris la piste et une alarme s’est déclenchée à bord puis la voiture s’est soudainement arrêtée. J’ai tenté par tous les moyens à disposition de reprendre la piste. Je pouvais compter sur l’aide de l’équipe à distance depuis le cockpit pour réparer la voiture. Le public m’a énormément soutenu ce qui donne toujours plus de force pour tenter l’impossible.”

Pour Pierre Ragues, l’aventure est encore plus rocambolesque. Stefano Calugi et Armand de Vergès étaient en bord de piste quand ils voient arriver devant eux Pierre Ragues au volant de la Morgan/Team SARD-MORAND au beau milieu de la nuit.

Armand de Vergès raconte l’aventure : “Il devait être 3 heures du matin quand soudain la Morgan du Team SARD-MORAND passe devant nous dans un vacarme assourdissant en laissant échapper une épaisse fumée. Pierre Ragues arrive dans le virage, sort de la trajectoire pour ne pas gêner les autres concurrents, parcourt quelques mètres, et s’immobilise sur la piste. Nous observions cela avec intérêt. On pouvait voir le pilote manipuler des boutons sur son volant en coupant le moteur, le relançant, le recoupant, manipulant à nouveau des boutons. Je pense qu’il essayait un reset du système électronique. Malheureusement rien a faire. Il décida alors de descendre de la Morgan pour commencer a l’ausculter de l’extérieur. Les commissaires, voyant cela, se mirent a courir vers lui, lui demandant d’évacuer la piste. C’est alors que tous ensemble ils poussèrent la voiture de course dans le dégagement prévu à cet effet.

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Le pilote commença à s’activer. Il prit dans sa voiture, sous le plancher, un petit sac contenant un téléphone, pour appeler son équipe. Ensuite il emprunta la lampe torche d’un commissaire pour regarder à l’intérieur du véhicule, puis à l’extérieur, en dessous. Il se remit au volant, reset, restart, mais rien n’y fait. A nouveau en dehors, alors que nous prenions bêtement des photos, il tournait en rond en essayant de comprendre. Il raccrocha et s’asseyait sur le ponton du véhicule en attendant des nouvelles de son écurie. C’est là que, voyant le crépitement des petits flash montés sur nos smartphones, il vint vers nous en sollicitant notre aide. Le téléphone qu’il avait dans sa voiture était certes résistant, mais démuni de toute technologie. Alors il nous demanda s’il pouvait faire une photo de son moteur avec un de nos téléphones pour l’envoyer à Fabrice Roussel, son directeur technique. Et il nous demanda également d’aller faire une photo de l’endroit où se trouvait une marre d’huile. Nous n’en revenions pas. Nous allions aider un pilote des 24 Heures du Mans à repartir.

Durant plusieurs minutes, nous prenons le temps de discuter avec Pierre Ragues, qui fut très sympathique avec nous, et très disponible. Nous évoquions la course, son relais, mais sa déception était grande et nous ne voulions pas le déranger. C’est un sentiment assez spécial qui me prenait car d’un certain côté, ça n’arrive pas tous les jours de prêter son téléphone à un pilote des 24 Heures pour essayer de l’aider, alors le voir là devant nous.  Ce proto fumant juste là, à mes pieds, mais en voyant le regard peiné du pilote, sa déception, tout en restant calme, sympa, ouvert, je n’avais qu’une envie, c’était qu’il reparte. A vrai dire, j’aurais préféré que cela n’arrive pas. J’aurais aimé le voir finir la course et monter sur le podium.

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