Partagé entre trois programmes cette saison, le Sébastien Loeb Racing enchaîne les meetings entre Championnat de France GT, Porsche Carrera Cup France et WTCC, sans oublier quelques piges en Porsche Supercup. L’écurie dirigée par Sébastien Loeb et Dominique Heintz peut jouer les différentes couronnes sur la scène nationale en attendant un hypothétique retour à l’international en GT ou en LMP. Avant un meeting crucial au Val de Vienne, Franck Tiné, directeur sportif du Sébastien Loeb Racing, fait le point avec nous.
Quel est le premier bilan du Sébastien Loeb Racing en GT ?
“Le bilan comptable ne reflète pas vraiment nos performances… Nous avons certes signé deux podiums, et fait parler en qualifications, mais le gros point noir reste le meeting du Mans où nous avons perdu de gros points avec d’importants accidents. Ce fut une rude épreuve pour tout le monde, mais c’est aussi dans des circonstances extrêmes comme celle-ci que l’on se rend compte de l’importance du facteur humain. À ce niveau, on peut dire que le bilan est excellent, nous avons une équipe soudée, courageuse, et deux équipages aux qualités humaines exceptionnelles, c’est un critère capital dans la réussite d’un team.”
Les nouvelles recrues se sont bien adaptées ?
“Sur le papier, Mike (Parisy) est la référence de par son expérience du GT et ses performances depuis trois saisons au sein de l’équipe. De son côté, David (Hallyday) connaît très bien l’auto et il nous a vraiment impressionné dès les premiers essais, c’est un très bon pilote, très précis dans son analyse et surtout très rapide! Quant aux quatre “vrais nouveaux”, il s’agissait d’une importante découverte : de l’auto pour tous, mais aussi de l’équipe et du championnat pour certains. De ce point de vue, ce fut une très bonne surprise, avec des pilotes vraiment motivés et à l’écoute, on peut dire que tous se sont très vite adaptés, et s’ils continuent de progresser à chaque tour de roue, ils sont tous déjà aptes au podium… C’est de bon augure pour la suite!”
Satisfait du nouveau format à trois pilotes ?
“C’est une nouveauté qui a permis d’attirer un nouveau public au sein des pilotes, avec des budgets plus accessibles tout en pilotant au sein d’un beau championnat avec des autos abouties. À ce niveau, c’est donc une satisfaction que d’avoir pu intégrer Christophe (Hamon), Lonni (Martins), Christian (Bottemanne) et Philippe (Gaillard) à ce projet. L’équipe prend également une place importante dans ce nouveau schéma, avec des spécificités règlementaires et un début de réflexion stratégique. Pour le moment, le bilan est plutôt positif, mais la réflexion et la concertation entre équipes et organisateurs est très régulière pour continuer à progresser.”
La quantité n’est pas là, mais selon toi la qualité est bien là ?
“Il suffit de regarder la liste des engagés pour s’en convaincre : les teams sont pour la plupart très professionnels avec des expériences internationales réussies. Quant aux pilotes, les piliers du championnat de France GT ont été rejoints par des nouveaux venus pleins d’ambitions. Les exemples de Nelson Panciatici et de Lonni Martins sont parlants, et le niveau atteint chez les pilotes Silver et Bronze est vraiment impressionnant. “
Que manque-t-il au championnat pour qu’il retrouve des couleurs ?
“Il y a eu quelques moments pas simples par le passé, et aujourd’hui cette époque semble révolue. En effet, il y a une réelle envie d’avancer ensemble dans la réflexion entre tous les teams, le promoteur et les instances sportives. Avec des budgets toujours plus importants, malgré une situation économique pas simple et dans un pays peu enclin à promouvoir notre sport, c’est je pense en poursuivant sur la voie du dialogue et de l’ouverture que des solutions seront trouvées. En tout cas nous sentons cette envie de réussir du côté des organisateurs, et toutes les équipes répondent présentes pour avancer ensemble.”
A quand un retour du Sébastien Loeb Racing sur la scène européenne en GT ou en LMP ? L’envie est toujours là ?
“Le monde du LMP est en train d’entamer une réelle mutation, et ce serait mentir que de dire que nous n’observons pas ça de près. Après ce que nous avons prouvé en LM P2 en finalement très peu de temps, l’endurance nous laisse un réel bon souvenir. Les 24 Heures du Mans en point d’orgue bien sûr, mais la victoire en ELMS à Estoril a elle aussi une saveur particulière… En ce qui concerne le GT, il s’agit là-aussi d’une période de renouveau avec l’arrivée de nombreux nouveaux modèles. Le niveau est réellement élevé aujourd’hui en GT3 dans les différents championnats, et l’idée d’aller lutter au niveau international est toujours intéressante pour une équipe ambitieuse comme la nôtre. Mais comme toute équipe privée, puisque c’est le principe de base du GT3, il faut trouver le compromis entre haut niveau sportif et cohérence économique.”
Avant le meeting du Val de Vienne, la satisfaction est de mise en Porsche Carrera Cup France ?
“Là-aussi, le résultat brut au général ne reflète pas notre réel niveau. Un souci mécanique indépendant du champ d’action de l’équipe a privé Maxime d’un possible excellent résultat, puisqu’il devait partir de la pole position de la première course de la saison mais dût abandonner dans le tour de formation. Ensuite, l’annulation de la course 2 de Lédenon pour des raisons climatiques et la faible différence de points entre les différentes positions rendent sa remontée un peu longue. Mais nous sommes confiants, il sera très rapidement de retour sur le haut du tableau au championnat! Joffrey (De Narda) quant à lui a réellement franchi une étape dans sa formation, c’est aujourd’hui un candidat au podium et il est un réel atout pour le team, c’est une belle histoire que nous avons construite ensemble depuis son arrivée l’an passé. Au championnat B, Christophe Lapierre est réellement l’homme à battre, et ses performances sont souvent au niveau des A. Mais il sait que l’abandon est rédhibitoire, lui qui en a pâti l’an passé notamment. Aucune pression à relâcher donc, surtout que son coéquipier Roar (Lindland) ne suit pas très loin, c’est devenu le plus français des norvégiens!”
Maxime Jousse peut être considéré comme le chef de file de l’équipe. Un gros avantage de l’avoir dans ses rangs vu son expérience ?
“Maxime, au même titre que Mike, peut être considéré comme l’un des atouts du Sébastien Loeb Racing ces dernières années. En plus de son talent au volant, il apporte également beaucoup à ses coéquipiers. Joffrey notamment forme avec lui un duo infernal, ils sont potes avant tout, entre eux c’est à livre ouvert, mais sur la piste il n’y a pas de cadeau, simplement du respect. En cela, nous avons vraiment de la chance d’avoir une cohésion pareille. Au niveau du championnat, Max est réellement la valeur étalon aujourd’hui, et sa victoire impressionnante sous la pluie au Mans en est la preuve… Gagner avec 12 secondes d’avance sur le second dans une formule monotype de ce niveau, c’est plutôt pas mal non?”
Pourquoi cette association avec la Cup Asia à Spa ?
“Nous sommes certes une équipe à l’identité française mais ces dernières années nous avons toujours laissé la porte ouverte aux pilotes étrangers qui nous apportent une vision différente de la course. Lorsque Alexandre Gibot (manager PCCA) m’a évoqué son projet de faire participer ses deux leaders à la course d’ouverture de Spa, j’ai su qu’il nous fallait profiter de cette opportunité. J’ai travaillé en Asie il y a une dizaine d’années maintenant, j’ai pu constater depuis que le niveau ne cessait de croitre et que l’Asie devenait vraiment un beau plan de carrière pour les pilotes, comme l’a prouvé Earl Bamber récemment. C’est donc un réel plaisir pour nous que d’accueillir Chris et Yuey à Spa, nous visons de bons résultats avec eux.”
Quel est ton bilan personnel après une bonne année passée chez SLR ?
“Cette équipe m’impressionne réellement à chaque instant, tant elle est remplie de personnes talentueuses… C’est aujourd’hui une entité respectée dans le sport automobile international, mais on a tendance à oublier qu’elle est très jeune! Travailler dans ce contexte de haut niveau est réellement passionnant et chaque course, chaque projet, chaque challenge se doit d’être relevé avec le même niveau d’excellence. En cela, c’est un pur bonheur et si l’histoire de cette équipe est en pleine écriture, ses membres sont vraiment tous fiers d’en faire partie, et ils le peuvent.”