Comme depuis quelques années, l’Automobile Club de l’Ouest accueillait sur le circuit du Mans des stages de formation des équipes d’extraction, stages organisés par la Fédération Française de Sport Automobile (FFSA) sous l’égide de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), des représentants de l’ACO –Mathieu Navarre, Chef de Piste, et Martin Goureau, Responsable Sécurité piste au Mans-de la FFSA et de la FIA étant présents dans les stands du circuit manceau pour superviser les opérations.
Ce stage d’extraction a pour objectif de recevoir une habilitation internationale d’extracteur, comme nous l’a indiqué Mathieu Navarre, chaque circuit devant avoir une équipe d’extraction pour les épreuves organisées in situ. Chaque équipe d’extraction est constituée de six personnes, dont un médecin –avec minimum de cinq personnes-. L’habilitation –nominative- est valable deux années, les équipes en poste pour les 24 Heures du Mans étant soumis à un nouveau stage chaque année en raison de la spécificité de la course mancelle et notamment des nouvelles technologies qui y sont introduites.
Ce week-end, 150 personnes étaient attendues pour ce stage, avec un total de 17 équipes -4 portugaises, 2 belges, 1 néerlandaise et 10 françaises-. Ces différentes équipes étaient encadrées par 11 formateurs, tous moniteurs FIA, et en présence d’autorités médicales telles que le Docteur Jean-Jacques Issermann -93ans-, Délégué de la Commission Médicale de la FIA. Le Docteur Alain Kind, Médecin-Chef de l’Automobile Club de l’Ouest était également présent pour superviser les opérations,
La journée du samedi était presque entièrement dévolue aux équipes étrangères (à l’exception de deux des équipes françaises), ceci afin de permettre aux portugais, belges et néerlandais de rentrer chez eux pour lundi, tous étant bénévoles et devant reprendre leur travail.
La journée des stagiaires a commencé dès huit heures par un briefing et une approche théorique des techniques d’extraction.
Pour les exercices pratiques, plusieurs voitures servaient de terrain d’entraînement dans les stands (la météo était franchement exécrable samedi au Mans) : une Porsche 919 Hybrid portant les noms de Romain Dumas, Neel Jani et Marc Lieb –une « showcar » prêtée par Porsche, deux Porsche 911 Cup de la Carrera Cup dont une ex-Jim Pla, fournies par Racing Technology, une Suzuki Swift de Rallye, deux Formule 4 en provenance de l’Autosport Academy voisine, une Formula Renault 3,5l, une coque de Formule 1 venant de l’Institut de la FIA, une carcasse de Seat Leon.
Les techniques diffèrent légèrement selon qu’il s’agisse d’une LM P1 hybride, d’une GT ou d’une monoplace. Les LM P1 hybrides requièrent des dispositions de sécurité particulières en raison des risques inhérents à l’électricité, comme nous l’a expliqué Mathieu Navarre : « la première des choses est de s’assurer qu’il n’y a pas de courant électrique, ce qui explique la tenue adaptée des extracteurs –gants isolants et surbottes-, pose de tapis au sol et sur les pontons. Sinon, la suite des opérations est la même : couper le contact, au cas où les systèmes automatiques n’aient pas fonctionné sur la voiture, dépose du casque du pilote, du Hans, pose d’un collier (KED, Kendrick Extrication Device) pour protéger la colonne vertébrale, glissement de la planche carbone sous le pilote, extraction de la voiture du pilote et pose de celui-ci sur un matelas gonflable avant son évacuation vers le centre médical, le tout avec un dialogue avec le pilote si celui-ci est conscient. »
Les gestes sont précis et coordonnés et malgré l’exiguïté du cockpit de la 919 Hybrid, l’évacuation du pilote –répétée plusieurs fois- excède rarement deux minutes.
L’exercice est encore plus impressionnant quand les extracteurs emploient la procédure d’urgence (en cas d’incendie imminent de la voiture, par exemple). Plus question de prendre le temps d’enlever le casque ou le Hans, la planche carbone est glissée sous le pilote et celui-ci extrait de la voiture, le tout prenant à peine plus d’une dizaine de secondes.
Pour les GT, afin de faciliter le travail, l’équipe dévisse une trappe sur le toit de la voiture –une Porsche, dans ce cas-, pour un accès et une intervention plus faciles.
Sur la Suzuki Swift, des membres de l’équipe s’installent carrément dans la voiture en pénétrant par le coffre…
L’ACO hébergera en mars prochain un deuxième stage, à l’intention de ses équipes oeuvrant pour les différentes épreuves se déroulant au Mans sur le Circuit Bugatti ou dans le cadre des 24 Heures.
On ne peut qu’avoir du respect pour toutes ces équipes dont le professionnalisme –bien qu’ils soient bénévoles- est évident.
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