Nous sommes à moins de 60 jours de la 82^ème édition des 24 Heures du Mans et on ne connaît pas encore la liste définitive des équipes sélectionnées pour la classique mancelle. Il sont encore six suppléants (quatre en LMP et deux en GTE) à espérer décrocher un ticket d’entrée. Rarement une édition n’aura suscité tant d’interrogations avant même le début de l’épreuve : nouvelle réglementation LM P1, un forfait improbable de SRT il y a encore quelques mois, des suppléants que l’on aurait déjà aimé voir sur la liste, une auto sélectionnée qui n’a pas encore bouclé le moindre kilomètre, des nouvelles LM P2 qui débuteront directement par Le Mans, mais aussi quelques incertitudes au niveau des équipes en place.

La grosse surprise a été le forfait des deux SRT Viper GTS-R. Le constructeur américain tenait absolument à briller dans la Sarthe mais la conjoncture économique en a décidé autrement. On espère maintenant que les deux autos pourront terminer la saison du Tudor United SportsCar Championship. C’est pour le moment le seul forfait des 24 Heures du Mans. D’autres équipes suppléantes ont préféré d’elles même jeté l’éponge, à savoir Risi Competizione et Boutsen Ginion Racing. Le Caterham Racing a pour sa part décliné mais Greaves Motorsport compte bien reprendre le flambeau avec une Zytek Z11SN actuellement troisième suppléante.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le forfait du SRT Motorsports a profité au JMW Motorsport et au Team Taisan, les deux mettant tout en œuvre pour être au départ. En GTE, il reste encore le team IMSA Performance Matmut et ProSpeed Competition, soit deux équipes réputées et fiables. Du côté des LMP, ils sont encore quatre à taper à la porte : Larbre Compétition, Signatech-Alpine, Caterham Racing (Greaves Motorsport) et Pegasus Racing. Que des équipes fiables…

 Toutes les équipes ont maintenant payé le droit d’engagement  de 45 400 euros (50 000 euros au total). Les suppléants se sont également acquittés du droit de participation, qui sera remboursé si leur voiture ne rejoint pas la liste des équipes sélectionnées. Si un forfait devait intervenir avant le 25 avril, 12 500 euros seront remboursés (la moitié du droit d’engagement). Après cette date, le montant total du droit d’engagement restera acquis à l’organisateur. Tout forfait déclaré après le 9 mai sera pénalisé d’une amende de 50 000 euros.

 Il reste encore quelques incertitudes quant aux équipes sélectionnées. Quel crédit apporter à la Lotus alors que l’auto n’a pas effectué le moindre kilomètre ? Certes, on aimerait avoir plus d’autos en LM P1-L, mais pas à n’importe quel prix. On a vu dans le passé des équipes venir « rouler » au Mans avant de tirer le rideau peu de temps après le départ. Aucune communication, très peu d’essais et une arrivée prévue à Spa. Voilà ce que l’on sait actuellement du projet, et ce à une cinquantaine de jours seulement de l’épreuve. C’est un peu comme si l’Equipe de France de Football arrivait à la Coupe du Monde directement en finale. Pendant ce temps, Larbre Compétition ronge son frein.

Absent à Silverstone, le Millennium Racing compte bien entrer en scène aux 6 Heures de Spa dans moins de deux semaines. On devrait en savoir plus dans les prochains jours sur l’avenir du programme. L’équipe managée par Simon Dowson était bien présente au Prologue. Du côté du SMP Racing, le programme est sur de bons rails même si Boris Rotenberg, patron de SMP Bank, a préféré ne pas faire le déplacement à Silversone pour rouler en ELMS. Vu les efforts consentis par l’équipe pour se préparer, on ne peut que constater que le programme est bien fiable. Seuls des éléments extra-sportifs pourraient venir polluer cette présence.

 Il reste aussi à élucider le cas de la Dome-Strakka qui ne débutera en compétition qu’à la Journée Test, soit deux semaines avant de se lancer dans le grand bain des 24 Heures du Mans. Nous avons rencontré Hiroshi Fushida à Silverstone qui nous a bien confirmé que des essais allaient être bouclés pour être prêts pour le rendez-vous manceau. Une autre source nous a tout de même précisé qu’il restait une charge de travail importante.

 Et la Nissan ZEOD RC ? L’auto roule en propulsion électrique mais que va-t-elle donner niveau chrono ? La Journée Test rendra un premier verdict mais on aurait tout de même aimé voir la ZEOD RC à Spa pour se faire une idée de son potentiel car même si elle roulera hors classement, le prototype qui occupera le 56^ème Garage devra être dans les temps proches d’une LM P2. On ne voit d’ailleurs aucun nouveau projet pointer le bout de son nez pour 2015. En même temps, l’innovation est dans les LM P1-H actuelles.

D’autres autos n’ont pas encore été vues en compétition. C’est le cas de la Rebellion R-One et de la Ligier JS P2. Cependant, dans ces deux cas, on a affaire à des constructeurs qui mettent tous les moyens pour bien figurer et qui peuvent s’appuyer sur leurs acquis.

 En GTE, la seule vraie incertitude concerne le nombre d’Aston Martin V8 Vantage GTE au départ. A l’heure actuelle, six autos roulant sous la bannière Aston Martin Racing figurent sur la liste, sans compter celle du Craft Racing. On croit savoir que toutes risquent bien de ne pas être au départ, surtout que chez Aston Martin Racing, on ne semble guère satisfait de la BOP actuelle.

 En attendant une hypothétique sélection, les suppléants patientent, ce qui  n’est pas sans poser de problèmes, comme nous l’a confié un propriétaire d’une équipe suppléante : « On connaît cette variante d’être suppléant depuis l’envoi de la demande d’engagement. On sent que tout n’est pas perdu mais on attend. Un programme européen tourne autour du Mans, ce qui fait qu’il est compliqué de fédérer des partenaires sans savoir si l’on est pris. C’est la même chose pour les pilotes. On ne peut rien leur garantir si bien que l’on peut comprendre qu’ils aillent voir ailleurs. Il nous faut commander des pièces, trouver une solution pour l’hébergement, mais pour le moment nous sommes dans l’attente. »

Certains militent pour un retour d’une sélection sur la piste comme par le passé, sauf qu’il faut tenir compte des sélections d’office et des engagés en FIA WEC. Ce n’est donc pas si simple de sélectionner les équipes uniquement lors de la Journée Test. Changer radicalement le calendrier pour terminer la saison FIA WEC par Le Mans fait partie des réflexions mais là aussi ce type d’opération n’est pas évident à mettre en place. Alors la piste doit-elle sélectionner les engagés des 24 Heures du Mans ? La question a le mérite d’être posée… Si tel devait être le cas, rien ne serait acquis d’avance, comme voir un constructeur privé de double tour d’horloge sarthois en cas de sortie ou de problème mécanique. Problématique ? Pas forcément vu que tout le monde serait logé à la même enseigne. Si le Brésil devait sortir à l’issue du premier tour de la Coupe du Monde de la FIFA face au Mexique, Cameroun et Croatie, on ne lui demandera pas de revenir pour la finale…