Les Essais Officiels de l’European Le Mans Series et le Prologue FIA WEC marquent le coup d’envoi de la saison 2016 des séries labellisées ACO après la période hivernale qui a permis le renouveau de l’Asian Le Mans Series. 2016 n’apporte pas de révolution dans les différentes catégories, exception faite des nouvelles règles GTE. A quelques semaines du premier round à Silverstone, Vincent Beaumesnil (directeur des Sports de l’ACO) a fait le point avec nous sur les différents dossiers en cours.
Quels sont les nouveautés de l’année ?
“Pour nos équipes, le Prologue FIA WEC est important car il sert vraiment de répétition générale. Cela nous permet de tester la télémétrie et les différents systèmes de mesure. A titre d’exemple, il n’y a plus de boîtiers Cosworth sur les autos. L’appel d’offres avant la création du FIA WEC a été remporté par Cosworth pour cinq ans et l’arrivée de l’hybride avec les boîtiers Magnetti-Marelli a imposé une cohabitation. Dès cette année, il n’y a plus qu’un fournisseur.
“Le personnel s’est renforcé avec une personne dédiée à l’analyse des performances, un inspecteur pour contrôler les constructeurs LM P1 sur les essais et la soufflerie, un spécialiste électronique et un contrôleur dans les stands. Il faut toujours augmenter l’excellence de l’organisation. On accompagne le développement du FIA WEC et de l’ELMS, ce qui implique de faire grossir les équipes.”
Un effort a été fait sur le contrôle des équipes en course ?
“Nous contrôlons en instantané la consommation et les données de boost des LM P1. Pour ce qui est du GTE, les autos ont été contrôlées à Ladoux, les constructeurs nous ont délivré des données et une BOP a été mise en place. Cette année, nous pourrons contrôler différentes données en temps réel. Si une auto est en dehors de la fenêtre, on pourra la pénaliser directement sur la course car cela n’aurait aucun sens de le faire a posteriori. Le procédé est bien plus poussé cette année. Ce qui est sûr, c’est que tous les constructeurs ont compris l’intérêt d’être transparent.”
Donc juste des évolutions pour 2016 et pas de révolution…
“La plus grosse nouveauté concerne la catégorie GTE avec des autos plus puissantes. L’idée était de donner plus de libertés aux constructeurs sur le développement aéro. On souhaitait augmenter le niveau de performance des GTEen ayant moins de dérogations. Pour la partie LM P1, il n’y a eu que quelques ajustements sur la sécurité des pilotes dans l’habitacle. La catégorie LM P2 évoluera en 2017. De belles choses vont arriver la saison prochaine en LM P2.
Sur un plan plus général, les ravitaillements évoluent dès cette année avec une règle simplifiée. Lorsque l’auto s’arrêtera, une fois le plein de carburant terminé, quatre personnes équipées d’un brassard vert pourront intervenir sur les autos pour différentes tâches. Un seul pistolet pneumatique reste autorisé. On assistera à des stratégies différentes.”
La classe LM P1 privée suscite de l’intérêt ?
“La volonté de l’ACO et la FIA est bien de traiter le sujet à sa juste valeur. Le schéma actuel n’est pas satisfaisant. Les différentes parties se sont réunies autour d’une table avec comme objectif de trouver de la performance sans dépenser plus d’argent. Nous avons lancé des idées. Actuellement, si un constructeur LM P1 hybride a un souci, il n’est pas possible à une LM P1 privée d’être devant. Un tour d’écart par relais, c’est trop. La balle est maintenant dans le camp des constructeurs. Malheureusement, il reste très peu de temps. La décision doit intervenir rapidement. Depuis que quatre constructeurs ont été sélectionnés en LM P2, il y a un regain d’intérêt. Quatre motoristes se sont déclarés prêts à fournir des moteurs. Avoir six à huit autos en 2018 est tout à fait possible.”
L’avenir de la catégorie LM P1 est aussi à l’étude ? Là aussi, il faut attirer de nouveaux constructeurs…
“Des discussions sont en cours depuis un an et demi avec Audi, Porsche et Toyota pour des mesures plus restrictives. Les résultats sont bons. Nous avons les arguments pour expliquer à un constructeur que rouler en FIA WEC est possible à un coût maîtrisé. On veut que l’argent investi aille dans l’optimisation de l’hybride et non dans l’aéro. Il faut faire de la dépense intelligente.”
Les signaux sont au vert en ELMS avec le succès croissant du LM P3. Une belle satisfaction ?
“Il y avait comme un constat d’échec après la FLM. Lorsque l’ACO a lancé l’idée du LM P3, tout le monde était contre nous car beaucoup ont cru que nous voulions une CN modifiée. Finalement, le package global est bon. Il faut être capable de rouler à haut niveau sans les contraintes du LM P1. La catégorie permet en plus d’attirer de jeunes pilotes.”
La Michelin GT3 Le Mans Cup est appelée à prendre de l’ampleur dès cette année ?
“La série va prendre son envol à Imola et il faut laisser du temps au temps. Il y avait des craintes sur les ravitaillements. Les équipes vont louer leur matériel aux équipes ELMS. C’est donc gagnant-gagnant pour les deux parties. De plus, nous verrons les GT3 pour la première fois sur le grand circuit du Mans et l’histoire n’est certainement pas terminée.”
Quelle est votre vision personnelle sur les nouvelles technologies en Endurance ?
“Toutes les voies technologiques vont être explorées pour le futur et ne pas rester que sur l’hybride qui n’est qu’une phase de transition. Certes, cette phase est importante mais on veut promouvoir la suite. L’industrie de l’automobile explore différentes voies. On ne peut pas dire dans 50 ans quelle sera la bonne voie. Le bio-méthane est aussi une transition intéressante. L’étape suivante sera probablement le tout électrique mais il faut encore régler l’autonomie. Il faut aussi regarder ce que va donner l’hydrogène. Nous avons une feuille de route en cours avec les constructeurs LM P1. 2018 verra l’arrivée de nouvelles monocoques, une diminution de carburant et plus de systèmes hybrides.