Le Mans

Entretien avec Pierre Fillon sur les différentes séries labellisées ACO

MOTORSPORT : EUROPEAN LE MANS SERIES - 4 HOURS OF RED BULL RING (AUT) ROUND 3 07/19-20/2014
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Avec une fréquentation en hausse lors des dernières 24 Heures du Mans, un renouveau de l’European Le Mans Series, un FIA WEC qui ne demande qu’à s’étendre et un Asian Le Mans Series qui devrait grossir au fil du temps, l’Automobile Club de l’Ouest est bien occupée ces temps-ci, sans oublier le lancement de la catégorie LM P3. Les sujets de discussion avec le président de l’ACO sont donc nombreux. Pierre Fillon nous a reçu au Red Bull Ring pour un entretien « les yeux dans les yeux », selon l’expression à la mode, avec une multitude de sujets abordés. (In English)

 Commençons par un retour sur les 24 Heures du Mans. Quel est le bilan du côté de l’organisateur ?

 « Les retours ont été positifs de tous les côtés : spectateurs, teams, pilotes. On ne peut pas nier que nous avons assisté à un gros succès populaire sans compter qu’avec 110 000 personnes quelques semaines plus tard pour Le Mans Classic, les fans ont répondu présent. Au final, près de 400 000 personnes se sont déplacées en peu de temps au Mans. Le sport automobile n’est pas mort en France.

 Pourquoi ça a fonctionné ? Il y a d’abord eu le nouveau règlement LM P1 qui se veut innovant et adapté à la société actuelle avec des autos qui consomment moins tout en allant aussi vite. Ces nouvelles règles ont parfaitement fonctionné avec un spectacle garanti. Le retour de Porsche a sans aucun doute fait venir plus de monde. De plus, il y a eu une forte communication commune avec le FIA WEC, mais aussi la diffusion de clips à l’attention du grand public. Pour finir, la modification de l’organisation de l’ACO a porté ses fruits. »

juliesueur_lm2014_start_001 La réglementation LM P1 a donc donné entière satisfaction ?

 « Il y a eu beaucoup de calculs de la part de la FIA. La crainte était que l’un des constructeurs soit hors du coup mais cela n’a pas été le cas malgré l’emploi de technologies différentes. Cela prouve que le règlement LM P1 est bien conçu. Tout le monde a joué le jeu. Il y a un vrai bon état d’esprit des trois constructeurs. Le nouveau règlement se veut attractif et c’est pour cela que Nissan arrive. Ferrari regarde de près ce qui se passe comme d’autres grandes marques. Ce règlement s’inscrit dans la durée. Il faut faire rouler des autos au Mans avec une technologie que l’on peut adapter sur la route. »

 Quelle va être l’étape suivante ? Développer le LM P1-L ?

 « Nous mettons tout en place pour attirer plus de constructeurs. Je préfère d’ailleurs que l’on parle de LM P1 non hybrides plutôt que de LM P1-L. L’ACO et la FIA veulent des technologies différentes. Il y a le LM P1-H avec Porsche et Toyota en Essence et Audi en Diesel. La classe « non hybride » est aussi faite pour les constructeurs. On a pour le moment Rebellion et nous allons avoir Lotus dès Austin. Le but est de maintenir les deux classes les plus proches possibles. Si les LM P1-H devaient avoir des ennuis, cela doit profiter aux autos de la classe « Light ». On veillera à cet équilibre. Pour Rebellion, il faut attendre encore un peu car l’auto n’est qu’au début de son développement. On espère aussi voir OAK en LM P1-L. D’autres constructeurs sont intéressés. »

img_4714 Que va-t-il en être de la catégorie LM P2 en FIA WEC ?

 « On s’est posé la question de savoir quoi faire du LM P2. Nous assistons à un rééquilibrage de la catégorie avec plus d’autos en ELMS et moins en FIA WEC. La catégorie est ouverte aux gentlemen et cela devient compliqué pour eux de prendre une semaine et de partir rouler au bout du monde. La plupart des gentlemen ont des entreprises à faire vivre. De plus, nous devons réduire les coûts en LM P2 en FIA WEC. Il faut attirer des jeunes pilotes qui viennent du GP2 ou des World Series by Renault. On veut les attirer. Cependant, nous ne sommes pas décidés à supprimer la catégorisation de pilotes et mettre en place du LM P2-Pro et LM P2-Am, ce qui serait trop compliqué du point de vue de la compréhension. C’est important de baisser les coûts. On a de beaux constructeurs et de belles autos. »

 La pyramide LM P se voit maintenant renforcée avec la catégorie LM P3…

 « C’était le chaînon manquant de la pyramide endurance. La Formula Le Mans était une très bonne formule mais la différence de coût avec les LM P2 n’était pas énorme. Il fallait redémarrer ce créneau. Nous avons maintenant la première étape du prototype avec un coût de fonctionnement abordable. Le cahier des charges permet de maîtriser les coûts. De plus, il y aura une récompense en fin de saison. »

 Quelle sera cette récompense ?

 « Nous sommes actuellement en pleine discussion sur le sujet et différentes possibilités sont à l’étude. Cela peut aller d’une invitation aux 24 Heures du Mans en LM P2 à la possibilité de rouler en LM P3 lors de la Journée Test. Rien n’est encore décidé. Cette catégorie devrait arriver à maturité en 2016. »

Fond-728x514 On verra des LM P3 sur le continent américain ?

 « Là aussi des discussions sont en cours. Cela peut passer par un championnat ou un remplacement des LM PC lorsqu’elles arriveront en fin d’homologation. Nous poursuivons notre collaboration avec le championnat Tudor avec trois réunions annuelles : Daytona, Le Mans, Petit Le Mans. Les équipes techniques travaillent en étroite collaboration, notamment pour 2017. L’idée est d’axer les nouvelles autos sur les LM P2. Cela permettra d’attirer à nouveau plus de teams américains au Mans. Il faut aussi coordonner les calendriers. Certes, il y a le souci de la manche de Détroit qui tombe en même temps que la Journée Test mais cette date est difficilement modifiable pour eux. »

 C’est aussi une belle satisfaction que de voir un team français briller aux Etats-Unis…

 « Français et même Sarthois. On ne peut qu’être ravi que OAK Racing brille sur le continent américain. C’est toujours positif de voir qu’une équipe française se mette en valeur à l’étranger, qui plus est dans un championnat compétitif. »

 L’ACO est aussi en place sur le continent asiatique. Le démarrage est un peu plus compliqué ?

 « En Asie, c’est un peu différent. On part de zéro sur un continent qui n’a pas une vraie culture du sport automobile. C’est un peu plus long à démarrer mais le concept doit fonctionner. Les teams présents ont confiance. Tout est standardisé Le Mans. On sait que ça ne va pas se faire en une seule journée. Il est tout de même probable qu’à l’avenir la saison débute plus tôt. »

22d0d82c-506d-4824-846f-37e7516fbd00 Après une saison 2012 bien terne, on assiste à un renouveau de l’European Le Mans Series. La série continentale ne demande qu’à se développer…

 « Le championnat est une belle satisfaction pour nous. L’ELMS a souffert du lancement du FIA WEC. Il fallait lui redonner une place majeure et c’est ce à quoi LMEM s’est employé. L’ELMS est très important dans la pyramide. La série emprunte de très beaux tracés avec un format bien  adapté pour un coût raisonnable. On a pu voir qu’au Mans les teams venant de l’ELMS se sont tous très bien comportés. Des discussions sont en cours pour le cost capped en LM P2 du fait de l’arrivée des autos fermées. Il ne faut pas s’attendre à une révolution pour 2015. »

 Qu’en est-il de l’idée de terminer la saison FIA WEC au Mans ?

 « On y regarde dans le détail. Il y a des avantages et des inconvénients. Sur le papier, cela reste une bonne idée mais la grande difficulté est de savoir quand la mettre en place. On ne peut pas prendre le risque de déstabiliser le FIA WEC. Il faut assurer avant tout la stabilité. »

 Est-il prévu de changer le mode de sélection pour Le Mans compte tenu des désistements de cette année ?

 « Le mode actuel fonctionne très bien mais il fera toujours des contents et des mécontents. Il est vrai que nous sommes un peu surpris du nombre de désistements mais les effets de la crise sont là. Pour 2015, nous regarderons encore plus à prendre des équipes solides. Pour anticiper votre prochaine question, il n’est pas question de sélectionner les équipes sur la piste lors de la Journée Test. »

juliesueur_lm2014_essaislibres_045 Il faut s’attendre à des changements sur le circuit ?

 « Sur le Bugatti, peut-être le resurfaçage de la piste. On réfléchit toujours à construire de nouveaux stands, peut-être un ou deux de plus pour 2015. Il faut aussi penser que le bâtiment actuel des stands va avoir 25 ans. On peut donc réfléchir à quelque chose de plus ambitieux. L’ouverture du Porsche Experience Centre va aussi apporter du nouveau sur le circuit au niveau de Maison-Blanche. On a fait beaucoup de travaux cette année sur le plan de la sécurité mais on reste toujours en veille côté sécurité. »

 Pas de 56ème Garage en 2015 ?

 « Nous avons reçu plusieurs propositions intéressantes pour 2015. On en saura plus dans le courant du quatrième trimestre. Le 56ème Garage peut être une innovation technologique ou un constructeur qui vient se tester avant de passer en LM P1 comme peut le faire Nissan. Il y a un certain nombre de projets sur les nouvelles technologies. Pour 2016, il ne faut pas oublier Frédéric Sausset. Le plus gros obstacle pour le moment est une question de sécurité mais la confiance est de mise et il a tout le soutien possible de l’ACO. Cela fait partie des exploits du Mans. »

 Venons-en à la convergence GT. Le sujet reste d’actualité ?

 « Déjà il faut savoir plusieurs nouveaux constructeurs sont intéressés par une arrivée en GTE. Il y a un fort intérêt mais plutôt pour 2016. Le projet GT+ n’est pas mort mais il prend un peu plus de temps que prévu. Nous continuons les discussions sur la partie châssis. »

 

 

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