Nicolas Deschaux s’exprime peu dans la presse et il se fait rare sur les circuits français. Pourtant, il est à la tête d’une Fédération Française du Sport Automobile qui est régulièrement critiquée pour son inaction sur la partie circuit. Nicolas Deschaux nous a accordé un entretien exclusif pour parler de sport et non de politique, à un moment où le GT va connaître un nouveau départ en France la saison prochaine suite à l’arrivée des GT4.
La FFSA a compris qu’il fallait revoir la copie après une saison 2016 pour le moins compliquée ?
« La FFSA a analysé les problèmes rencontrés cette année suite à la faiblesse du plateau GT/Protos. Elle obéissait à deux éléments. Le premier était lié à la nature même du règlement avec un mélange GT/Protos. Après coup, l’analyse faite est que ce mélange a pu faire fuir des concurrents et ce mix n’a pas permis d’avoir le résultat escompté. Certes, le promoteur a tenté des choses mais cela n’a pas porté ses fruits. Le deuxième élément met en avant un paysage concurrentiel. Les formules sont nombreuses sur les circuits français : GT, F4, Peugeot 308, Renault Clio, Porsche Cup, Racecar, Coupe de France des Circuits, Twin’Cup, Caterham, MitJet, etc… Nous n’assistons pas à une sinistrose des formules. Les championnats internationaux se sont développés depuis quelques années et notre série a peiné à trouver son positionnement. Les séries GT3 sont très dynamiques avec une forte concurrence. »
Pourtant, le GT3 fonctionne parfaitement dans les autres pays…
« Ce n’est pas une remise en question du produit. En 2007/2008, il y a une prolongation du moratoire des GT1 au moment où les GT3 ont commencé à arriver. En parallèle, il y a eu une déclinaison par les constructeurs d’évolutions qui arrivaient quasiment chaque année. On a eu des discussions pour figer les véhicules, mais cela complique les choses pour les équipes qui ont un double programme. C’était donc compliqué de geler. J’ai demandé une réflexion sur le GT et j’ai pu observer les GT4 dans les rues de Pau. J’ai trouvé que le rapport coût/plaisir/visibilité était quasiment équivalent à celui du GT3. Le look entre GT3 et GT4 n’est pas éloigné. On veut maintenir une empreinte GT. Le GT est un vecteur d’attraction du public et les séries annexes l’ont bien compris. Le produit GT4 a de l’allure. Les constructeurs s’y impliquent de plus en plus et on sent un intérêt grandissant. »
Le changement de promoteur était inévitable ?
« ORECA n’a pas souhaité poursuivre en tant que promoteur en 2017. Stéphane Ratel a déjà été promoteur en France et la Commission a validé de structurer le GT autour du GT4. Comme je l’ai indiqué, l’ancrage du GT est fort en France. »
Il n’a donc pas été question d’abandonner le GT au profit de MitJet ou de Tourisme ?
« Il y a quelques années, la Silhouette n’a pas pu perdurer. Le GT a toute sa place et sa légitimité en France. De plus, la cohabitation Pro-Am est bonne. Cela n’a empêché d’avoir un championnat de Supertourisme. Nous travaillons actuellement le sujet des séries annexes. Nous aurons le GT et la Formule 4, qui sont deux piliers forts d’une vision GT et monoplace. Le promoteur a entamé des discussions avec d’autres séries. »
Le marché du LM P3 se développe. Un Championnat de France Prototype est dans les cartons ?
« Une réflexion est en cours sur le sujet, mais cela ne veut pas dire que quelque chose sera en place dès 2017. Une réflexion de fond est menée et il ne faut pas se tromper dans l’analyse du marché et du plateau. Nous en sommes juste au stade de l’investigation. Deux clés existent : le LM P3 ou des prototypes 2 litres. »
Si une telle série devait voir le jour, ce serait sur les mêmes meetings que le GT ?
« Les deux hypothèses sont à l’étude. Il faut un plateau fort sans déshabiller ce que l’on construit actuellement. Il faut avoir en tête les dates des différents calendriers. Si on met ce championnat en place, il doit fonctionner et être en accord avec ce que veut le consommateur. »
La filière Circuit existe ?
« Si on regarde par exemple les 24 Heures du Mans, on y voit que les pilotes français y sont présents avec succès. La FFSA a mis sur pied au début des années 2000 un engagement aux 24 Heures du Mans avec une Chrysler Viper et j’ai appuyé à cette époque ce projet. Les temps ont changé et les subventions de l’Etat pour le sport de haut niveau ont été réduites. La FFSA valide un parcours d’excellence avec le ministère des Sports pour le WRC et la F1. Ce sont les deux filières contractualisées avec l’Etat. En matière d’Endurance, il n’y a pas de parcours et je le regrette. D’une façon générale, les pilotes qui accèdent à l’Endurance sont passés par la monoplace avant de devenir pilote officiel en Endurance. Cette filière a encore plus de sens avec le développement du LM P3. On retrouve des pilotes de la MitJet en ELMS dans la catégorie LM P3. Ceux qui n’ont pas la filière monoplace ont des aiguillages vers l’Endurance ou le DTM. Le parcours bifurque. Il faut voir ce qui se pratique dans les autres pays. On peut y voir une certaine forme de similitude avec la France, mais je ne peux qu’être d’accord pour dire qu’une vraie filière Endurance aurait du sens. »