En 2012, le plateau de l’European Le Mans Series n’avait rien de transcendant avec une poignée d’équipes au départ à Donington. Deux ans plus tard, on compte près de 40 concurrents dans une saison qui s’annonce disputée dans les trois catégories. De quoi réjouir l’équipe de Le Mans Endurance Management qui a repris les choses en main avec le soutien de l’ACO. Du côté du FIA WEC, Silverstone et Spa ont permis de voir de belles choses.
Imola était l’occasion d’aller rendre une visite à Gérard Neveu, en charge des deux championnats labellisés ACO afin de connaître son sentiment sur ce début de saison mais aussi d’évoquer les différentes rumeurs entendues dans les paddocks ELMS et FIA WEC même si l’homme ne prête guère attention aux bruits de paddocks.
La satisfaction est mise concernant le plateau ELMS ?
« Avec près de 40 autos sur la grille, on peut dire que nous sommes globalement contents. Compte tenu des infrastructures, on ne peut pas dépasser le nombre de 40. L’état d’esprit général au sein du paddock est bon. Cela ressemble à ce que l’on avait imaginé. De plus, nous pouvons travailler en vue du futur afin de nous projeter vers 2015 et 2016. Les bases ont été posées par l’ACO. Il y a une vraie filière en Europe pour aller vers Le Mans et le FIA WEC. A titre d’exemple, Imola et Estoril sont des tracés qui plaisent aux pilotes. Ce sont des circuits qui ont une histoire et cela fait plaisir aux pilotes. »
L’avenir s’annonce donc sous de beaux auspices ?
« On regarde comment on peut faire évoluer le championnat. La première année, nous avons mis l’accent sur l’organisation. En 2014, il y a une vraie dimension sportive et pour 2015, nous mettrons en avant le public et les médias afin de faire des évènements complets. C’est comme un « petit » Le Mans qui fait le tour de l’Europe. »
Est-il prévu de mettre en place un second écran comme en FIA WEC ?
« Bien sûr qu’on le souhaiterait mais l’European Le Mans Series ne peut pas aujourd’hui supporter un tel investissement. Il nous faut déjà le recul d’une saison en FIA WEC pour voir où nous en sommes sur le sujet. Déjà, l’objectif pour 2015 est que l’ELMS soit la référence continentale. La qualité du plateau est telle que c’est plus facile d’impliquer les gens. »
Le fait d’être passé à quatre heures de course est une bonne chose ?
« Il n’y a pas de plainte sur le sujet mais il faut attendre la mi-saison pour tirer les premiers enseignements. On consulte les teams pour 2015. Le calendrier sera dévoilé à Estoril lors de la finale. Il faut s’attendre à quelques surprises pour cette dernière course de l’année car nous voulons un beau final. »
Beaucoup de fans se demandent pourquoi on ne pourrait pas avoir des courses communes FIA WEC/ELMS…
« Ce n’est pas possible d’un point de vue technique. Avoir 70 autos sur une même piste serait compliqué pour tout le monde. Les courses d’endurance font appel aux ravitaillements et cela ferait beaucoup trop de monde dans la voie des stands. Ce n’est absolument pas judicieux d’en arriver là. L’ELMS a une vraie identité et c’est comme qui dirait le cousin du FIA WEC avec les 24 Heures du Mans qui restent la référence absolue. Cependant, il faut être à l’écoute des compétiteurs quel que soit le championnat en place. On propose des choses aux équipes et on prend les décisions d’une façon collégiale. »
Le problème reste le coût. Il y a une vraie volonté de maîtriser les dépenses ?
« La conjoncture économique n’est pas évidente, c’est une certitude. La catégorie LM P2 plaît aux gentlemen. Les circuits font rêver et le calendrier que nous proposons reste compatible avec une activité professionnelle. Il y a toujours le souci des coûts. Beaucoup de gens font des sacrifices pour participer Un paddock complet représente de 700 à 800 personnes. Il faut que tout le monde prenne du plaisir. Le nombre de journalistes en salle de presse est un bon curseur et les chiffres sont en hausse. A l’instar du FIA WEC, le bébé grandit petit à petit. »
Après quelques soucis l’année passée, les 6 Heures de Spa ont donné satisfaction ?
« Cette année, tout a fonctionné comme il le fallait. Je crois qu’à l’unanimité, tout le monde a apprécié et nous les premiers. Spa a toute sa légitimité dans le championnat. On ne peut pas cacher que l’arrivée de Porsche combinée à la présence de Mark Webber a donné un souffle nouveau. A chaque nouveau constructeur un souffle nouveau. Il y a un ensemble de choses qui ont bien aidé à ce que ce soit une très belle fête, et notamment la météo. Le public a été plus nombreux et le beau temps de la partie. L’ACO développe la promotion d’une manière conséquente et de façon très ciblée. Audi est là, Toyota gagne et Porsche arrive. Le championnat prend de l’ampleur. »
L’arrivée de l’application FIA WEC est un vrai plus ?
« Le nombre de téléchargements est en avance sur le calendrier. L’application va maintenant se mettre sous peu d’elle-même en mode Le Mans. Les retours sont vraiment positifs et on ne peut que s’en féliciter. Le travail fourni par les différentes équipes a été colossal. Pour Le Mans, la couverture sera intégrale. L’application a un an pour s’installer. On regardera ensuite dans les moindres détails ce qui pourra être amélioré avant de faire des évolutions. C’est un vrai outil précieux. Comme on peut le dire d’une voiture de course, elle est bien née. Elle a été faite par des gens qui connaissent le sport automobile, ce qui est un vrai plus. »
Parlons des rumeurs. Il se dit que le FIA WEC pourrait aller à Montréal dès 2015. Qu’en est-il ?
« Si à chaque fois que l’on me voit discuter avec un responsable d’un circuit, une rumeur sort, alors il va y en avoir d’autres. Je ne peux pas commenter cette rumeur. Disons que les Français entretiennent de bonnes relations avec les Québécois. Le FIA WEC prend de l’ampleur et intéresse de plus en plus de circuits. Nous sommes en veille permanente dans le monde entier. Pour en revenir à Montréal, ce n’est pas un endroit en contradiction avec l’Endurance. »
De nouveaux constructeurs pointent le bout de leur nez en LM P1 ?
« De plus en plus de constructeurs se renseignent, s’intéressent et se rapprochent pour comprendre notre stratégie. Avec Pierre Fillon, nous voyageons beaucoup, et pas seulement sur des circuits. »
On a aussi entendu dire que les LM P2 et GTE-Am pourraient à l’avenir être exclus du FIA WEC pour laisser la place aux constructeurs. Info ?
« Ce n’est pas à l’ordre du jour. On ne peut pas nier que l’on a perdu des autos en LM P2 mais on devrait en retrouver. Cette saison, c’est un peu plus compliqué. »
Des équipes militent pour la suppression de la catégorisation en LM P2 et un titre de Champion du Monde FIA. Deux bonnes idées ?
« Une réflexion est en cours sur la catégorie LM P2. Il faut faire en sorte que la catégorie retrouve sa vraie place. »
N’y a t-il pas une crainte que le plateau FIA WEC diminue après Le Mans ?
« C’est la troisième année que nous discutons ensemble de ce sujet et jusque là les plateaux ont tenu. Il n’y a aucune raison que cela change cette année. Le fret ne se décide pas du jour au lendemain pour les équipes qui prennent des engagements. On ne fait pas du FIA WEC pour avoir un ticket pour Le Mans. Bien entendu, cela n’exclut pas les cas de force majeure. On espère avoir quelques autos supplémentaires sur la seconde partie de saison. »
On aura donc 56 autos au départ des 24 Heures du Mans ?
« Lotus a payé son inscription mais n’est pas prêt. Le cas est identique pour le Strakka Racing. Ce sont eux qui sont dans la difficulté. Ils n’ont pas réussi à le faire en temps et en heure. Millennium Racing avec Delta Motorsport ne manque pas de crédibilité. L’Endurance est leur vie. L’ACO n’est pas inquiète mais plutôt concentrée et très enthousiaste. »
Après deux manches FIA WEC, la satisfaction est de mise en LM P1 ?
« Le règlement est bien fait. L’ACO a mis en place un bon règlement qui va dans le bon sens. Les constructeurs ont fait du bon travail en étudiant de bonnes pistes. De plus, la catégorie LM P1-L ne demande qu’à être développée. Rebellion et ORECA ont fait du très bon travail et j’espère que d’autres vont arriver. L’heure de vérité sera Le Mans. Ce sera la course des grands. »
