Transfuge du FIA WEC où il reste sur une couronne mondiale en LM P2, Bertrand Baguette a fait le choix de l’exil au Japon en rejoignant les rangs du très réputé SUPER GT sur une Honda NSX Concept-GT/Epson Nakajima Racing partagée avec Daisuke Nakajima. Si le début de saison de la #32, seule GT500 équipée de pneumatiques Dunlop, a été quelque peu compliqué, la troisième place décrochée à Fuji a permis de redonner du baume au cœur à l’équipe dirigée par Satoru Nakajima. Malheureusement pour l’équipage, les 1000 km de Suzuka ont été agités avec un début d’incendie dès les essais puis quelques soucis en piste n’ont pas permis de faire mieux qu’une huitième place finale. Pourtant, le relais de départ du Belge permettait de nourrir de grandes ambitions.
Après avoir brillé en Europe puis sur le continent américain, c’est au Japon qu’il a réorienté sa carrière avec une intégration en douceur depuis le début de l’année. « Mon intégration au Japon s’est passé sans encombre » nous confie un Bertrand Baguette tout juste sorti d’une séance d’autographes où il s’est plié avec le sourire aux nombreuses demandes des fans. « J’ai de suite été bien accueilli par la famille Nakajima qui m’a toujours mis dans de bonnes conditions. C’est primordial pour que la découverte de la culture japonaise. Cela fait un bon moment que je regardais de près les différentes opportunités mais les places sont chères. J’ai été contacté par le team Nakajima à Bahrain l’année passée et tout s’est enchaîné. »
Si le Belge a remporté le titre mondial LM P2 dans une catégorie qui fait la part belle à l’association Pro-Am, c’est tout l’opposé en GT500 : « Le championnat est très professionnel avec trente pilotes payés pour courir. Il y a trois marques, quatre manufacturiers pneumatiques, le tout dans une compétition très relevée. »
Habitué au pilotage d’une monoplace ou d’un prototype, « BB » a dû s’habituer à avoir un toit : « S’habituer au pare-brise n’a pas été aussi facile que l’on pourrait le croire, notamment lorsqu’il pleut. J’ai connu cette situation à Sugo avec une météo très changeante. Pour le reste, les GT500 sont de vrais prototypes avec une grosse charge aéro. La vitesse max en ligne droite est incroyable. L’ensemble moteur/boîte de vitesses est plus performant qu’une LM P2. »
En SUPER GT, l’aspect pneumatique est plus important qu’ailleurs, ce que ne dément pas le rookie belge : « On a une vraie guerre entre les différentes marques de pneus. Nous sommes la seule auto du plateau à rouler en gommes Dunlop. Les moyens sont mis pour ne pas se faire distancer par la concurrence. L’avantage est que l’on roule beaucoup, ce qui pour moi est un gros point positif. Certaines conditions conviennent très bien aux Dunlop. »
Pour ses débuts en SUPER GT, le Belge n’a pas vraiment de pression : « Je fais mon maximum et cette première saison est faite pour apprendre. Le meilleur résultat de l’équipe était une 9ème place en 2013 et là nous avons déjà un podium. Les chronos sont bons et je prends beaucoup de plaisir à être au Japon. Certes, la barrière de la langue peut être un problème, mais par chance mon coéquipier parle anglais. Je passe de plus en plus de temps à Tokyo et je vais apprendre la langue durant l’intersaison. »
Son statut de pilote soutenu par un constructeur lui offre la possibilité de se concentrer sur son pilotage : « Lorsque tu roules dans une équipe privée, il faut à chaque fin de saison aller à la chasse aux partenaires. De plus, on est dépendant de l’équipe qui peut se réorienter ou tout arrêter. Ma relation avec Honda est bonne et je sais qu’il y a une possibilité de faire carrière au Japon. En 2015, j’espère bien cumuler avec la Super Formula. En fin d’année, je connaîtrais tous les tracés. »
L’ancien pilote IndyCar et World Series by Renault compte bien prouver qu’il est toujours possible de rebondir en monoplace : « Après le titre LM P2 et la victoire aux 24 Heures du Mans, je n’ai pas pu trouver de volant en LM P1. Le SUPER GT me permet de poursuivre dans un championnat très relevé. J’avais fait une croix sur la monoplace mais j’espère bien avoir un double programme la saison prochaine. Quand on voit ce qu’a fait André (Lotterer), pourquoi pas aller en Formule 1 (rires)… »