Croyez-le ou non mais il aura fallu attendre le samedi 9 juillet 2016 pour pouvoir boucler un tour du grand Circuit des 24 Heures du Mans. En revanche, il n’aura pas fallu longtemps pour accepter l’invitation de Ford France et d’Olivier Pla pour accepter ce tour entre deux plateaux du Mans Classic au coucher du soleil.
Pas de question d’utiliser la Ford GT dans sa version GTE même si l’auto était exposée au sein du paddock, mais bien une Ford Focus. Rien que le mot Focus pourrait faire fuir tout passionné de sport automobile. Ma seule expérience sur circuit en Ford Fous (break) remonte à décembre dernier sur le tracé de Lédenon en compagnie de David Zollinger où j’avais pu constater tout ce que l’on pouvait faire avec une bonne vieille Focus qui a terminé la journée avec des pneus carrés.
Exit la Focus break pour laisser place à une Focus RS de troisième génération propulsée par un moteur EcoBoost 2.3 litres développant 350 chevaux pour une vitesse maximale de 266 km/h. Pour sa sportive cinq portes à 40 000 euros, Ford a préféré laisser une boîte de vitesses manuelle à six rapports. On est loin d’un intérieur luxueux d’une Audi, BMW ou Mercedes mais qu’importe…
Rendez-vous était donc pris samedi à 21h en bas du module sportif du Circuit des 24 Heures du Mans avec Olivier Pla, pilote Ford Chip Ganassi en FIA WEC qui mène la Coupe du Monde des Pilotes GT de la FIA. On ne va pas vous refaire le palmarès du Toulousain qui fait partie du cercle très fermé des meilleurs pilotes d’endurance de la planète.
On se demande bien ce qu’une Focus cinq portes va nous réserver. Première étape, il faut mettre un casque. Un casque pour un tour de Focus ? Ah oui c’est vrai elle fait 350 chevaux. On s’exécute et on s’installe dans un siège Recaro au maintien parfait digne d’un baquet de rallye.
Il n’est pas question de faire péter un chrono sur les 13,629 km du tracé manceau surtout que l’on va partir derrière un groupe de BMW et devant une meute de Ford. Sauf que comme pour un tour qualif, l’idée est de laisser partir le groupe de devant pour faire un écart et surveiller celui de derrière où l’on retrouve une Mustang. Le chef Chaudard appellerait cela “faire la tenaille”. Manquerait plus que l’on s’immisce dans la parade BMW avec une Focus.
Comme aux 24 Heures du Mans, il faut patienter au bout de la voie des stands jusqu’au feu vert. Bien entendu, notre pilote d’un jour a enclenché le mode ‘track’ pour ce tour. A noter que la Focus RS dispose d’un mode ‘drift’. Une fois les BMW parties, on s’élance via le launch control qui permet une accélération proche d’une voiture de course et le temps d’activer le mode vidéo du téléphone, on est déjà en approche de la Dunlop. Malheureusement, des drapeaux jaunes (des commissaires travaillent sur le bord de piste) ralentissent déjà notre tour. Dès la passerelle franchie, plein gaz dans la descente avec une Focus complètement rivée sur le sol malgré le passage sur les vibreurs. Une petite “glissouille” parfaitement maîtrisée avant le Virage du Tertre Rouge nous fait entamer la ligne droite des Hunaudières à vive allure avec un pilote qui reste cool. Les mots d’Olivier avec le sourire “on doit pouvoir prendre 250 km/h dans la deuxième partie” me laisse pantois. On est loin de la Focus de la ménagère de 50 ans. Le ralentisseur Forza Motorsport vous “saute à la gueule” et vous rappelle que vous n’êtes pas dans un jeu vidéo. Le freinage se veut tardif et puissant grâce aux disques ventilés de 350 mm et d’étriers aluminium monobloc Brembo à quatre pistons. Là aussi, passage sur les vibreurs à vive allure et c’est reparti pour une ligne droite jusqu’au ralentisseur Michelin. Notre Focus est d’ailleurs équipée de pneus Michelin Pilot Super Sport en 235/35 R19.
La transmission intégrale conçue par Ford Performance permet une accélération latérale supérieure à 1G. Pas mal notre familiale. On flirte bien avec les 250 km/h en arrivant à Mulsanne avec un gros freinage à la clé. Allo ? Il est temps de freiner. “Avec la Ford GT, je freine à ce repère” lance Olivier. Ah oui quand même ! En ski, il y a le planter de bâton, en sport automobile, il y a le regard. On n’ose à peine imaginer ce que vivent les pilotes en arrivant à Mulsanne au beau milieu du trafic : anticiper la virage et contrôler ce qui se passe autour.
On comprend mieux pourquoi les pilotes apprécient le passage dans la forêt à la tombée de la nuit. Sauf que l’instant est trop court et la portion Indianapolis/Arnage arrive très vite avec une Ford dont l’échappement ne demande qu’à pétarader. Les spectateurs sont massés sur la butte si bien qu’on se prend à rêver que l’on est en course.
Malheureusement, les drapeaux jaunes nous empêchent d’arriver à pleine vitesse dans les Virages Porsche et plombent notre tour qualif. Le relais en piste fut court mais intense.
Si vous croisez dans la rue une Focus cinq portes équipée d’un aileron, ne croyez pas que c’est un fan de tuning et respectez cette bonne familiale, mais attention car n’est pas Olivier Pla qui veut…