Jamais un plateau des 24 Heures du Mans n’aura connu autant de rebondissements avec un dernier forfait à une semaine de la course. Pour beaucoup d’équipes, les budgets sont de plus en plus serrés, et nous ne sommes pas à l’abri de quelques autres forfaits d’ici la fin de l’année dans divers championnats.
Les partenaires sont durs à trouver sans compter la possible casse. Cela ne vous aura pas échappé qu’une voiture de course coûte beaucoup d’argent. On ne parlera pas des LM P1-H, mais à titre d’information, une LM P2 coûte environ 370 000 euros, soit un peu plus qu’une GT3. En GTE, il faut compter environ 500 000 euros pour une Ferrari F458 Italia et près d’un million pour une Porsche 911 RSR, ce à quoi il faut rajouter les frais annexes. Demain, le vainqueur de Roland Garros empochera 1 650 000 euros. Idem aujourd’hui pour la vainqueur du tournoi féminin. Les perdants du premier tour sont repartis avec 24 000 euros chacun. On est loin des sommes distribuées en Endurance.
Après vous avoir éclairé il y a quelques semaines sur le coût d’une saison en LM P2, nous avons enquêté sur le domaine de l’assurance. Un cruel dilemme pour bon nombre de pilotes et d’équipes.
« En cas de casse, il y a une franchise à payer » nous explique un pilote engagé cette année en LM P2 aux 24 Heures du Mans. « On roule toujours avec une épée sur la tête car une sortie de piste peut être synonyme de gros problème. On ne peut pas nier que l’on peut être amené à rouler un cran en-dessous compte tenu des conséquences. C’est à nous de trouver des solutions. La franchise à payer est de 25 000 euros jusqu’à 140 000 euros de dégâts. Quand on sait que la moindre pièce en carbone coûte 25 000 euros… Si les dégâts sont supérieurs à 140 000 euros, on repart avec 25 000 euros en sus, et ainsi de suite. Auparavant, on pouvait racheter la franchise, ce qui n’est plus possible. Pour faire court, on est amené à trouver des partenaires pour payer la casse sachant qu’il n’y a pas d’enquête pour déterminer les responsabilités. » A titre de comparaison, la franchie en GT3 est de 20 000 euros.
« Cela coûte tellement cher qu’il en devient compliqué de trouver une assurance » poursuit notre pilote LM P2. « Il y a même des équipes qui n’assurent pas les autos. Le sport automobile est comme une drogue. C’est créateur d’adrénaline et il est difficile de s’en passer. »
Concernant les voitures de course, le prix des assurances est là aussi pour le moins élevé. Le coût d’une saison European Le Mans Series et Le Mans est d’environ 850 000 euros, contre 550 000 à la Blancpain Endurance Series et 24 Heures de Spa.
« Les compagnies d’assurance qui prennent en charge les véhicules de compétition se font de plus en plus rares » nous indique un patron d’équipe. « On en trouve seulement deux à trois qui sont fiables. Il faut donner le prix du neuf de l’auto et la somme à couvrir. Le montant dépend de la somme à rembourser. On peut aussi prendre une assurance qui couvre la totalité du véhicule. La franchise reste la responsabilité du pilote. En fonction de la casse, la prime augmente. »
Pour faire une déclaration à l’assurance, il faut déjà un papier de la direction de course qui certifie la sortie de piste. Même chose pour le pilote au volant qui doit certifier qu’il était au volant. Il faut ensuite prendre la photo de l’auto accidentée mais aussi de l’avancement des travaux. L’équipe doit ensuite recenser les pièces à rembourser avec la possibilité d’y inclure la main d’oeuvre (en option). Par exemple, le constructeur peut travailler sur le châssis, ce qui peut être pris en charge. Un expert analyse le tout avant de déterminer l’indemnisation.
« En trois ans, la cotisation est passée de 60 000 à 100 000 euros pour une LM P2 » nous explique le propriétaire d’équipe. « La franchise est plus élevée aux 24 Heures du Mans car elle passe à 35 000 euros. »
Nous poursuivrons sous peu avec l’assurance personnelle des pilotes avec le concours de Racecare.