Charismatique, emblématique, icône. Trois mots qui vont comme un gant au Dr Wolfgang Ullrich. Le patron d’Audi Sport tire sa révérence au moment où la marque aux quatre anneaux referme le chapitre LM P1 qui dure depuis 1999. On a encore mémoire les 24 Heures du Mans 2000 où le public allait déjà à sa rencontre pour un autographe à une époque où Internet n’en était qu’à ses balbutiements et Endurance-Info était encore loin d’exister. « Un autographe ? » lâchait le Dr tout sourire devant une dizaine de personnes. « Mais ce n’est pas moi le pilote. C’est vers eux qu’il faut aller. » Il est comme ça le Dr. Au fil du temps, on a appris à l’écouter, à le questionner et même à trinquer. Avec le Dr Ullrich, pas de chichi ni de ronds de jambes.
Les 6 Heures de Bahrain ont marqué le dernier rendez-vous d’Audi Sport avec un doublé à la clé. « Il ne fait aucun doute que cette dernière course, et plus spécialement les deux dernières après l’annonce du retrait, ont marqué la fin d’une époque » a déclaré le Dr Wolfgang Ullrich à Sportscar365. « Sachant ce que cela signifiait pour tout le monde, l’équipe toute entière était très motivée pour en tirer un bon résultat. Et ce qui nous est arrivé à la fin était la meilleure chose qui pouvait nous arriver. Etant donné que c’est la fin d’une époque, tout le monde a vécu un dernier week-end de course positif et c’est quelque chose de très, très positif. »
Tout au long de la saison, l’Audi R18 s’est montrée compétitive mais la fiabilité a causé quelques soucis. « Nous avions une voiture qui a été en mesure de gagner durant toute la saison » a souligné le Dr Ullrich. « Mais c’était différent de la plupart des années précédentes. Nos voitures n’ont pas été aussi fiables avec plusieurs pépins en cours de saison. De plus, nous avions l’inconvénient d’avoir une motorisation diesel avec une capacité de réservoir plus petite. Nos adversaires ont pu gérer les FCY en gagnant du temps face à nous. Le niveau de la compétition a fait que les courses ont été disputées en se jouant à la seconde. Au moins à deux reprises cela a joué en notre défaveur. »
Audi Sport part de l’Endurance la tête haute avec le sentiment du travail bien fait. Avec 13 victoires aux 24 Heures du Mans, il est difficile de penser le contraire. Le Dr Ullrich retient une certaine fierté de la victoire en 2000 avec la R8.
« Je pense qu’un gros pas en avant a été fait en 2006 avec le moteur diesel qui a de suite été capable de gagner » se souvient le Dr Ullrich. « Notre première victoire à Sebring, nous l’avons toujours en tête. Et puis, il y a Le Mans 2011 avec deux gros accidents pour Allan McNish et Mike Rockenfeller, et une seule auto en piste à minuit avant de gagner. Je pense que ce sont des éléments clés en plus de beaucoup, beaucoup de bons souvenirs. »
Audi Sport a toujours été pionnier en Endurance, ce qui a permis une présence sur le long terme qui ne peut être battue que par Corvette Racing. « Pour moi, les programmes passent par une ligne à respecter » a confié le Dr Ullrich. « Il s’agissait toujours de nouvelles technologies pertinentes pour les voitures de route. C’est ce qui a donné un nouvel élan au projet. La première voiture était sous-motorisée, mais la R8 est alors arrivée avec le premier moteur turbo essence à injection directe qui est une technologie que nous avons apporté dans nos voitures de route. Nous avons aussi amené les premières voitures hybrides, donc nous avions toujours des technologies à utiliser. Il y avait une raison de poursuivre, ce que Audi a fait. »
L’avenir va maintenant passer par le DTM et la Formula E.
« Nous savons tous que c’était une chose unique qu’une équipe pouvait être capable de faire à un niveau si élevé durant tant d’années » a déclaré Ullrich. « Passer à travers différents niveaux techniques de voitures de sport a beaucoup changé les choses. Quelle que soit la technologie utilisée, l’équipe a toujours été en mesure de faire quelque chose de bien. C’est une chose très particulière. Vous avez certainement vu les notes que nous avions sur la voiture avec le nombre de courses et de victoires au Mans. C’est une histoire très, très spéciale. Tout le monde est fier d’avoir fait partie de l’équipe. La chose positive est que nous avons connu une bonne fin. »