Avouez que le titre est un peu fort surtout que rien ne permet de dire aujourd’hui que le nombre de constructeurs impliqués en GTE va fortement augmenter à l’horizon 2020, soit lorsque les nouvelles règles GTE devraient entrer en scène. Les prochaines saisons s’annoncent stables avec tout de même deux changements à noter en 2017 : les autos présentes cette année en GTE-Pro seront éligibles en GTE-Am. Les GTE devront être équipées d’une lampe médicale qui devra fonctionner durant toute la course. Ce nouvel élément sera visible à travers le pare-brise et positionné de chaque côté du tableau de bord à proximité des interrupteurs d’extincteur et de déconnexion de transmission.
Alors qu’est ce qui pourrait faire venir en masse les constructeurs en GTE ? Un seul mot à cela : convergence. Porsche et Ferrari ont jusque-là refusé cette convergence que plusieurs marques engagées en GT3 ont souhaité. L’idée doit revenir sous peu sur le devant de la scène afin de ne pas laisser Aston Martin, Corvette, Ferrari, Ford et Porsche en découdre sans leurs petits camarades.
Ford a prolongé le bail jusqu’en 2019, Ferrari fait débuter sa 488, Aston Martin a une auto sur le déclin, Corvette se refuse à rouler sur la scène mondiale en GTE-Pro et Porsche met la touche finale à sa 991 GTE qui devrait garder son moteur atmosphérique.
Convergence GT, je t’aime moi non plus…
Si la convergence GT devait aller à son terme, les constructeurs pourraient s’appuyer un peu plus sur leurs modèles GT3 pour les ‘upgrader’ en GTE. BMW n’a pas attendu pour lancer la chose, mais seulement sur le programme américain puisque la M6 GTLM n’est pas homologuée en FIA WEC. La marque bavaroise a souvent été ‘borderline’ en GT au cours des dernières années, aussi bien avec la M3 qu’avec la Z4. Pourtant, c’est bien BMW qui est le plus proche d’arriver en GTE dès 2018, peut-être avec quelques certitudes pour les années suivantes.
La catégorie GTE est le terrain de jeu des constructeurs, contrairement aux GT3 qui sont dédiées à la compétition-client. Une marque est présente en GTE pour montrer son savoir-faire et en GT3 pour vendre des autos. Dans les deux cas, une BOP rappelle que tout le monde doit avoir une chance de l’emporter sur la grille de départ. Le trait est un peu grossier, mais si vous ôtez les assistances au pilotage et le développement moteur d’une GTE qui coûte horriblement cher pour finalement être bridé, une GT3 ferait bien l’affaire. Imaginez la grille de départ des 24 Heures du Mans : Acura, Aston Martin, Audi, Bentley, BMW, Ferrari, Lamborghini, Lexus, McLaren, Mercedes, Nissan, Porsche. Reste le cas de la Ford GT à régler qui s’apparente plus à un prototype qu’à une GT. Un vrai titre mondial GTE serait alors obligatoire. Attention tout de même car un engagement en FIA WEC est loin d’être gratuit pour les équipes.
Parmi les constructeurs présents en GT3, certains sont prêts à appuyer sur le bouton. Il se dit même que Lamborghini a déjà appuyé même si Giorgio Sanna, patron de Squadra Corse, nous a répété à de multiples reprises depuis le début de l’année que la marque italienne se contentait très bien du GT3 et du Super Trofeo. Pour le moment, on peut le croire, mais qu’en sera-t-il à l’avenir… On voit mal Stefano Domenicali se contenter de faire de la compétition-client sur le plus long terme. Une fois que Nissan et McLaren auront remplacé la GT-R et la 650S GT3, la prochaine étape pourrait bien s’appeler GTE. Idem pour Bentley et Aston Martin. Il n’y a que ces quatre marques qui peinent à trouver des clients en GT3 malgré de bons produits.
Pour avoir régulièrement des discussions autour d’un café avec les différents acteurs du GT3 (discussions qui restent autour d’un café), on peut vous assurer que Le Mans est dans toutes les têtes, mais pas à n’importe quel prix. Débarquer avec une GTE en phase avec la réglementation actuelle demande énormément de moyens pour un retour sur investissement proche de zéro vu le peu d’autos en piste et le peu de championnats où les autos sont éligibles. Le temps de la Porsche 996 GT3-RS est révolu. Par chance, Porsche peut compter sur Proton pour avoir signé un gros chèque pour les 911 RSR. Rouler en GTE-Pro n’est possible que dans deux championnats à travers le monde. Vendre un tel projet à un Board n’est pas facile. Aston Martin en fait les frais avec un programme qui repose essentiellement sur des fonds privés, qui plus est avec une Vantage en fin de carrière.
Le manque de nouveaux constructeurs en LM P1 peut donner un souffle nouveau au GTE…
Le manque de nouveaux constructeurs en LM P1 peut aussi motiver la convergence GT à aller à son terme. Qui à ce jour peut mettre autant de moyens que Porsche pour un projet entièrement nouveau ? Audi pense (très fort) à l’hydrogène, Toyota espère bien conjurer le sort au Mans en 2017 avec une 3ème auto quand la concurrence n’en disposera que de deux. Peugeot se verrait bien revenir mais pour cela le budget de fonctionnement doit être revu à la baisse. Il suffirait qu’un des trois en place tire sa révérence fin 2017 pour que le GTE se voit renforcé. Le LM P2 plaît mais le fan veut s’identifier à un vrai modèle, ce qui est loin d’être le cas des LM P1 actuelles qui ne gagneraient aucun prix sur un concours d’élégance. La piste GTE est donc suivie de près par beaucoup de marques.
L’ACO et la FIA n’ont jamais voulu entendre parler de GT3, ce qui n’est pas pour déplaire à Stéphane Ratel, seul inventeur du concept. Tout le monde (et nous en tête de liste) a encore en mémoire les monstrueuses GT1 de la fin des années 90 capables de tourner en 3.35 mn sur un circuit du Mans long de 13,605 km à l’époque. Certes, il faut vivre avec son temps et les nouvelles technologies prennent le pas sur le reste. Pourtant, le SUPER GT arrive à avoir des autos démoniaques et des luttes à couteaux tirés avec des prototypes typés GT au niveau des carrosseries. Cela permettrait par exemple à Bugatti de revenir en compétition.
En attendant, la grille des 24 Heures du Mans 2017 devrait être semblable sur un plan comptable sachant tout de même que l’on voit très mal Porsche ne faire rouler que deux autos face aux quatre Ford GT.
Ferrari 488 GTE ou 458 GTE en 2017 en GTE-Am ?
C’est du côté du GTE-Am que les choses pourraient bouger dès 2017. Ford n’a pas l’intention de vendre sa GT aux gentlemen, contrairement à Ferrari qui aimerait bien que ses clients passent de la 458 à la 488. Dès la saison prochaine, les nouvelles GTE seront éligibles dans les différents championnats en GTE-Am : FIA WEC, ELMS, AsLMS. Les différents modèles vont donc cohabiter une saison sachant que seule la 488 est une toute nouvelle auto. Les Aston Martin, Corvette et Porsche ne recevront que les évolutions vues cette saison en GTE-Pro même s’il sera possible de garder la monture actuelle. L’équation à résoudre est simple et compliquée à la fois : acheter une Ferrari 488 GTE avec le risque de se faire brider et donc d’être en concurrence directe avec la 458 GTE, garder la 458 GTE et peiner à réunir un équipage quand on sait que les gentlemen aiment bien les nouveaux produits. Pour mettre les modèles GTE-Am (sauf la Ford) au goût du jour, il faut changer splitter avant, diffuseur, bas de caisse, aileron.
Le sujet GTE n’a pas fini de faire parler dans les prochaines années et il ne reste plus qu’à attendre de voir si les partisans de la convergence GT vont arriver à leurs fins. Si tel devait être le cas, le paysage GTE pourrait s’en trouver complètement modifié mais il restera à régler l’épineux dossier qui tient en trois lettres : BOP. Ceci est une autre histoire dont nous reparlerons forcément avant 2020…