Avec près de 4000 km bouclés depuis sa mise sur la piste, le développement de l’ORECA 07 suit le planning établi. Quatre constructeurs sont retenus pour 2017 et ORECA Technology se doit de proposer à ses clients une LM P2 la plus aboutie possible. La 07 se veut plus affinée et plus racée que sa devancière. Ne voyez surtout pas une 05+ dans cette 07 qui va arpenter les circuits mondiaux dès janvier prochain. Le cap des dix ORECA 07 sera sans aucun doute dépassé dès sa première année de compétition. David Floury, directeur technique, est revenu avec nous sur cette ORECA 07 qui reste le produit le plus abouti du constructeur varois à ce jour.
Le développement de la 07 suit son cours ?
“Nous avons bouclé à ce jour plus de 3800 km sans rencontrer le moindre problème majeur. Les pilotes ont effectué de longs runs avec plus de 1050 km couverts en une journée de 7 heures.”
L’ORECA 05 n’a connu que deux saisons. Ne valait-il pas mieux attendre pour passer directement à la 07 après la 03 ?
“Après la 03, il n’y avait pas le choix, il fallait une nouvelle auto. Elle était encore performante, mais c’était compliqué de garder les clients avec une auto ouverte. De plus, il fallait maintenir une activité constructeur. La 05 a été lancée fin 2014, ce qui nous a donné suffisamment de visibilité sur les règles 2017. La 05 a encore un bon coup à jouer en Asie.”
La 05 a encore prouvé sa compétitivité cette année…
“Elle sort de deux belles saisons et il n’y a aucun regret à avoir. L’avantage est que les clients vont pouvoir investir dans un kit s’ils le désirent. L’amortissement s’en retrouve facilité.”
On remarque au premier coup d’oeil que les quatre constructeurs ont choisi des solutions radicalement différentes….
“L’étude de la 07 a débuté à l’issue des 24 Heures du Mans 2015. L’avant-projet a permis d’explorer les directions et de fixer les objectifs en travaillant à 360°. La mission était d’avoir la performance sans idée arrêtée. Chaque décision prise sur la 07 devait montrer un bénéfice clair. Il ne faut pas oublier que les LM P2 sont exploitées par des équipes privées. La 07 est le projet le plus abouti avant le prochain. Nous tenons à impliquer nos clients avec qui nous échangeons quotidiennement. Le produit fini doit être conforme à ce que veulent les équipes. Tous nos clients ont un support identique.”
“La 07 a quelques concepts aéro qui vont à contre-courant. Cela ne servait à rien de suivre un phénomène de mode. On a eu des discussions pour se dire ‘pourquoi on ferait comme ça ?’ Chaque projet a ses objectifs.”
ORECA n’utilise pas de soufflerie. Est-ce un handicap ?
“Je sais que cela a de quoi surprendre. Nous avons développé notre propre méthode. La 03 était compétitive, la 05 également. Une soufflerie permet de travailler sur une maquette à échelle réduite. Cela ne permet pas une photo exacte de la piste. Peu de constructeurs développent une auto en CFD avec nos résultats. Les résultats en CFD tombent chaque jour. ORECA développe son savoir-faire en interne. C’est en grande partie la même équipe qui a conçu les 03, 05 et Rebellion R-One. Le socle est le même.”
Selon vous, les nouvelles règles LM P2 vont permettre à la catégorie de franchir une nouvelle étape ?
“Le niveau des équipes a clairement monté. Le P2 de maintenant est le P1 privé des années passées. Les équipes P2 sont professionnelles. Aucun compromis ne peut être fait quand on conçoit une toute nouvelle auto. Toutefois, s’appuyer sur la 05 a permis d’accepter certains compromis. Nous ne sommes pas partis d’une feuille blanche même si la 07 est équipée de plus de 50% de nouvelles pièces. Il faut aussi tenir compte de la puissance moteur supplémentaire. Un gain de 100 chevaux n’est pas à prendre à la légère. Nous avons travaillé sur le poids pour avoir une auto la plus légère possible.”
La puissance des autos est plus compliquée à apprivoiser pour un constructeur ?
“Il ne faut pas seulement voir un gain moteur. Le gain sur le châssis est important. L’objectif était de continuer sur la lancée de la 05 qui a clairement été la LM P2 qui a dominé la saison avec sept succès en FIA WEC sur neuf courses et quatre sur six en ELMS.”
Avoir quatre constructeurs est positif ?
“Je n’ai pas d’avis tranché sur le sujet. Certains auraient préféré plus de diversité. Ce qui est sûr, c’est que le moteur proposé répond clairement aux attentes. Il y a un modèle économique à respecter. ORECA n’a pas un mécène qui finance, il faut donc être à l’équilibre économique.”
Le DPi aux Etats-Unis reste d’actualité ?
“Plus que jamais ! ORECA adore les Etats-Unis et nous croyons dans le championnat IMSA. Cependant, nos discussions sont pour 2018. Le timing était trop serré pour 2017 et il n’était pas question pour ORECA de faire le moindre compromis. On préfère avoir une bonne P2 en 2017, disputer une bonne saison et relever le défi du DPi en 2018.”
ORECA reste à l’écoute du LM P1 privé ?
“Bien entendu, on aimerait avoir un projet. Il faut en premier lieu avoir de la visibilité et des perspectives d’avenir. C’est compliqué de trouver la bonne place entre LM P1 et LM P2. Rebellion a eu le mérite d’investir et c’est bien dommage que personne n’ait rejoint la classe en plus de ByKolles.”