Comme en GT500, le verdict est tombé lors de la huitième et dernière manche du SUPER GT en GT300. Dernière manche donc, mais cela fut l’occasion d’une première, le premier titre pour une « Mother Chassis », la Toyota 86 MC n°25 du Vivac Team Tsuchiya, Takeshi Tsuchiya et Takamitsu Matsui décrochant le titre pilotes et l’équipe le titre teams.

Avant de faire le bilan de la saison, revenons un instant sur le déroulement de cette dernière manche qui a donné lieu à un affrontement superbe entre les deux principaux prétendants à la couronne, la Toyota 86 MC n°25 et la Toyota Prius apr n°31, une Mother Chassis et une hybride.

Yuichi Nakayama avait réalisé la pole position avec la Toyota Prius mais c’est son équiper Koki Saga qui prenait le départ. Il conservait la première place en dépit d’une attaque très incisive de Haroki Kurosawa (Mercedes-AMG GT3 Leon Racing n°65), alors que Manabu Orido (Lamborghini Huracan JLOC n°88) avait gardé sa troisième place

La Toyota 86 MC n°25 de Takeshi Tsuchiya -leader du classement avant le départ- et la Porsche 911 GT3 R Gulf n°6 perdaient du terrain en ce tout début de course, au contraire de la BMW M6 Goodsmile n°4 de Tatsuya Kataoka et de la Subaru BRZ R&D Sport n°61 de Hideki Yamauchi qui se rapprochaient de la tête de la course.

Derrière le quintette formé par la Prius, la Mercedes-AMG, la Huracan, la BMW et la Subaru, un deuxième groupe comprenant une dizaine de voitures ferraillait dur également, emmené par la Porsche Gulf et la Toyota 86 MC Upgarage Bandoh n°18 de Yuki Nakayama. Les pilotes de la Toyota Prius pouvaient commencer à espérer un renversement de la situation en leur faveur à cet instant de la course. Dans le groupe de tête la première défaillance venait de la Lamborghini de Orido. Après s’être rapprochée de la Mercedes-AMG GT3 de Kurosawa, la Huracan connnaissait des problèmes de transmission et devait regagner le stand. Bien qu’ayant perdu plusieurs places et roulant en dixième position, Tsuchiya et sa Toyota MC ne semblait pas plus inquiet que cela, bien qu’à ce moment Saga et Nakayama soient théoriquement champions.

Le Vivac Team Tsuchiya adoptait une stratégie de course particulière. Il faisait stopper Tsuchiya dès le 15ème tour, celui-ci passant le relais à Takamitsu Matsui qui repartait sans que les pneus de la Toyota MC aient été changés. Le pitstop avait duré une vingtaine de secondes, alors qu’un changement de pneumatiques aurait porté l’arrêt à quarante secondes. Le gain de temps était important. Kurosawa s’était également arrêté dans ce même 15ème tour, mais on avait changé les pneus arrière de la Mercedes, si bien que Matsui se trouva tout de suite dans les roues de la voiture de Naoya Gamou qui avait relayé Kurosawa. Les pneus de la Mercedes n”étaient pas encore en température et la Toyota n°25 passait facilement,

Le leader Koki Saga, remplacé par Yuichi Nakayama stoppait peu après la mi-course et, afin de contrer la stratégie du Team Tsuchiya, le Team apr décidait également de conserver les mêmes pneumatiques. Une fois tous les changements de pilote effectués, Matsui qui avait haussé considérablement le rythme était en deuxième position derrière la Prius. Les Yokohama que Saga avait ménagés en début de course étaient toujours en bon état et Matsui se rapprochait très vite de Nakayama dont les Bridgestone semblaient moins bien supporter la distance, et au 34ème tour Matsui dépassait la Prius, prenant ainsi une sérieuse option sur le titre. Nakayama s’accrochait tant bien que mal et restait à proximité de la voiture du leader, mais jamais en position de pouvoir l’attaquer. Derrière Matsui et Nakayama, quatre voitures étaient en lutte pour la troisième place : la Mercedes de Gamou, l’Audi R8 LMS Taisan SARD n°26 de Tsubasa Kondo, la BMW Goodsmile n°4 de Nobuteru Taniguchi et la Nissan GT-R NDDP n°3 de Jann Mardenborough. La Mercedes capitulait à dix tours de l’arrivée et rentrait au stand. L’Audi baissait de rythme peu après et à trois tours de l’arrivée Taniguchi et Mardenborough entraient en contact. La Nissan était endommagée, tandis que la BMW pouvait continuer sa route et prendre la troisième place à l’arrivée.

A l’avant, Nakayama tentait un ultime forcing mais, comme Kovalainen en GT500, Matsui tenait àla victoire alors que la deuxième place aurait suffi pour le titre et il conservait neuf dixièmes d’avance sous le drapeau à damiers.

Une saison réussie

Comme pour le GT500, la saison de la catégorie GT300 a été un bon cru, que ce soit qualitativement ou quantitativement.

Diversité

Près de 30 voitures étaient au départ de chacune des huit courses, et toutes de très bonne facture. Le plateau était caractérisé par une grande diversité, puisque riche de 12 modèles différents : Toyota 86 MC, Toyota Prius, Mercedes-AMG GT3, Audi R8 LMS, Porsche 911 GT3 R, Nissan GT-R GT3, Lamborghini Huracan, BMW M6 GT3, Subaru BRZ, Ferrari 488 GT3, Lexus RC F GT3 et Lotus Evora MC.

Ces voitures étaient équipées par trois manufacturiers pneumatiques différents. Yokohama se taillait la part du lion, en fournissant des pneus à 23 des 28 voitures au départ de la huitième et dernière manche à Motegi, contre 4 à Dunlop et 1 seule à Bridgestone dont les efforts sont beaucoup plus concentrés sur le GT500.

Une trentaine de voitures donc mais quatre types de voitures différentes dans cette catégorie : des GT3 réglementation FIA (21), des « Mother Chassis » (4 – 3 Toyota 86 MC et une Lotus Evora MC) , des hybrides , homologation JAF-GT (2 Toyota Prius) et une GT japonaise aux normes JAF-GT(la Subaru BRZ).

Les « Mother Chassis »utilisent un même châssis, conçu par Dome, et un moteur identique, badgé ”GTA », un moteur de 4500cc atmosphérique à carter sec, développant 400 chevaux, avec possibilité pour les teams d’adopter la carrosserie de leur choix. Le Vivac Team Tsuchiya, Upgarage Bandoh et le Team Mach ont adopté la carrosserie de la Toyota 86 tandis que Car Tokai Dreams a choisi la carrosserie de la Lotus Evora.

La Subaru BRZ est propulsée par un moteur 2000 cc quatre cylindres à simple turbo et les Toyota Prius par un moteur V8 3400cc atmosphérique doté d’un système hybride.

Compétitivité

Le tour de force réussi par GTA, Promoteur du SUPER GT, a été de trouver le bon équilibre entre ces quatre types de voiture, ce qui s’est parfaitement traduit dans les faits : les Mother Chassis ont remporté 2 victoires (Thaïlande et Motegi 2 ), les GT3 4(Mercedes à Okayama, Nissan à Fuji 1, BMW à Fuji 2 et Audi à Motegi 1) , les hybrides 1 (Toyota Prius apr à Sugo) et la Subaru BRZ 1 (à Suzuka).

7 modèles différents ont donc été victorieux lors des 8 courses du calendrier 2016. 7 modèles sur 12 engagés, ce n’est pas mal.

Ceci se traduit au classement final, avec 6 voitures différentes dans le Top 6 / : 1 Toyota 86 MC (Tsuchiya/Matsui) ; 2 Toyota Prius (Saga/Nakayama) ; 3 Audi R8 LMS (Lyons/Fujii) ; 4 Nissan GT-R (Hoshino/Mardenborough) ; 5 BMW (Takagi/T.Kobayashi) ; 6 Subaru BRZ (Iguchi/Yamauchi).

Cette compétitivité se retrouve aussi au niveau des pneumatiques puisque, même si Yokohama équipait la grande majorité du plateau, les deux autres manufacturiers n’ont pas fait de la figuration puisqu’on les retrouve dans le Top 3 du classement 2016 ; la Toyota 86 MC championne était en Yokohama, la Toyota Prius apr n°30, deuxième, était en Bridgestone, et l’Audi R8 LMS Hitotsuyama, troisième, en Dunlop.

Un titre mérité

Contrairement au GT500, où Kovalainen et Hirate ne sont passés en tête qu’à l’issue du premier meetin, Tsuchiya et Matsui ont été aux avant-postes dès la deuxième manche. Kurosawa/Gamou (Mercedes-AMG) avaient pris la première place après leur succès dans la manche d’ouverture à Okayama, remplacés à la première place dans la course suivante à Fuji1 par Hoshino et Mardenborough (Nissan), mais Tsuchiya et Matsui pointaient au commandement à l’issue des troisième et quatrième manches à Sugo et à Fuji 2.

Les pilotes Subaru, Iguchi et Yamauchi, assuraient un bref intérim à la suite de leur victoire de Suzuka, mais dès le round suivant Tsuchiya et Matsui repassaient devant et n’allaient plus lâcher la première place du classement. Ils sont les seuls à avoir remporté deux victoires cette saison.

Peu de changements dans la catégorie en 2017. On espère une présence accrue de Ferrari et le Toyota Gazoo Racing a déjà fait tourner une version 2017 de la Toyota 86 MC, avec une nouvelle aéro à l’arrière.