La saison 2014 de la Blancpain Endurance Series s’est achevée il y a peu sur le circuit du Nürburgring. Il aura fallu attendre le dernier rendez-vous pour connaître les différents champions de cette quatrième année du championnat GT3 phare de la planète. Alors que plusieurs constructeurs préparent des remplaçantes à leurs GT3 actuelles, 2015 s’annonce comme transitoire pour pas mal d’équipes. Il est l’heure de dresser le bilan d’une année 2014 bien remplie avec Laurent Gaudin, manager général de la Blancpain Endurance Series et des Total 24 Heures de Spa.
Le bilan 2014 est positif ?
« En toute objectivité, la saison écoulée a tenu ses promesses avec des titres qui se sont joués lors de l’ultime meeting. Il y avait une certaine tension au Nürburgring avant la course, compte tenu des enjeux, mais la fraternité est vite revenue après le damier. Le plateau s’est tenu avec une belle fidélité des équipes. L’équipe de SRO est maintenant en mode préparation 2015 en ce qui concerne la partie Endurance. Il faut retravailler les règlements, les effectifs, l’organisation. Au sein de SRO, on aime bien apprendre tout le temps. L’équipe est en perpétuelle effervescence. L’hiver sera court. »
Il fait s’attendre à des changements en 2015 ?
« Le calendrier est connu et il fait dans la stabilité. La seule vraie évolution est le passage de la manche de six heures du Nürburgring au Paul Ricard. Pour cela, nous avons mis en place des réunions et concerté les équipes. Comme c’est le cas depuis le début, le championnat est fait part et pour nos clients. Avoir un calendrier stable était la volonté des équipes. Nous aurons une saison 2015 équilibrée et intéressante. Il est possible que nous rajoutions une séance d’essais à Monza avant le début de saison. La série Sprint ira sur un circuit que foulera le championnat. »
L’idée est de stabiliser le nombre d’engagés ?
« Cette saison, nous avons eu entre 38 et 45 autos avec une pointe aux Total 24 Heures de Spa. Cela reste encore le plateau européen le plus complet. On se doit de rester prudent car la conjoncture est délicate. Cependant, l’outil est suffisamment apprécié. Dans l’immédiat, le nombre d’équipes qui se sont manifestées pour 2015 permet de dire que l’intérêt est identique à 2014. Il y a généralement un delta entre octobre et février, mais on espère avoir le même nombre d’engagés. »
La Balance de Performance, souvent décriée dans tous les championnats, semble plaire. C’est aussi l’avis du manager général du championnat ?
« Personne ne peut nier que Claude Surmont est la référence technique. Claude est un ingénieur qui connaît les ficelles. Il a le recul nécessaire qui permet d’avoir une BOP proche de la réalité. La Balance de Performance établie par SRO est demandée par d’autres championnats dans différents pays. Elle est évolutive selon les tracés, ce qui est une avancée positive. La BOP est l’art de mettre au même niveau des autos de conception différente, sans oublier la durée de ravitaillement et l’autonomie. Tout cela a été mis en place par SRO. »
Le succès du GT3 ne se dément pas ?
« Si 13 constructeurs adoptent le concept du GT3, c’est que le système en place est bon. »
D’autres sont sur le point d’arriver ?
« Joker ! Disons que d’autres regardent de près ce qui se passe. La catégorie GT3 est devenue incontournable et ceux qui n’y sont pas encore ne peuvent pas rester en dehors. »
Quel est le bilan des Total 24 Heures de Spa ?
« Le public a répondu présent et la course s’internationalise. On a pu constater que la répartition du public autour du circuit était différente cette année. Les animations sont tournées vers la proximité du public. Il y a eu de belles bagarres dans toutes les catégories. Nous avons observé deux choses cette saison, une volonté réelle de tous les participants de faire partager leurs expériences avec des paddocks de plus en plus ouverts, sans oublier la proximité avec les pilotes. L’autre est la solidarité qui a marqué les équipes tant lorsqu’elles avaient des problèmes techniques ou et c’est encore plus flagrant lors des accidents. J’ai vu des teams managers venir proposer des pièces à leurs concurrents directs et d’autres ont demandé des nouvelles sur la santé des pilotes blessés. Cette ambiance est nouvelle et je suis vraiment satisfait. Il y a un véritable esprit « Blancpain ». »
La gestion de la course a été compliquée à gérer du fait des sorties à répétition ?
« Il ne faut pas céder à la polémique. Il y a toujours eu des accidents spectaculaires aux 24 Heures de Spa. Le nombre n’est pas plus élevé mais plus concentré. Le circuit de Spa est réputé pour être difficile avec un morceau de bravoure qui s’appelle le Raidillon. Les sorties sont spectaculaires dans tous les championnats. Le circuit est devenu très typé F1 avec des zones asphaltées repoussées au maximum, ce qui incite les pilotes à aller plus loin. Quand on a 20 autos au départ, on a 2 accidents par course. Là on avait 60 autos. Le résultat est arithmétique.
« Le premier gros accident a impliqué un pilote classé Gold. Il y a eu des neutralisations et la température des pneus est redescendue. Il faut faire comprendre aux pilotes qu’il ne faut pas rouler à fond dès le drapeau vert. Les pilotes professionnels sont plus aptes à gérer cette situation. Tirer sur les gentlemen est infondé. Pour disputer cette course, il faut avoir une licence internationale, donc tout le monde ne peut pas rouler à Spa. Tous les pilotes avaient plusieurs courses derrière eux. En 2015, nous aurons une arrivée en nocturne au Paul Ricard afin de préparer les pilotes à Spa. Nous avons mis en place un Bronze Test qui a été repris par différents championnats. Pour ce qui est du drapeau rouge, c’était uniquement pour faire atterrir l’hélicoptère. L’équipe médicale a mis en place le meilleur choix possible La situation a été très bien gérée par les différentes parties. Je suis quelque peu choqué par l’attitude de certains médias et spectateurs. Sans gentlemen, ce serait la crise du siècle en sport automobile. Les 24 heures de Spa ne sont pas une course aseptisée même si le circuit est standardisé F1. »