Première confrontation d’un championnat du monde d’Endurance FIA 2015 qui s’annonce particulièrement acharné, les 6 Heures de Silverstone tournent en faveur d’Audi Sport. Au Royaume-Uni, Benoît Tréluyer et ses équipiers Marcel Fässler et André Lotterer ont fait parler la poudre à bord leur R18 e-tron quattro !
Flash back. Il reste une vingtaine de minutes avant le baisser du drapeau ce dimanche 12 avril. Au prix d’un duel des plus intenses contre la Porsche de son compatriote suisse Neel Jani, Fässler occupe une solide – à défaut d’être confortable – place de leader. Dans le stand Audi, l’ambiance est sereine. Benoît et André [Lotterer], les yeux rivés sur les écrans, surveillent en plaisantant la progression de leur camarade vers la victoire promise. Soudain, tout se fige. Les visages se crispent. La direction de course vient d’infliger à l’Audi n°7 une pénalité de passage par les stands pour être sortie des limites de la piste. Chez les deux pilotes, la colère succède à l’incompréhension !
« Lors de mes deux premiers relais, j’ai vu que personne ne respectait les limites du tracé et, à chaque fois, j’en ai avisé l’écurie par radio pour qu’elle informe à son tour la direction de course, explique le Français la mâchoire serrée. Sortir large, cela ne permet pas de doubler, mais cela évite de se faire doubler !
Quand j’ai terminé mon double relais, j’en ai glissé deux mots à André avant qu’il s’installe dans l’habitacle, puis je suis également allé en parler à Marcel. À partir du moment où aucune sanction ne tombait, pourquoi se pénaliser en étant les seuls à observer les limites de la piste ? Nous avons donc décidé de faire comme les autres… Et voilà, c’est nous que l’on pénalise !
Quand tu reprends la piste avec un écart tombé à huit secondes, tout peut arriver, poursuit Benoît. Une GT qui te ferme la porte, et c’est trois ou quatre secondes perdues d’un coup. Si la Porsche revient trop près, elle pourra utiliser son surcroît de puissance pour passer dans la ligne droite. »
Dans le stand, la pression est à son maximum. Mais dans la voiture, Fässler assure. 19h00, heure locale : l’Audi n°7 coupe la ligne en vainqueur. « Un vrai bon Suisse, ce Marcel. Il ne panique jamais ! » lâche en plaisantant un Tréluyer admiratif, tandis que le muret explose de joie.
Retour sur un premier succès 2015 que le trio champion du monde 2012 est allé conquérir de haute lutte.
« En matière de course folle, il sera dur de battre Le Mans 2011 mais je crois que nous n’en sommes pas passés loin à Silverstone, songe Benoît en se remémorant le début du week-end et, surtout, le départ. Après avoir dominé les essais, nous étions un peu déçus par notre cinquième place de grille. Au départ, le bon rapport ne s’est pas immédiatement enclenché et je me suis retrouvé noyé dans le peloton. J’ai vite remonté toutes les GT en faisant très attention car rien ne sert de se précipiter pour gagner quelques secondes dans un dépassement délicat qui peut mal tourner. »
Après deux tours, Benoît était déjà revenu en sixième position, dans l’échappement de la seconde Toyota. Les choses sérieuses pouvaient commencer…
« Une première course, c’est toujours un peu un saut dans l’inconnu. Nous ne savions pas trop où nous en étions en termes de performance par rapport à nos adversaires. J’ai donc décidé de prendre un ou deux tours pour tenter de comprendre et me montrer incisif dès qu’une petite opportunité se présenterait.
Je me suis bien amusé. Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus fait une course comme celle-là. Vers la fin de mon second relais, j’étais dans les roues de la Porsche de tête. Je l’ai doublée dans le virage 12 avant de négocier le 13 en leader. Puis je me suis fait repasser dans le bout droit suivant, juste avant mon arrêt au stand ! Je ne suis resté en tête qu’un virage, mais c’était sympa d’y être parvenu… »
On connaît la suite, les superbes relais de Lotterer et Fässler aboutissant à la première marche du podium.
« On est contents car nous avons tous les trois accompli un super boulot, se félicite le Français. Quant à l’écurie, c’est une juste récompense pour tous les efforts consentis au cours de l’hiver. On savait que la victoire était à notre portée, et c’est une confirmation de nos choix. Par contre, les Porsche sont très compétitives. Personnellement, je ne pensais pas qu’elles seraient autant en verve, aussi longtemps dans leurs relais. Par conséquent, il ne faut pas se relâcher. Cela promet d’être une sacrée bagarre durant toute la saison et il va falloir répondre présent. Cela tombe bien, Silverstone nous a mis en appétit ! »
Benoît et ses coéquipiers vont maintenant se rendre en Belgique pour la deuxième manche du championnat du monde d’Endurance FIA – les 6 Heures de Spa-Francorchamps –, qui aura lieu du 30 avril au 2 mai.