Comme tous les pilotes Audi Sport, Benoît Tréluyer va délaisser définitivement le baquet de son Audi R18 ce soir à l’issue des 6 Heures de Bahrain. Le natif d’Alençon espère bien refermer la page sur une bonne positive avec une victoire en compagnie de ses deux compères André Lotterer et Marcel Fässler. L’indissociable trio en place depuis 2010 va devoir se séparer à l’avenir. Le triple vainqueur des 24 Heures du Mans, par ailleurs Championnat du Monde d’Endurance de la FIA 2012, se laisse le temps de la réflexion pour penser à son avenir. La prochaine étape sera le Trophée Andros, mais ne comptez pas sur Benoît Tréluyer prendre sa retraite. Entretien…
La course de Bahrain est particulière…
“On prend cette finale 2016 comme une course normale même si on va essayer de faire encore mieux. On ne va surtout pas penser que c’est la dernière car c’est le meilleur moyen de se mettre la pression. Je vais m’amuser, profiter et donner tout ce que j’ai. Si tu penses à la fin, tu cogites. Je me suis bien amusé dans l’auto durant les essais. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve et si je serais à nouveau dans un team usine pour jouer la gagne. J’ai vraiment passé de belles années avec toute l’équipe. Après une saison en demi-teinte, tu peux travailler pour la prochaine, mais là tu sais que ce n’est pas possible. On ne peut pas se dire que l’on va se rattraper en 2017.”
Ce retrait s’est décidé tardivement ?
“Les tests de la nouvelle auto auraient dû débuter sous peu. Cette année, nous avions une très bonne auto, mais cela n’a pas souri. Malheureusement, tout ce qui a été préparé pour le futur ne servira pas, même si plusieurs choses pourront aider les programmes futurs dans d’autres catégories. Nous avons appris la décision peu de temps avant l’annonce. Lorsque nous avons su que nous avions une ‘conférence call’ à 10 heures, on a d’abord pensé que le programme s’arrêtait fin 2017. Finalement, il ne nous restait que deux courses. C’est un peu brutal pour tout le monde chez Audi. Personne n’est préparé à une telle fin. Cependant, je comprends la décision et il faut respecter ce choix. Il est clair que ça ne plait jamais à ceux qui sont impactés.”
Et la suite ?
“Je pourrais décider de tout arrêter, mais aujourd’hui ce n’est pas mon envie. Je prends mon temps. J’ai toujours roulé dans des équipes qui voulaient sincèrement me faire rouler. Plusieurs pistes sont à l’étude. Je suis quelqu’un qui roule avec le coeur. Si tu roules avec l’envie, tu roules bien. Sur le plus long terme, être coach ou team manager ne serait pas pour me déplaire. Pourquoi pas faire une deuxième carrière dans un autre sport comme le moto-cross. J’ai un bon feeling avec la terre. Le rallye-cross et le rallye-raid me plaisent, mais pas dans l’immédiat. J’ai gardé de très bons contacts avec des teams comme Signatech et WRT. Il faut aussi voir ce que je peux apporter à une équipe. Si je devais retrouver une opportunité qui me permettrait de gagner Le Mans, je la saisirai de suite.”
Il y a aussi le fait de ne plus être avec Marcel et André…
“C’est le plus dur de tout. Pourquoi pas refaire quelque chose avec Marcel car nous sommes tous les deux dans la même situation. Ce sera plus compliqué de retrouver André. La tendance actuelle est de faire confiance aux plus jeunes (rire).”
Un retour en SUPER GT est possible ?
“Pourquoi, mais il faut voir la faisabilité. Je ne veux pas arriver en prenant la place de quelqu’un. J’ai gardé beaucoup d’amis là-bas et je ne veux surtout pas m’imposer.”
Des courses bien spécifiques vous tentent ?
“Les 24 Heures de Spa et les 24 Heures du Nürburgring, même si pour la Nordschleife, il y a des paramètres à bien étudier auparavant. Daytona n’est pas possible à cause du Trophée Andros. J’avais envie de participer à l’Andros. Trois des circuits sont à moins d’une heure de chez moi (rire). De plus, le faire avec WRT est vraiment bien.”
Et monter votre propre équipe ?
“On m’a toujours beaucoup aidé, ce qui fait que si je peux transmettre quelque chose, ce sera avec plaisir. En revanche, monter une équipe de toute pièce, ce n’est pas pour moi. Des gens savent très bien le faire. Je suis trop affectif pour bien gérer ma propre équipe.”