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“Behind the Title” : Pierre Fillon, Président de l’ACO

Pierre Fillon: President of the ACO
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Ils sont quatre et ils sont incontournables de la discipline Endurance. Pierre Fillon (ACO), Gérard Neveu (FIA WEC, LMEM), Scott Atherton (IMSA) et Stéphane Ratel (SRO Motorsports Group) ont tous gentiment accepté de répondre à nos questions où l’idée est bien de parler de leur passion du sport automobile et de mieux connaître leur parcours. Gérard Neveu a été le premier à nous recevoir à Imola, Stéphane Ratel en a fait de même à Silverstone, Pierre Fillon au Mans et Scott Atherton le fera à Watkins Glen. Actualité oblige, on débute le “Behind the Title” avec Pierre Fillon, Président de l’ACO… (In English)

Président de l’Automobile Club de l’Ouest depuis maintenant trois ans et Sarthois de naissance, Pierre Fillon est un pur passionné des 24 Heures du Mans. Il n’est que le huitième président de l’ACO depuis 1906. Ophtalmologue au Mans, Pierre Fillon exerce toujours au Pôle Santé Sud tout en dirigeant l’ACO. On lui doit en partie le Championnat du Monde d’Endurance lancé en 2012 avec Jean-Claude Plassart et Jean Todt. A l’aube d’une 83ème édition des 24 Heures du Mans qui s’annonce passionnante, Pierre Fillon a gentiment accepté de nous recevoir pour évoquer avec nous sa passion de l’épreuve en nous livrant quelques anecdotes, ses souvenirs et sa vision du futur.

 A quand remonte votre passion pour les 24 Heures du Mans ?

 « Les 24 Heures du Mans restent avant tout une histoire familiale. Mon grand-père aurait dû participer à la première édition en 1923. Il était passionné d’automobile mais ma grand-mère l’en a empêché car elle trouvait la course trop dangereuse. J’ai eu l’occasion de conduire une Amédée Bollée et force est de constater qu’elle avait raison (rires). A 80 km/h, il ne fallait pas compter avoir un freinage endurant. Ma famille était une inconditionnelle de la marque Peugeot et mon grand-père a été un membre de la première heure de l’ACO. Il vissait fièrement le logo sur la calandre de la Peugeot familiale. »

 Votre première visite aux 24 Heures du Mans remonte à quelle année ?

 « Je suis né en 1958 et je suis venu pour la première fois en 1963. Je n’ai pas manqué une seule édition depuis 1966. J’ai officié en tant que scout au début des années 70. On venait travailler durant trois heures et nous avions trois heures de temps libre dans la foulée. A cette époque, on avait accès partout. J’ai aussi distribué les feuilles de temps au sein des équipes et travailler comme secouriste. J’ai passé une édition en cabine speaker en compagnie de Jean-Charles Laurens qui était la voix des 24 Heures. J’avais en charge la reconnaissance des casques des pilotes. J’ai eu la chance de côtoyer des pilotes tels que Henri Pescarolo, Jacky Ickx ou Pedro Rodriguez. Même plusieurs décennies plus tard, j’en garde un souvenir très ému. Voir de près tous ses héros était un grand moment. »

Circuit Ambience

 Quelques anecdotes personnelles à nous raconter ?

 « J’ai en mémoire des dizaines et des dizaines de moments. J’ai le souvenir d’une nuit vers trois heures du matin dans un stand où roulait Jean-Louis Bousquet. J’étais là lors d’un ravitaillement. Les membres de l’équipe s’occupaient de l’auto mais personne du pilote. Je suis allé lui remplir une bouteille d’eau et je me souviendrais toujours de l’expression de son visage qui traduisait bien la difficulté de l’effort.

 En 1977, je m’étais juré de ne pas venir car je passais mon concours de médecine avec une épreuve le vendredi et une le lundi. Jacky Ickx était en tête à 11 heures du matin et j’ai finalement craqué pour venir voir l’arrivée. Cette année-là reste un bon souvenir. 

 J’avais un ami qui faisait l’école de pilotage ; nous venions souvent sur le circuit voir des teams qui s’entrainaient. J’ai ensuite eu la chance de rencontrer Jean-Paul Driot lorsqu’il a lancé sa Formule 1. Je l’avais félicité par mail en lui précisant tout le bien que je pensais de son projet. Il m’a appelé dans la foulée et nous sommes devenus amis. J’ai suivi l’épopée DAMS et Panoz et j’ai eu la chance de suivre l’équipe aux Etats-Unis à plusieurs reprises. Il y a aussi eu des moments plus tristes. Jamais je ne pourrais oublier l’accident mortel d’Allan Simonsen en 2013. On a conscience que le sport automobile est dangereux mais personne n’est vraiment préparé à un tel drame. »

Grid Walk

 Piloter est aussi quelque chose qui vous plaît ?

 « J’ai suivi des cours à l’école de pilotage de Pierre Petit puis à La Châtre, puis au Mans. En réalité, c’est moi qui ai poussé mon frère à piloter une voiture de course. J’ai eu la chance d’essayer une Lola-Mugen F3000 ex-McNish. C’était une expérience incroyable. Rouler à Le Mans Classic en 2004 sur une Chevron B8 restera aussi un grand moment. Me faire dépasser par des Ford GT40 ou des Alpine était quelque chose d’assez irréel et il m’a fallu quelques secondes pour réaliser que je n’étais pas dans un jeu vidéo. »

 Un regret de ne pas avoir pu participer aux 24 Heures ?

 « Comment pourrait-il en être autrement ? Laurent Sénéchal, qui était instructeur, me disait que j’avais le niveau de pilotage pour courir les 24H. J’ai pris part à trois courses VdeV Endurance Series à Estoril, une fois sur une Porsche et deux fois sur un prototype CN. Mais hélas pas les 24 Heures. »

 Présider l’ACO est la récompense ultime en tant que passionné…

 « Je n’avais imaginé devenir président de l’ACO. J’ai rencontré Jean-Claude Plassart en 2004. L’idée était de développer d’autres activités sur le circuit.

Je suis membre de l’ACO depuis 1995 et suis devenu administrateur dix ans plus tard. En 2009, J’ai eu la charge de  l’ASK ACO avec la création du nouveau complexe de karting et  aussi la création du comité sport avec le développement de l’ILMC et du FIA WEC en partenariat avec la FIA.

Jean-Claude Plassart et moi formions un binôme très complémentaire, il m’a nommé Président Adjoint en 2010.. Vous connaissez la suite. Mais pour répondre à votre question, oui participer à l’aventure ACO à ce poste est passionnant. »

 Comment voyez-vous le sport automobile dans dix ans et plus précisément les 24 Heures du Mans ?

 « Le modèle des 24 heures est d’être un laboratoire d’innovation. On ne s’est jamais éloigné de cet objectif. L’ACO a toujours défendu un sport automobile utile à la mobilité de demain. C’est notamment ce qui fait le succès du nouveau règlement LM P1. Certes, il va falloir s’adapter aux évolutions de la société mais il y a un bel avenir pour la compétition automobile en tant qu’accélérateur d’innovation pour les véhicules de route. L’ACO s’est toujours sans cesse projetée dans l’avenir. C’est aussi le rôle du garage 56 qui permet de tester les technologies du futur. Une exception en 2016 pour une aventure humaine extraordinaire avec le projet de Frédéric Sausset. On le soutient et on espère de tout cœur que son initiative ira à son terme.

 « Je pense qu’à l’horizon 2025 tout tournera autour de l’électrique. L’autonomie reste un facteur limitant des batteries aujourd’hui et la voiture électrique est plutôt adaptée à l’usage en ville mais on a encore besoin du moteur thermique pour les grandes distances. L’hydrogène et la pile à combustibles sont très probablement la technologie du futur à condition bien évidemment de produire l’hydrogène avec une énergie propre comme le solaire. On peut donc imaginer à terme aux 24H ces nouvelles technologies. Mais il faut conserver à tout prix ce qui fait la « magie » du Mans : des technologies différentes, des pilotes et teams pro et am,et une mixité Protos/GT tout en maîtrisant les coûts pour continuer à attirer de nouveaux constructeurs. »

 Voir un Circuit des 24 Heures du Mans permanent est quelque chose d’envisageable ?

 « Le projet a été à l’étude il y a quelques années mais c’est intenable financièrement. Les collectivités locales ont d’autres préoccupations. De plus, rouler sur le grand circuit doit rester quelque chose de rare. »

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