Un an après le City Challenge, la capitale de l’Azerbaïdjan accueillait le Baku World Challenge à l’occasion de la finale FIA GT Series. Un plateau de qualité de 28 GT3 s’était donné rendez-vous sur une piste que tout le monde découvrait. Pour l’occasion, SRO était appuyé par ICE (International Concept Event) mais aussi et surtout des azéris. L’avenue principale devant le palais présidentiel avait été désertée, le circuit trouvant refuge au pied de l’immense drapeau du pays lourd de 350 kg (le plus haut du monde). En allant reconnaître le tracé avec les pilotes la veille des premiers essais, tout le monde se demandait bien ce qu’il faisait ici. La cause principale était une chicane où il était impossible de passer à deux. La question était sur toutes les lèvres : combien de GT3 allaient survivre à un meeting qui s’annonçait cassant pour les autos ?
Samedi, le paddock s’était donné rendez-vous de bonne heure pour les premiers essais libres mais point de roulage au menu, le circuit n’étant pas prêt. Avec des rues fermées à la circulation à minuit la veille des essais, il a fallu sécuriser le tout : état de la piste, chicanes, vibreurs. Bref, pas de roulage durant la matinée et un paddock qui pestait d’impatience. La décision a donc été prise de raccourcir le format des essais libres et de ne disputer que deux sessions qualificatives. On a connu mieux pour découvrir un circuit urbain.
Pas de perte de temps avec un roulage pour le moins rapproché. Aucune erreur n’était permise sous peine de devoir déclarer forfait. La Corvette Z06 GT3/Callaway Competition de Keilwitz/Bleekemolen en a d’ailleurs fait les frais après que l’Audi de Edward Sandström ait raté son freinage à la dernière chicane. Le Suédois a eu beau s’excuser, c’en était terminé du meeting de la seule Corvette en piste, qui avait en plus un beau coup à jouer. Si les pilotes étaient perplexes avant de prendre la piste, ils n’ont pas mis longtemps à apprécier la difficulté de l’endroit. Pour être franc, nous n’en n’avons pas trouvé un seul qui n’ait pas aimé. Les pilotes se sont tous régalés mais les équipes ont dû plancher tout le week-end. Sans travail le jeudi et le vendredi, la suite n’a pas été de tout repos pour les mécaniciens.
Stéphane Ratel compte bien que ce Baku World Challenge devienne un classique et tous les ingrédients sont réunis pour cela. Il est prévu que la finale 2014 du tout nouveau Blancpain GT Sprint se dispute à nouveau dans les rues de Baku. Ce premier jet permettra à coup sûr de corriger les soucis rencontrés cette année où le promoteur a fait son maximum pour rendre l’événement agréable pour tout le monde. Il faudra déjà expliquer aux azéris de ne pas arroser la piste lorsque la température est proche de 0°C sous peine de transformer certains endroits du tracé en Trophée Andros. C’est ce qui a provoqué le report de la course qualificative dimanche matin. Tout le monde était donc mis au repos forcé, ce qui a tout de même eu des effets positifs avec les pilotes et les membres des différentes équipes mains dans les poches en pleine discussion. De quoi parler de tout et de rien…
Outre les 28 GT3, les golf cart ont été les vedettes du meeting. Accéder au paddock et à la salle de presse n’a pas été facile et il a fallu jouer au chat et à la souris. La salle de presse étant une quinzaine de minutes à pied, les golf cart ont été réquisitionnés pour amener les journalistes du point A au point B. Encore fallait-il que le bon message passe aux chauffeurs. Au final, le trajet s’est plus souvent fait à pied par manque de coordination. Il était assez fréquent de s’installer dans un golf cart et d’attendre. Attendre quoi ? Juste que le chef donne l’autorisation au chauffeur de partir. Avec du recul, la chose était tout de même marrante, ce qui n’aurait pas été le cas s’il avait plu. On ne savait jamais si on allait partir…et revenir. Pourtant, les chauffeurs n’ont pas hésité à piloter leurs montures à la limite. On ne le dira pas trop fort mais nous avions installé notre QG près du paddock le dimanche matin, dans le bungalow réservé aux grid girls. Il y a pire endroit pour travailler ! Du moins pour essayer de travailler.
Macao ne s’est pas fait en un an et Baku non plus. On va laisser du temps au temps mais le Baku World Challenge pourrait bien devenir un classique du GT3 dans les années à venir. Du côté des changements, il serait judicieux de mettre le meeting sur trois jours (si le gouvernement accepte) et que la date soit plus tôt dans l’année afin d’avoir une météo plus estivale. Il serait peut-être bon que les équipes aillent tester certains chauffeurs de taxis du coin car rien ne leur fait peur : téléphone au volant en plein carrefour au milieu d’une circulation dense, feux rouges grillés au nez de la police locale, voies à contresens, refus de priorité etc… On ne remerciera jamais assez notre chauffeur qui à deux heures du matin a essayé de nous planter au beau milieu d’une avenue afin qu’on le paie sur le champ sachant qu’il n’avait rien demandé au moment de partir vers l’aéroport. Il y a eu aussi l’épisode du chauffeur du car hôtel/circuit qui ne voulait pas partir tant que son car n’était pas complet avant de nous faire descendre pour nous faire monter dans la Kia de son frère pour faire le trajet musique hurlante en nous expliquant son amour pour Ferrari. C’est cela aussi l’Azerbaïdjan. Il ne reste plus qu’à espérer que le gouvernement ne change pas d’orientation en préférant le vélo au sport automobile comme ce fut le cas en Argentine à San Luis. Toute la culture du sport automobile reste à faire en Azerbaïdjan mais le pays ne demande qu’à apprendre…