Après le premier tome, voici la suite et la fin de ce focus en images sur le Baku World Challenge.
Les azéris des quartiers pauvres sont des gens simples et assez chaleureux. Ils ont le verbe haut et le débit rapide. La deuxième partie du circuit traversant leurs rues, nous avons pu les côtoyer de près pendant les longues heures d’attente précédant la première séance d’essais, largement différée… On peut dire qu’ils ont été extrêmement impressionnés par notre matériel photographique. Le 500 mm de l’ami Olivier Beroud a notamment connu un très grand succès auprès des enfants, qui pour la plupart, ne devaient même pas imaginer qu’un tel engin existât… Etant donné qu’il y a moins de frein social que chez nous, ils venaient directement toucher le “joujou” sans même demander la permission, sourire aux lèvres, inconscients du prix de l’objet ! Inutile de préciser qu’Olivier riait jaune…
La seconde chose que l’on peut observer, c’est que le rose, porté par des hommes, est assez mal vu et provoque des rires à peine cachés (pas cachés du tout en fait…) Etant donné que nos chasubles de photographes arboraient cette couleur et que nous travaillions au milieu même de la population, nous avons été la risée de tous…
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Dans son développement rapide actuel, l’Azerbaïdjan souhaite faire bonne figure. Il est donc très fréquent de voir des chantiers ou l’on “rhabille” un bâtiment existant (et proche du délabrement) d’une façade neuve, apposée via une entretoise de béton, sur les anciens murs. Des ravalements sophistiqués ou des cache-misères, à vous de choisir le juste terme. Et puisque, comme dans tous les pays du Monde, on sait être débrouillard en Azerbaïdjan, les échafaudages de ces chantiers deviennent rapidement une tribune. Bien joué ! Un peu plus loin, c’est un building tout neuf, même pas fini qui accueille des spectateurs, au bord du vide. Loin de nos normes de sécurité actuelles… Mais finalement, n’en a-t-on pas fait de même au Mans avec les fameux balcons de ravitaillement qui laissent un souvenir impérissable à ceux qui les ont connu ?
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Une autre caractéristique de ce peuple semble être une hiérarchie omniprésente et lourde… Ainsi, avant d’accepter une mission, le “grouillot” doit en référer à son supérieur, qui appelle son supérieur, qui appelle son supérieur, qui appelle le grand chef. Celui-ci prend la décision qui s’impose et la répercute à son subordonné, qui la répercute à son surbordonné, qui la répercute à son surbordonné, qui la répercute au “grouillot” qui peut enfin agir. Ou pas ! Car il semble également qu’un plan bien établi ou un contrat signé n’aient pas toujours une grande valeur. “Nous ètions convenu que l’on ferait ainsi et vous m’avez payé pour cela ? Oui mais maintenant, je pense que ce serait mieux comme cela et je décide de mon propre chef qu’on ne respectera pas le plan initial pour lequel vous m’avez embauché…” Pas facile à gérer ! Ceci explique quelques uns des chaos qui ont émaillés ce week-end de course.
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Le nouveau circuit (différent de celui utilisé lors du City Challenge l’an passé) était placé au pied du gigantesque drapeau national aux mouvements extrêmement gracieux dès qu’une brise vient le lécher ( et du vent, nous en avons eu, glacés que nous étions par son souffle…) Cette place du drapeau national est placée sur une petite péninsule ou l’on trouve également le Crystal Hall, salle de spectacle réalisée en onze mois seulement, au prix d’expropriations menées avec fracas, ce afin d’accueillir le Concours Eurovision de la chanson en 2012.
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Comme dans toute “démocratie arbitraire” qui se respecte, les portraits des leaders ornent abondamment les murs des artères de la capitale. Le président Ilham Aliev et le premier ministre ne sont ainsi jamais éloignés des yeux de leurs concitoyens. Imaginez des portraits de François Hollande sur la place de la Concorde ou de Jean-Marc Ayrault sur le parvis de Beaubourg…
Symbole de ce pouvoir fort, la “House of Government” est située sur les quais en face du joli Bulvar Park. Ce palais au style plutôt fin et élégant malgré sa taille, abrite de nombreux ministères. La parade en centre ville se terminait autour de ce bâtiment et voir quelques pilotes y faire des donuts, avait quelque chose d’incongru, d’inattendu mais était également, très amusant !
Comme l’immense majorité des belles bâtisses azéries, cette House of Government, construite lors de la domination de l’URSS entre 1936 et 1952, est très largement éclairée de nuit. La nuit est d’ailleurs féérique à Baku et les superbes Flame Towers n’y sont pas pour rien. Ces trois tours, mesurant 190 m de haut abritent à la fois des logements, un complexe hôtelier et des espaces de bureaux. Elles s’embrasent littéralement la nuit puisque leurs façades, couverte de LEDs, s’animent subitement pour simuler des flammes géantes, d’où leur nom. Mais gloire est également rendue au pays par le biais du drapeau national, mis en valeur par un porteur qui l’agite. Au delà du message patriotique, l’effet visuel est vraiment réussi et mérite d’être vu… Seul point délicat de ces tours, les fenêtres y sont soumises à des pressions qu’elles ne supportent pas et il semble qu’il en explose régulièrement. De près, nous avons effectivement constaté quelques manques…
Ce premier Baku World Challenge n’a certes pas été “un long fleuve tranquille”. Ce pays n’est certes pas un modèle démocratique correspondant à nos critères. Mais à la question de savoir si il est judicieux d’y retourner, la réponse des pilotes semble unanime. Cela servira la cause du régime en place ? Oui, probablement. Mais les yeux émerveillés des enfants de Baku au passage des GT3 dans leurs rues emportent l’adhésion… Back in Baku !
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