Cela fait bien longtemps qu’une édition des 24 Heures du Mans n’avait été aussi ouverte. Avec deux LM P1 dans chaque camp, tout le monde part à armes égales et ni Audi ni Porsche ne pourront compter sur une troisième auto en soutien. Les deux marques allemandes doivent serrer les fesses et prier pour qu’aucun grain de sable ne vienne enrayer la machine. Chez Toyota, on sait ce que c’est de faire rouler deux autos. Le début de saison FIA WEC a montré que les R18, 919 Hybrid et TS050 HYBRID pouvaient connaître des faiblesses sur des manches de six heures. Alors que va-t-il en être sur une course quatre fois plus longue ? Les Rebellion R-One ont assurément un bon coup à jouer, tout comme les LM P2. Alors faites vos jeux…
Porsche : Faire la passe deux…
Vainqueur de l’édition 2015, Porsche compte bien garder le trophée et s’offrir un 18ème succès aux 24 Heures du Mans. Contrairement à la concurrence qui fait rouler de nouvelles autos, Porsche Team a fait évoluer sa 919 Hybrid depuis son titre FIA WEC décroché à l’automne dernier à Bahrain. « Revenir au Mans pour la Journée Test a été émouvant pour toute l’équipe » a déclaré Fritz Enzinger, vice-président du programme LM P1. « Gagner Le Mans est incomparable car c’est une course incroyablement difficile. Le fait d’avoir pu le faire en 2015 seulement lors de notre deuxième tentative nous place forcément dans le rôle de favori. Nous devons nous assurer que cela ne va pas nous rendre fou. En aucun cas 2016 va être plus facile et c’est même le contraire. »
Andreas Seidl, team principal, sait lui aussi que la tâche ne sera pas facile : « En 2014, la course est venue beaucoup trop tôt pour notre équipe fraîchement assemblée. L’année passée, nous avions nos trois autos sur les trois premières places de la grille. Toutes ont rallié l’arrivée avec un doublé. Le Mans 2016 est notre 19ème course en tant qu’équipe, ce qui n’est pas beaucoup. Sur un plan technique et opérationnel, nous sommes mieux préparés que jamais. Cependant, nous savons que le défi de survivre toute la semaine et surtout à la course en elle-même. Nous nous sentons prêts. »
En mode normal, la Porsche 919 Hybrid devra ravitailler tous les 14 tours. En 2015, chaque 919 Hybrid a ravitaillé en carburant 30 fois. Porsche Team a dépêché dans la Sarthe un châssis de rechange, quatre moteurs, huit boîtes de vitesses, douze ailerons, 60 jantes et 100 radios. Si la 919 Hybrid était une centrale électrique, elle pourrait éclairer la maison d’une famille allemande durant trois mois.
Toyota : La marche manquante…
Jusqu’à présent, les 24 Heures du Mans se sont toujours refusées à Toyota qui revient pour la 18ème fois dans la Sarthe. Depuis 1985, la marque japonaise a terminé à quatre reprises sur la deuxième marche du podium.
Toshio Sato, président de Toyota Motorsport GmbH, compte bien gravir une marche supplémentaire : « Le Mans est le point culminant de notre année et cette course a été au centre de la plupart de notre travail durant l’intersaison. Nous avons été en mesure de confirmer le fort potentiel de l’auto à Spa sachant que nous avons développé notre TS050 HYBRID en ayant Le Mans à l’esprit. Je suis impatient de voir comment cela va fonctionner. Cette course est bien plus que la voiture en elle-même. Elle se veut très exigeante pour toute l’équipe, y compris les pilotes. Dans des conditions aussi difficiles, il est important de donner la meilleure performance possible et d’éviter les erreurs. Nous verrons alors le résultat que nous pourrons atteindre. Bien entendu, notre objectif ultime, comme chaque constructeur LM P1, est de gagner et nous sommes prêts à combattre. Nous aborderons cet objectif à la fin de cette longue course en travaillant avec détermination et concentration maximale pour l’ensemble des 24 Heures. »
La Journée Test a été positive pour le Toyota Gazoo Racing dont les TS050 HYBRID ont bouclé 177 tours, soit 2412 km. Par rapport à 2015, la meilleure des Toyota a tourné 2,124 secondes plus vite en dépit d’une réduction de 10% de la consommation d’essence requise par la réglementation 2016. Durant l’hiver, le Toyota Gazoo Racing a travaillé sur le nouveau moteur 2,4 litres V6 turbo développé à Higashi-Fuji en proposant un groupe motopropulseur bien plus efficace que par le passé avec un système hybride qui fait la part belle à l’emploi de batteries et un passage dans la classe d’hybridation 8MJ. En parallèle, Toyota Motorsport GmbH a optimisé le châssis en repensant toutes les parties. Le package à faible appui aérodynamique fera ses débuts au Mans après une Journée Test réussie. Les problèmes de moteur rencontrés ne sont plus qu’un lointain souvenir. L’enquête approfondie a permis d’établir que les soucis étaient spécifiques au tracé de Spa avec la compression au niveau de l’Eau Rouge.
Audi : Retrouver la plus haute marche du podium…
Comme Toyota, Audi revient dans la Sarthe pour la 18ème fois. Depuis 1999, la marque aux quatre anneaux compte pas moins de 13 succès. Battus l’an passé, les Allemands aimeraient bien reprendre le trophée, mais la concurrence ne l’entend pas de cette oreille. « Nous avons déjà vu ce que réservent les défis du FIA WEC cette année » a indiqué le Dr Wolfgang Ullrich, directeur d’Audi Sport. « Il serait prématuré de tirer des conclusions claires pour la course du Mans. Nous avons beaucoup de respect pour nos adversaires qui sont très forts. » Audi Sport Team Joest peut compter sur le meilleur chrono réalisé lors de la Journée Test, mais ce chrono de Lucas di Grassi sera oublié des tablettes samedi 18 juin à 15 heures. Dix ans après le V12 TDI de 5,5 litres, Audi fait confiance à un V6 4 litres qui utilise 46,3% de carburant en moins. Avec ses deux équipages, Audi Sport Team Joest sera un sérieux adversaire pour la gagne.