En naissant à 3 km de Fiorano dans le petit village de Sassuolo en 1973, il était écrit qu’Andrea Bertolini allait s’intéresser à Ferrari. Dès son plus jeune âge, l’Italien a passé des heures et des heures au bord de la piste d’essais de Ferrari. Ce temps là est bien révolu avec 350 Ferrari de Formule 1 testées depuis qu’il a intégré les rangs de la Scuderia. Une sacré fidélité à la marque italienne ! Malgré un emploi du temps bien chargé, Andrea Bertolini roule toujours en compétition, aussi bien en ELMS chez SMP Racing où il jouera le titre GTE à Estoril, que dans d’autres championnats comme le FIA WEC. Une vraie histoire d’amour entre Andrea Bertolini et Ferrari…
Comment a débuté la relation avec Ferrari ?
« J’avais 17 ans quand j’ai commencé à travailler à l’usine. Au même moment où je travaillais sur le banc d’essais, j’avais l’habitude de rouler en karting avec le rêve de devenir pilote de course. Je n’avais pas encore mon permis lorsque j’ai eu la chance de boucler cinq tours de la piste de Fiorano au volant d’une Ferrari 355 Challenge. Ces cinq tours ont changé ma vie parce que Dario Benuzzi, pilote d’essais en chef, m’a pris sous son aile en m’apprenant le métier. La matinée, je travaillais sur les voitures et l’après-midi j’accumulais les kilomètres avec Benuzzi afin d’apprendre de précieuses leçons pour ma carrière. »
« Arriver par exemple à comprendre tous les aspects d’une voiture dans le temps le plus bref possible. En travaillant à l’usine, j’ai appris en premier les détails, comme la façon dont les moteurs sont fabriqués de même que les différents aspects de l’auto. Cela m’a permis de connaître les moindres détails parce que je faisais partie du processus de construction jusqu’à la perfection. Une fois, Benuzzi a dit : « Andrea a développé un degré de sensibilité qui signifie qu’il peut adapter son style de pilotage à tout problème et qu’au final le résultat est là ». C’est une citation dont je suis fier. La première fois que l’on m’a confié le développement d’une Ferrari, c’était la 360 Challenge Stradale. J’ai pris part au développement du début à la fin, ce qui fait que j’ai développé une relation quasi symbiotique avec cette auto, une relation que j’ai eu avec toutes les autres Ferrari. » Il y a ensuite eu la Formule 1…
« Lorsque Ferrari a commencé à vendre ses Formule 1 d’ancienne génération, tout en les conservant dans le garage, j’ai été impliqué dans le projet. Un pilote était nécessaire pour les tester. J’ai encore en mémoire la 412 T2 de 1995 qui est ma première Formule 1. C’était une voiture incroyable avec son 12 cylindres vraiment bien fait. Michael Schumacher, qui venait de rejoindre Ferrari, a demandé pourquoi elle n’avait jamais remporté le titre. Je me souviens très bien de ce jour. Je ne suis pas du genre à être facilement excité, mais quand je me suis installé dans le cockpit, avec le moteur derrière moi, je tremblais d’impatience. Pendant un moment, je me sentais comme un enfant, exactement le même feeling que lorsque je me rendais à Fiorano pour voir rouler les Ferrari et mon idole Gilles Villeneuve. Là, je me suis dit que l’un de mes rêves allait se réaliser avec ce rôle de pilote d’une Ferrari de Formule 1 à Fiorano. C’est encore aujourd’hui le moment le plus excitant de ma vie professionnelle. »
A partir de là, tout s’est enchaîné…
« La plus ancienne a été la 312 B3-74, une voiture incroyable dont je suis très friand. A compter de ce modèle, j’ai piloté tous les F1 de la Scuderia jusqu’à 1982. Il n’est pas facile de faire un classement. Je suis très enthousiaste sur le modèle 1974. C’est comme un karting en plus grand et plus puissant, une auto très légère que l’on peut contrôler en dérive. A cette époque, la sécurité était très précaire mais c’était comme ça. Puis, j’ai aimé la F187/88, la dernière Ferrari équipée d’un moteur turbo avant la F14 T. Elle était facile à piloter et incroyablement agile malgré sa boîte de vitesses traditionnelle. Il y a eu aussi la F1-90 avec laquelle Alain Prost a bien failli remporter le titre. »
La période GT a aussi été intense ?
« Paradoxalement, mes débuts en 2001 se sont faits dans une Porsche. J’avais disputé cette saison pour me faire remarquer et j’ai convaincu Ferrari de me confier une de ses voitures. C’était en 2002 avec une 360 Modena N-GT partagée avec Andrea Garbagnati. En 2003, j’ai perdu le titre lors de la dernière course à cause d’une panne banale et c’est là que ma carrière a vraiment débuté. C’est à ce moment que j’ai aussi débuté à être pilote d’essais pour l’équipe de Formule 1. J’ai ensuite eu la chance d’être impliqué dans le projet Maserati MC12 pour le championnat FIA-GT. J’ai été appelé par Jean Todt, Giorgio Ascanelli, chef du projet, et Claudio Berro. Nous avons débuté en 2004 avec un titre en 2006, puis 2008, 2009 et 2010. »
Aujourd’hui, la compétition est toujours d’actualité…
« Je reste un pilote Ferrari et Maserati, et lorsque l’un de nos principaux clients en fait la demande, alors je vais rouler pour eux. Cette année, je suis avec SMP Racing en European Le Mans Series, FIA WEC et TUSC avec Krohn Racing et les 24 Heures de Spa dans le championnat Blancpain avec AF Corse. Aux côtés de leurs pilotes, je fais mon possible pour obtenir le meilleur résultat possible et j’apprécie les victoires en dehors de prendre du bon temps avec les équipes. Ce sont vraiment de grandes expériences. »
Il y a toujours des projets secrets avec Ferrari ?
« Je roule tous les jours mais en raison de la nature secrète de certains projets, je ne peux pas en dire plus… »