Adrien Tambay en est désormais à sa troisième année dans le Championnat DTM avec Audi. Il a réussi une belle entrée en matière en 2014 en décrochant sa toute première pole position en DTM lors de la manche d’ouverture à Hockenheim et a terminé troisième derrière la BMW de Marco Wittmann et l’Audi de Mattias Ekström.
Avant de courir le week-end prochain à Oschersleben, le jeune français a bien voulu répondre à quelques questions pour Endurance-Info.
Adrien, qu’est-ce qui t’a le plus surpris en arrivant en DTM ?
« Cela fait maintenant plus de deux ans, ça remonte déjà à loin…Ce qui m’a surpris le plus, c’était le niveau de compétition, celui des pilotes, avec des qualifs et des grilles bien serrées. »
Une voiture DTM, c’est vraiment différent de la monoplace, au niveau du pilotage ?
« Pas tant que ça, car il y a une coque carbone, beaucoup d’appui aéro, un gros diffuseur, donc au niveau du passage en courbe, ça reste très élevé comme avec une monoplace, même si c’est un peu plus lourd. La seule différence que je ferais en fait, c’est qu’il faut être un poil plus propre et emmener les freins un peu plus loin dans le virage pour stopper l’inertie, sinon c’est vraiment similaire, je n’ai pas eu à repenser mon style de pilotage pour conduire une DTM. Il y a vraiment beaucoup de grip et quand je roule dans une GT, ce n’est pas du tout la même chose, c’est beaucoup moins plaisant en ce qui me concerne. Au niveau des sensations et du plaisir, je préfère le DTM. »
Tu peux faire un bilan rapide de tes deux premières saisons ?
« On peut dire que les deux saisons, pour ce qui est des performances, ont été bonnes par rapport à ce qu’on attendait de moi. J’ai eu la chance de faire un podium dès la première année à Valence, avec une deuxième place, j’étais vraiment bien sur ce circuit. J’ai fait un Top 10 au classement la première année, donc c’était bien, mais par contre je n’avais pas eu tellement de constance dans cette première année.
J’avais donc comme but dans la deuxième année d’être plus régulier et j’ai fini quatre courses consécutivement dans les points et, si on prend la deuxième partie de la saison, je suis quatrième meilleur coureur du championnat, donc l’objectif dans l’ensemble était atteint. C’était quand même un peu frustrant de ne pas avoir marqué de points dans certaines courses à cause de petites choses. La progression sur les deux saisons, c’était bien, ce sont des steps qui s’acquièrent avec de l’expérience, de la confiance et de la constance. La première saison, c’est la plus facile, parce qu’on n’a pas forcément de pression, même si on se la met soi-même un peu, par contre la deuxième saison, c’est plus compliqué parce qu’il faut confirmer et la troisième année, il faut y aller… »
Chez Abt, tu commences à être désormais un habitué…
« Oui, je commence à être un peu chez moi…Depuis le début, on a une bonne relation et ça se passe bien. Maintenant, je commence à être vraiment à mon aise, Je parle avec tout le monde très ouvertement, et ça fait avancer les choses beaucoup plus rapidement qu’au début où on ne sait pas trop sur quel pied danser. J’ai une certaine proximité avec mon ingénieur, Franco Chiocchetti . C’est la première fois dans ma carrière que je peux travailler d’une année sur l’autre avec le même ingénieur. Quand on débute en sport auto, on change d’équipe, de voiture, de catégorie. Quand je suis arrivé, j’avais un ingénieur anglais et la deuxième année, j’ai commencé avec Franco et je continue cette année, on a une bonne petite équipe et on bosse bien ensemble. »
Est-ce que la règlementation 2014 du DTM a un peu changé la donne ?
« Une nouvelle réglementation change toujours un peu la donne, mais je pars du principe que quelle que soit la nouvelle règlementation, ce sont toujours les meilleurs qui s’en sortent. Maintenant, il faut réfléchir à toutes les nouveautés : on n’a plus qu’un seul ravitaillement, il ne faut pas se rater, car c’est plus difficile de remonter en course, on ne peut plus se décaler au niveau des arrêts comme on pouvait le faire avant. Cette année, ça a bien commencé, heureusement, mais il va falloir continuer. L’année dernière, à la limite, on pouvait se permettre de faire une mauvaise qualification et se décaler par rapport aux autres pour revenir en course, avoir un très bon rythme et gagner des places. Cette année, je pense que c’est beaucoup plus compliqué, car il y a moins de possibilités stratégiques différentes. »
C’est peut-être plus lisible pour le spectateur ?
« C’est peut-être plus facile pour comprendre, je ne sais pas si ça va être plus intéressant pour eux. C’est plus simple à gérer pour eux, pour nous aussi honnêtement. Ce que je réponds toujours, c’est que nous pilotes, au niveau du règlement, on n’a pas notre mot à dire. Si c’est mieux pour le spectateur, pour le spectacle, il faut faire avec. A la fin de la journée, il faut toujours que ça soit mieux pour le spectateur. »
Quelle est la différence entre l’Audi 2014 et l’Audi 2013 ?
« Pendant deux ans, on a eu la même voiture et là les trois constructeurs ont une voiture différente. L’aérodynamique de la voiture est sensiblement différente, même si pour le moteur c’est similaire à l’année dernière. »
Est-ce que la RS5 DTM et les autres vont plus vite que l’an dernier ?
« On va plus vite que l’année dernière, oui. Je crois que j’ai fait le record de la piste en qualif à Hockenheim. C’est difficile de dire de combien de degrés on va plus vite cette année parce que les conditions de piste ne sont jamais les mêmes, avec des températures différentes, mais on va plus vite. »
Revenons un peu sur la course de Hockenheim…
« C’était vraiment top. Je n’ai pas roulé pratiquement pendant cinq mois et demi cet hiver contrairement à d’autres et il fallait que je refasse mon retard au plus vite. J’ai pris les choses par le bon bout, j’ai toujours été dans le rythme. On attendait quand même de voir que ce que les BMW et les Mercedes allaient faire et au final on était bien, les BMW aussi alors que les Mercedes étaient en retrait. J’ai réussi à faire les choses dans l’ordre, alors que l’année dernière, avec le système de qualifications, ça avait été compliqué sur un tour et là, je suis sorti au bon moment et j’étais ravi de faire ma première pole. Ensuite, pour la course, on avait des interrogations sur le comportement des pneumatiques, on n’était sûr de rien. Donc, j’ai géré les pneumatiques pour être sûr de ne pas avoir de problèmes. C’est peut-être pour ça, je pense, qu’on n’a pas gagné la course, c’est aussi à cause des incidents, des pneus, du fait d’éviter des pénalités en cas de passage en dehors de la ligne de course, mais globalement je suis content. Prendre 15 points pour la première course, c’est top. »
Est-ce qu’il y a des circuits mieux adaptés à l’Audi que d’autres ?
« Normalement, à Hockenheim, les BMW sont bien. A Oschersleben, si on se réfère aux années précédentes, ça devrait convenir à Audi. Maintenant, la voiture est différente, donc dire qu’on était bien l’année dernière et qu’on sera bien cette année, c’est un raccourci facile et pas sûr. Honnêtement, on va prendre circuit par circuit, essayer de trouver les meilleurs réglages possibles. Je pense qu’on a une voiture qui possède une bonne base. »
As-tu des circuits préférés parmi ceux qui sont au calendrier du DTM ?
« J’aime bien le Red Bull Ring, le Nürburgring, j’aime bien Moscou. C’est dommage qu’on n’ait plus Zandvoort car j’aimais beaucoup, beaucoup, donc c’est un peu dommage. Je n’aime pas du tout Brands Hatch, du moins le petit circuit, on n’y revient pas, tant mieux. Je dirais que j’aime tous les circuits du championnat, avec un petit moins pour le Lausitzring. Le reste, j’aime bien. »
Quels seront les principaux concurrents, à ton avis ?
« Honnêtement, je pense que c’est tout le monde, à chaque course. Qui aurait pu dire par exemple que j’aurais fait la pole à Hockenheim ? Je pense que d’une qualif à l’autre, d’une course à l’autre, ça peut changer, parce que c’est tellement serré et qu’il y a tellement de bons pilotes qui peuvent gagner. Je pense que sur les 23 pilotes, il y en a 20 capables de gagner une course. »
Et Marco Wittmann, qui a été très bien en avant-saison ?
« Il a dominé à Hockenheim, c’est vrai, mais ailleurs non. Marco, il a toujours été vite à Hockenheim, je le connais bien puisqu’on était en Formule BMW ensemble, c’était mon coéquipier. C’est un pilote très rapide, mais il faut attendre de voir sur les courses à venir. Il y d’autres pilotes rapides qui ont plus d’expérience du DTM que lui. A la limite chez BMW, je vois plus des pilotes comme Augusto Farfus ou Bruno Spengler. Farfus, il n’a pas eu une bonne course à Hockenheim, mais il sera sûrement dans le coup cette année. Mais chez nous, chez Audi, on a aussi de très, très bons pilotes… »
Les Mercedes-Benz ont l’air d’avoir du mal…
« Oui, j’espère que ça va s’améliorer, dans l’intérêt du championnat. Ce n’est jamais agréable de voir un constructeur un peu en retrait. Je suis un peu surpris, je pensais qu’ils cachaient leur jeu pendant l’intersaison, mais apparemment ils ont quelques soucis avec leur voiture, mais je leur fais confiance pour revenir. En Formule 1, ça marche plutôt bien pour eux, donc il n’y a pas de raison pour qu’en DTM ce soit différent. C’est sûr que la concentration sur la F1 est maximum, mais Toto Wolff ne va pas en rester là pour le DTM, on peut lui faire confiance… »
As-tu déjà pense à un après DTM, en endurance par exemple ?
« Pour l’instant, je suis concentré sur le DTM à 100%. Pour moi, actuellement, l’avenir c’est le DTM. Après, l’endurance, oui, bien sûr, mais il faudrait que ce soit dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, ces conditions, je les ai en DTM. Par exemple, je ne m’imagine pas aller au Mans autrement qu’avec un constructeur, ailleurs qu’avec Audi. Il faudrait que ce soit avec un programme avec plusieurs courses. Si tu fais deux courses par année, comme Filipe cette année, ce n’est pas très attractif, c’est pour ça qu’il a trouvé un autre championnat à faire. Les 24 Heures du Mans, en ce moment, c’est un des sommets du sport auto, donc il faut une très bonne équipe. Si par exemple le Dr Ullrich m’appelle, je serais forcément intéressé…Ce qui serait bien, ce serait qu’il y ait comme par le passé des doubles programmes. Mais pour l’instant, je suis très bien en DTM et j’ai envie de faire une belle saison. »