Pour Endurance-Info, le Japon était encore une terre quasiment inconnue si ce n’est la visite de l’ami Anthony à Okayama en 2009. Cette fois, place à Suzuka avec le SUPER GT et une manche de six heures. La présence de Fred Mako au sein du peloton du championnat GT japonais a sans conteste aidé à nous faire venir au pays du Soleil Levant. Depuis le lancement d’Endurance-Info, le championnat tient une place bien légitime grâce à Claude, fervent défenseur du SUPER GT en France. De plus, les présences de Erik Comas, Jérémie Dufour, Sébastien Philippe, et plus récemment Benoît Tréluyer et Loïc Duval, ont forcément contribué au développement de la rubrique dans ces colonnes. Dès le début d’année, nous voulions inscrire un meeting SUPER GT à notre calendrier mais il restait encore à trouver une date qui corresponde à notre emploi du temps. Par chance, Suzuka était libre et nous avons sauté le pas de venir voir ce que beaucoup de pilotes apparentent plus à un championnat de prototypes qu’à des GT. Banzaï !
Un long long vol…
Cela n’aura échappé à personne que le Japon, c’est loin et même très loin… En même temps, on commence à avoir l’habitude des longs voyages, surtout après le périple argentin de San Luis en 2011 (certainement notre meilleur souvenir à ce jour). L’idée est donc de passer une semaine au Japon avec Fred Mako, pilote de la HSV010-GT/Dome. Vous imaginez bien que nous n’avons pas eu le temps d’apprendre la langue avant de partir. Un vol direct de 11h30 rempli de japonais m’a déjà bien permis de voir la différence avec un vol bardé d’occidentaux. Là tout le monde se met en pantoufles dès l’arrivée dans le Boeing 777 sachant que nous ne devions être que cinq occidentaux sur tout le vol. L’avion est encore sur le tarmac que tout le monde dort déjà. Un étrange silence qui tranche avec ce que l’on peut connaître habituellement. Dans ce cas-là, pas besoin de casque anti-bruit. Par chance, le vol est affrété par Air France si bien que tous les messages sont donnés en Français et en Japonais, tout comme le menu. Prendre l’avion à 13h50 pour un vol de 11h30 n’était certainement pas la meilleure chose à faire pour appréhender de la meilleure des façons le décalage horaire. J’ai encore en mémoire le message de Fred avant de partir : « attends toi à prendre cher en décalage horaire. » Heu t’es gentil Fred mais faudrait pas me prendre pour un lapin de six semaines. Certes, sauf que j’avais oublié que la direction n’était pas la même que pour le continent américain et que pour aller aux Emirats Arabes Unis, le vol est tout de même plus court. Pas moyen de fermer l’œil une seule minute (merci Homeland 2) pour une arrivée prévue à Osaka Kansai International à 8h25 le mercredi matin, sachant que ma dernière nuit de sommeil remontait à lundi soir et qu’il fallait encore attendre jusqu’à mercredi soir pour dormir. Vous connaissez ma faible addiction pour le café et de faible addiction je pense que j’allais passer à addiction tout court. Au moment de se poser, le commandant de bord indique une température extérieure de 29 degrés. 29 ? Mais il est 8h du matin !?!?!? En quittant l’avion, je me rends bien compte que toutes les allées et sièges sont propres comme si personne n’était passé. On peut dire que ça tranche avec ce que l’on connaît.
Big in Japan…
Me voilà donc en terrain japonais. Une aiguille dans une botte de paille. L’aéroport d’Osaka n’est pas ce que l’on pourrait appeler petit et il reste à passer les formalités douanières. Comme pour les Etats-Unis, je certifie que je n’ai pas été condamné pour crime et que je ne transporte pas de drogue avec moi. En drogue, j’ai hésité à mettre : ordinateur et téléphone. Vu que nous n’étions que très peu d’occidentaux dans le vol, le comptoir était nettement plus dépeuplé pour les “non japonais”. Je montre mon passeport à l’entrée de la file, le japonais me répondant avec le sourire « bon séjour ! ». Là va falloir prendre de la graine en France et pas qu’un petit peu… Je passe le premier contrôle d’immigration sans le moindre souci avec aucune question si ce n’est une demande de prise d’empreinte. Il reste encore à récupérer le bagage et trouver la sortie après une fouille de la valise par un contrôleur, mais toujours avec le sourire. En attendant Fred, il me faut quelques yens car ce n’est pas avec mes 30 euros en poche que je vais aller loin. Les distributeurs ne sont pas légion dans le hall de l’aéroport mais il y en a un caché tout près des toilettes. Je tiens à remercier dans ces lignes ma charmante banquière de m’avoir conseillé de prendre une carte Visa et une Mastercard. Le guichet m’indique en Anglais que la Mastercard n’est plus autorisée depuis le mois d’avril dernier. La même mésaventure m’était déjà arrivée l’an passé en Azerbaïdjan. Je n’ai pas regardé le taux de change avant de partir si bien que je n’ai aucune idée de combien retirer. Ouh là le premier chiffre me donne au moins six zéro sauf que moi je ne veux pas acheter une Toyota Prius mais bien retirer un peu de liquide. J’ai le droit à un beau billet de 100 000 yens. Pour attendre Fred, je sors de l’aéroport et là coup de massue. J’ai la nette impression qu’il fait 350 degrés dans l’air. La chaleur est étouffante si bien que je défie la fille de la pub Axe de venir avec son déodorant qui soit disant arrive à tenir 24 heures. En cinq minutes à l’extérieur, j’ai la nette impression d’avoir perdu 10 litres d’eau. Il n’est que 9 heures du matin et une longue journée m’attend…
Fred arrive et ma première question est : il fait toujours aussi chaud ? Et sa réponse m’inquiète quelque peu : « Ah non là il fait frais, on a perdu pas mal de degrés en quelques jours. » Ah ben nous voilà bien. Mon périple n’est pas terminé car il nous faut prendre le train pour une bonne heure en direction de Kyoto. Le train s’apparente à un TER mais d’une propreté incroyable que l’on pourrait s’allonger au sol. Durant la bonne heure et demie de trajet, à aucun moment on ne quitte les zones urbaines. Etrange ! C’est là que je me dis que j’ai fait lever l’ami Fred de très bonne heure (ndlr : 5h30). Une fois arrivé à Kyoto Station, direction l’arrêt de bus où l’on monte par l’arrière avant de payer à l’avant tout juste avant de descendre. Essayez donc de faire cela en France et tout le monde resquille. Là rien de tout cela avec un respect des autres incroyable. Au fil des arrêts, le bus est bondé et il n’est pas rare de voir des yeux se fermer le long de la vitre. Un vrai sommeil réparateur. Je suis étonné de voir que malgré l’âge de notre bus (old school), il est équipé d’un stop and start qui s’enclenche à chaque feu ou arrêt. Près de quarante minutes plus tard, nous arrivons à destination mais il reste encore environ 500 mètres à parcourir à pied, la température ambiante ayant pris au moins 300°C de plus depuis ma sortie de l’aéroport. Là vous pouvez éviter toute plage à moins de terminer griller. Une bonne douche s’impose avant un thé.
C’est parti ensuite une découverte de la ville. Le pass d’une journée (équivalent de 4 euros) pour le bus nous permet d’aller n’importe où à loisir. Après un passage par Starbucks pour un café, direction le marché couvert de Nishiki Ichiba que les locaux appellent plus communément Nishiki. L’endroit est assez atypique avec une longue ruelle d’environ 400 mètres sur 3 mètres de large située entre les boulevards Teramachi et Takakura. On y trouve une bonne centaine de foyers et autres étalages avec poisson, légumes et même des stands de dégustation. On n’ira pas jusqu’à dire que tout est appétissant…
Kyoto est une vraie mégalopole de plus de un million d’habitants. C’est comme qui dirait le cœur culturel du pays. On y trouve 1600 temples boudhistes et pas moins de 400 sanctuaires shinoistes. Après le marché couvert, direction un temple pour une visite. L’endroit respire la spiritualité et les touristes y sont nombreux, même français… Kyoto est une ville qui vit aussi bien la nuit que le jour et les rues sont toutes aussi encombrées à 10 heures qu’à 22 heures. Pour nous, la journée se termine dans un restaurant local avec un repas italien mais servi sur une plancha. Comme dans toute maison japonaise, il faut laisser ses chaussures à l’entrée dans un petit coffre où on vous donne la clé. Au moment de partir, on demande l’addition, “the bill” en Anglais et la serveuse nous amène “the beer”. A l’extérieur, la chaleur est quelque peu retombée dans Kyoto mais il doit encore faire au moins 30 degrés. Retour à l’appartement en bus où une nuit salvatrice m’attend sur un lit japonais à même le sol. Deux heures du matin et toujours pas de sommeil. Pour la nuit salvatrice, on repassera… Réveil à 7 heures du matin pour écrire cette première chronique japonaise où Fred part faire une grosse virée sur un vélo de marque “Voss” (dédicace pour Vincent). Bonne journée !
Laurent Mercier