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Réflexion personnelle à l’issue des 24 Heures de Spa.

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Le rideau est tiré sur la 65ème édition des 24 Heures de Spa et il est temps de dresser un bilan du double tour d’horloge ardennais. Cela n’aura échappé à personne que la course a réuni cette année tous les grands constructeurs, impliqués d’une façon indirecte puisque l’objectif de la catégorie GT3 est de laisser les équipes privées faire briller les autos des différentes marques. Les camions « Customer Support » étaient bien présents dans le paddock spadois. Nous avons eu la chance de visiter celui d’Audi Sport Customer Racing. On peut vous dire que le staff bichonne les équipes tout comme c’est le cas chez la concurrence aussi bien chez Mercedes, McLaren ou BMW. Ce quatrième round de la Blancpain Endurance Series a fait le plein tant sur la piste qu’en dehors. Certes avoir environ 65 000 personnes n’est pas comparable aux 200 000 des 24 Heures du Mans mais il faut comparer ce qui est comparable. Après une époque tourisme, on a eu droit à l’épopée GT1 puis maintenant GT3. On n’écrira pas comme on pu le faire des médias belges de dire que c’est un regret de ne plus voir de voitures de tourisme aux 24 Heures de Spa. On veut bien être gentil mais si c’est pour voir en découdre des Chevrolet Cruze ou des Peugeot 308, autant rester à la maison. On ne pense pas qu’une auto roulant en WTCC fasse vibrer le public, au contraire d’une Porsche 911 GT3-R ou d’une McLaren MP4-12C. Vous connaissez notre penchant pour les GT1 mais il faut savoir vivre avec son temps et s’adapter. Oui une Aston Martin DBR9 avait de la gueule et de la voix mais la V12 Vantage GT3 a tout de même de sérieux arguments pour elle. Les Français sont réputés pour être chauvins mais chez nos voisins on n’hésite pas à dire qu’il n’y a pas assez de Belges au départ. Puisqu’il en est ainsi, on va imposer d’avoir 3/4 de pilotes français aux 24 Heures du Mans. Pourtant la web-tv a été commentée par un Belge et un Français.

 

Stefan Mücke a décroché la pole en 2.20.675 sur l’Aston Martin V12 Vantage GT3/Beechdean AMR sachant que la pole décrochée par une GTE-Am (Aston Martin Vantage GTE) aux 6 Heures de Spa en mai dernier était à l’actif du regretté Allan Simonsen en 2.20.355. On ne peut pas comparer avec les chronos du GTE-Pro puisque ces dernières sont équipées de pneus dits « confidentiels » 2013. Lors des débuts du GT3 (2006), le meilleur chrono des 24 Heures de Spa était déjà pour une Aston Martin, mais une DBRS9 avec un 2.28.6 contre 2.14.9 à la DBR9 (GT1) de tête. En sept ans, les autos de la catégorie GT3 ont gagné huit secondes. Quand on sait comment il est difficile de gagner un dixième sur la piste. Ces chiffres sont juste donnés pour montrer si besoin en était que les GT3 sont de vraies voitures de course et non des autos de route transformées pour rouler sur circuit. En quelques années, les 24 Heures de Spa sont devenues LA course à gagner en GT. On a aussi les 24 Heures du Nürburgring mais à Spa on parle d’une même et unique catégorie en piste.

 

Le changement de cette édition 2013 par rapport au passé reste le nombre d’abandons dans les équipes de pointe en Pro-Cup. On note une seule Audi/WRT à l’arrivée, pas de BMW/VDS, pas de McLaren/Hexis Racing, pas de McLaren/ART Grand Prix, pas de Ferrari/Kessel Racing, pas de Mercedes/ROWE, pas de BMW/Vita4One, pas d’Aston Martin/GPR AMR, etc… Les réunions du lundi matin 8 heures chez McLaren, Audi et BMW ont dû être assez bruyantes. Les pilotes ont pourtant tout donné comme les équipes. Cette course d’endurance n’avait d’endurance que le nom, tout le monde étant parti sur un rythme endiablé. Pas de concession ni d’attentisme, full attaque dès 16h30 ! Si dans l’ensemble les hommes ont tenu, les mécaniques ont beaucoup souffert. Il n’y a guère que Porsche qui soit passé au travers des embûches. Les neutralisations ont été peu nombreuses mais surtout très courtes. Pourtant on a frôlé la correctionnelle au départ avec un Alessandro Pier Guidi qui a vu son rythme cardiaque monter d’un seul coup. On a beau revoir les images, les tourner dans tous les sens, on ne sait toujours pas comment un plateau de plus de 60 furieux a pu éviter la Ferrari en perdition au beau milieu de la piste en haut du Raidillon.

 

On attendait la pluie pour venir brouiller les cartes mais elle n’est pas venue. Si au Mans on avait l’impression que la pluie faisait une fixette juste au-dessus du circuit, à Spa ce fut totalement l’inverse puisque seul le tracé a été épargné par les orages. Spa sans pluie n’est pas Spa diront les habitués mais pourtant il faut bien se rendre à l’évidence que la chaleur a régné toute la semaine comme l’a été le public. Le double tour d’horloge ardennais a la particularité de faire cohabiter Pro et Am mais aussi les acteurs et le public. On est bien loin d’un paddock fermé. Tout est ouvert et chacun a pu à loisir naviguer entre les stands pour voir évoluer les équipes. L’autre gros plus a été la mise en place d’un stand Endurance Info en partenariat avec les Total 24 Hours of Spa et les Blancpain Endurance Series. Vu le succès rencontré, vous pouvez être certains que l’initiative sera reconduite en 2014 et on peut que remercier le Manager Général du championnat et de la course d’avoir eu cette idée. Même chose pour les conférences GT3 organisées le mercredi matin dans diverses équipes. Le public a apprécié et les équipes ont toutes joué le jeu à merveille. C’est aussi ces initiatives qui rapprochent le public de la course. Voir les autos rejoindre le centre-ville de Spa par la route est aussi un des grands moments de la semaine.

 

Le fait de ne plus avoir aucune place disponible dans l’enceinte du circuit montre l’intérêt pour cette course. Il a même fallu déplacer à plusieurs reprises notre toute petite Audi A1 quattro pour faire de la place, alors c’est dire… Juste une parenthèse pour répondre à ceux qui pourraient nous dire qu’Audi nous a acheté en nous prêtant une des 333 A1 quattro, sachez que l’accès presse (hors point presse) ne nous a pas été accordé. Juste une mise au point ! Pour Endurance Info, cette semaine a été intense puisque nous avons pu vivre l’événement au cœur de l’événement. Pour mieux comprendre les rouages d’une telle organisation, les Total 24 Hours of Spa nous ont ouvert leurs portes. Là aussi certaines mauvaises langues vont croire qu’on a nous a acheté en nous octroyant un pass « organisation » alors qu’au final cela nous évite d’écrire des bêtises comme on a pu en lire ici et là. Assister à tous les briefings (pilotes, organisation, direction de course, relation concurrents, etc…) nous a permis de voir comment fonctionnait une telle course avec ses à-côtés.

 

Aucune porte ne nous a été fermée et on tient à remercier toute l’équipe de SRO pour leur confiance. Le but pour nous n’est pas de tout divulguer mais bien de comprendre le mécanisme et on peut vous assurer que les problèmes à régler sont nombreux. Il a même fallu mettre la main à la pâte pour conduire les Porsche Cayenne et autres 911 Carrera de l’organisation. Dur ! La Web TV a tellement fonctionné que l’opération pourrait être reconduite (en langue française) lors du prochain meeting et même sur l’intégralité de la saison 2014. La couverture des 24 Heures de Spa 2014 pourrait même être augmentée. Vous l’aurez sans doute remarqué, les GT3 étaient équipées du système Lumirank pour mieux voir les positions. Dans l’ensemble, tout a bien fonctionné si ce n’est celui de la Porsche/Manthey et d’une Nissan.

 

Chez Pirelli, on semble satisfait de cette édition même si les concurrents n’ont pu boucler que des simples relais au contraire des doubles l’an passé avec Michelin. En ces temps d’économie de matière première, on ne peut pas dire que ce soit dans l’air du temps de changer de gommes à chaque relais. On a beau nous dire dans le camp italien que la course était tellement intense que les équipes ont préféré opter pour des changements à chaque ravitaillement, nous restons sceptiques sur le sujet. La règle des 65 minutes max avant de ravitailler est maintenant bien ancrée et plus personne ne se plaint. Tout le monde s’est adapté. Il reste la Balance de Performance. Certes les Audi ont manqué de performance pure malgré la présence d’une R8 LMS ultra sur le podium. A la régulière il n’était pas possible de suivre le rythme endiablé des leaders. Audi ne pouvait compter que sur la pointe de vitesse de ses pilotes pour briller. A l’arrivée, on a tout de même cinq marques différentes dans le Top Ten, ce qui fait qu’on ne doit pas être trop loin de la vérité. On a même eu à quelques heures de l’arrivée cinq constructeurs différents aux cinq premières places. Mercedes a su corriger les défauts pour l’emporter. C’est bien une SLS AMG GT3 qui l’a emporté mais c’est surtout qui HTP Motorsport qui a su exploiter au mieux sa monture, le tout avec des pilotes qui ont fait le job attendu.

 

Une chose que l’on peut regretter est que le musée ROFGO était payant. Quinze euros plus cinq pour avoir le programme est tout de même trop cher. Il est encore bien trop tôt pour connaître le plateau 2014 mais il se murmure déjà que des noms de pilotes bien connus sur la scène mondiale pourraient se laisser tenter par une aventure spadoise. En attendant, la Blancpain Endurance Series a déjà annoncé son calendrier 2014, celui-ci étant identique en tous points à 2013. Stéphane Ratel peut être satisfait d’avoir eu cette idée de GT3 à une époque où tout le monde ne jurait que par les GT1 et GT2. On ne peut pas mettre en concurrence des GTE et GT3, le créneau n’étant pas le même même si on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir. Il ne faut pas oublier qu’il n’est pas exclu de voir une GT3 (GTC) remporter la première manche de l’Asian Le Mans Series en fin de semaine. Quand on vous dit que le GT3 est devenu mondial avec comme vitrine les 24 Heures de Spa…

 

Laurent Mercier

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