Norbert Santos fait partie du paysage du sport automobile national depuis plusieurs décennies. Ses châssis gagnent partout, du championnat VdeV Endurance Series à Pikes Peak en passant par les 25 Heures de Thunderhill ou les courses de côte en Europe. Norma Auto Concept a terminé la campagne 2015 avec le titre VdeV pour les pilotes du CD Sport. La Norma M20 FC reste l’une des terreurs des pelotons d’un championnat très relevé. Quand la catégorie LM P3 a été lancée, on s’est de suite dit que Norbert Santos allait plonger mais le constructeur basé à St-Pé-de-Bigorre a préféré prendre le temps de bien réfléchir le dossier. La limitation tardive du nombre de constructeurs a mis à mal ses envies mais la confiance est de mise dans les Pyrénées. Entretien avec une figure du sport automobile français…
La Norma M20 FC a encore de beaux jours devant elle ?
« Cette année, nous aurions pu prendre la décision de construire une nouvelle auto mais je pense que ce n’était pas sain. Il ne faut pas déséquilibrer le modèle économique du VdeV. Les autos se revendent bien et les équipes maîtrisent le produit. Si nous avions décidé de lancer une toute nouvelle voiture, il aurait fallu que Onroak en fasse de même. L’idée serait de partir en même temps. La Norma a fortement évolué ces deux dernières années. Nous avons vendu plus de 300 CN à ce jour, dont une bonne centaine de châssis carbone. Près de vingt autos roulent aux Etats-Unis. Le règlement VdeV est en peu en marge de celui de la FIA. L’Italie, le Portugal, les Etats-Unis et la Belgique se sont alignées sur le VdeV, ce qui fait que les autos peuvent rouler dans tous les championnats sans modification. Il ne faut pas oublier le TTE et la Coupe de France des Circuits. Les CN ont encore une vraie valeur à la revente. »
Il n’y a pas de crainte de voir le marché du CN s’effondrer suite à l’arrivée du LM P3 ?
« On a pensé que le LM P3 pouvait faire mal au CN. Pour certaines équipes, le passage en P3 est la suite logique. Cependant, le CN se porte très bien tout comme le P3. Pour un pilote qui recherche la performance à un coût réduit, le CN est l’auto idéale. Actuellement, c’est trois secondes moins vite qu’une P2 sur certains tracés et une seconde plus vite qu’une P3. Pour 100 000 euros, on a une auto taillée pour l’endurance. Tout est conçu de façon à pouvoir disputer une saison complète sans frais à l’exception du consommable. Le moteur est strictement de série. Le prix au kilomètre est imbattable. Le seul inconvénient reste les vibrations qui ont tendance à détruire le faisceau électrique et la connectique. On trouve toujours des solutions pour y pallier. »
Le marché du P3 est intéressant mais Norma est absent…
« On a regardé de près le LM P3 qui nous semble très intéressant. On voulait le faire dès le début car nous avons participé aux différentes réunions avec l’ACO. Avant de s’engager définitivement, nous avons voulu trouver le moyen de réaliser un beau projet qui tienne la route. Par la suite, le nombre de constructeurs a été limité. On a malgré tout espoir d’être présent à l’avenir. L’étude a débuté depuis un moment. Le produit est attrayant. Personnellement, je ne suis pas favorable à ce qu’on limite le nombre de constructeurs en P3. »
Cela permet d’avoir un meilleur modèle économique ?
« Trouver le bon modèle économique en LM P2 n’est pas simple et le LM P3 doit permettre à des gens comme nous d’y arriver. L’étude pour une LM P3 est plus importante que pour une CN même si le cahier des charges est quasiment identique. Une CN n’est pas une auto au rabais. La LM P3 est figée pour quatre ans. Des équipes nous ont déjà contacté et l’intérêt est encore plus grandissant après avoir vu les LM P3 déjà existantes. »
Il y a des projets en cours avec Romain Dumas ?
« (rire) Romain n’est jamais à court de projet. Retourner à Pikes Peak pour gagner n’a pas grand intérêt mais y aller pour battre le record, là ce n’est plus la même chose. Pour cela, il faut une toute nouvelle auto. Pikes Peak est intéressant car le cahier des charges est ouvert. »