Romain Monti, après avoir couru pendant plusieurs années en Porsche Carrera Cup France avec Pro GT by Almeras et Yvan Muller Racing, a délaissé les Porsche 911 GT3 Cup pour une Maserati Gran Turismo MC Trofeo (moteur V8 4691 cm3, 485 chevaux pour 1400 kg) et disputé le Maserati Trofeo.

Le pilote français – qui aura 25 ans en décembre prochain- a parfaitement réussi cette reconversion, puisqu’il est actuellement  leader du championnat, avec 40 points d’avance sur son dauphin Ricardo Ragazzi avant les deux  dernières courses à Abu Dhabi en décembre prochain, et qu’il ne lui manque plus qu’un seul petit point pour être assuré du titre.

Romain a livré gentiment quelques impressions à Endurance-Info :

Qu’est-ce qui t’a amené à courir dans le Maserati Trofeo ?

“Après 5 années de compétition sur le sol français, dont 4 en Porsche Carrera Cup, je cherchais à participer à un championnat international. Pour plusieurs raisons : voir ce qu’est le sport-automobile au delà de nos frontières, et aussi acquérir l’expérience de circuits internationaux. Le Maserati Trofeo était le choix idéal. C’est une marque prestigieuse qui parle à tout le monde, avec un passé très fort en compétition. Le championnat propose également de rouler sur des circuits exceptionnels. De plus c’est une formule monotype et c’est vraiment quelque chose que j’apprécie en sport-automobile. On se bat à armes égales.”

Comment situes-tu le niveau du Trofeo, côté pilotes, et du championnat dans son ensemble ?

“L’univers du Maserati Trofeo est particulier. D’un côté on a les vrais gentlemen drivers qui roulent également en Blancpain, en Ferrari Challenge ou Porsche Cup qui viennent se faire plaisir au volant de voitures prestigieuses. De l’autre on a les pilotes aguerris qui connaissent très bien le championnat pour y rouler depuis de nombreuses années, dont certains depuis sa création. Aussi, on a pu voir que le championnat a su attirer des pilotes de très bon niveau comme Marcos Martinez, ancien pilote de GP2 et 3.5, Freddie Hunt et Derek Hill ou encore Shinji Nakano, ancien pilote de Formule 1. Le championnat se veut plus accessible que la Porsche Cup par exemple, mais le niveau en tête est très bon.”

Que penses-tu du format des week-ends du Trofeo et de son organisation en général ?

“Le format est bien pensé, le temps de roulage est assez important. De plus, la préqualification, la superpole et la grille inversée pour la course 2 ajoutent du suspense dans le week-end. Roberto Bozzi et son équipe font du très bon travail, notamment concernant la logistique qui ne doit pas être simple à gérer avec tous ces déplacements aux quatre coins du monde.”

Quel est l’apport de Maserati Corse ?

“Le Maserati Trofeo est pour le moment l’unique activité de Maserati en compétition. Maserati est une marque de voitures de sport à très forte image, sa présence en compétition est donc indispensable. Le Maserati Trofeo est une belle vitrine pour la marque et c’est pour ça que Maserati Corse est très impliqué afin de proposer un championnat de qualité, notamment grâce aux circuits visités.”

Quelle est l’ambiance dans la  série ?

“L’ambiance est très bonne avec de nombreux pilotes italiens, ça rigole beaucoup !  On a beaucoup de nationalités réunies, c’est donc sympa d’évoluer parmi des cultures différentes. Je m’entends bien avec la majorité des pilotes.”

Peux-tu comparer ta Maserati avec une Porsche de la Carrera Cup ?

“Tout comme la Porsche, la Maserati est dépourvue d’assistance. Nous n’avons ni  traction control, ni ABS, et une puissance entièrement transmise aux roues arrières. La Maserati est plus puissante que la Porsche, mais propose moins de grip. Au final la Porsche est plus incisive, plus légère et donc plus rapide mais la Maserati est très agréable à piloter car très prévenante.”

Tu as fait plusieurs courses avec des « guest drivers » comme Shinji Nakano. Est-ce un plus ou cela perturbe-t-il un peu les concurrents réguliers du Trofeo ? 

“En terme d’image c’est un vrai plus. De même, sportivement, se confronter à un pilote de F1 sur son sol c’est un challenge intéressant. Dans les deux courses de Suzuka j’ai d’ailleurs bataillé avec Shinji. Sur la première course je le double pour prendre la deuxième place. Sur la deuxième course, malheureusement on s’accroche alors qu’on était en bataille pour le podium et cela me propulse hors des points. C’est frustrant car j’aurais pu remporter le championnat avant la finale, mais ça reste néanmoins une excellente expérience.”

En dehors de Riccardo Ragazzi, quels ont été tes concurrents les plus sérieux ?

“Les frères Curti, habitués du championnat, sont réellement montés en puissance tout au long de l’année, notamment Lino qui s’est invité sur le podium à plusieurs reprises et à manqué la victoire de peu. Egalement, Adrien de Leener, qui évolue aussi en Blancpain est très rapide et on s’est livré de belles batailles pour le podium. Quand il est en confiance, Giuseppe Fascicolo est un adversaire coriace capable de se battre pour la victoire.”

Tu as eu l’occasion de découvrir plusieurs circuits célèbres. Lequel est  ton préféré ?

“J’ai eu la chance de poser mes roues sur des circuits très différents de ce que je connaissais. Virginia est vraiment un challenge très intéressant. C’est un circuit très technique au milieu de l’herbe où la faute n’est pas tolérée. Mais Suzuka reste vraiment le circuit marquant de cette saison. Les occasions d’y rouler sont peu nombreuses, et c’est un réel monument automobile. De plus l’ambiance au Japon est particulière et les fans particulièrement impliqués et présents! J’étais étonné qu’on me tende des photos de moi à dédicacer! Mon podium là bas, je le dédie à Jules.”

Il te manque un petit point pour être définitivement champion. Si tu faisais la pole à Abu Dhabi, tu aurais ce point. Vas-tu tenter la pole ou rester prudent et attendre la course pour marquer les points nécessaires ?

“Jusqu’à présent, à part lors de la manche d’ouverture au Castellet, j’ai toujours eu un handicap de poids allant de 30kg à 50kg dans la voiture en ayant terminé la course précédente sur le podium. Jusqu’à présent les phases qualificatives étaient donc particulièrement compliquées. La dernière course de Suzuka ne s’étant pas déroulée comme prévue, je me console en ayant une voiture sans lest pour la qualification d’Abu Dhabi. L’objectif est donc de décrocher la pole, surtout que je connais le circuit pour y avoir roulé et réalisé 3 podiums dont une victoire lors de ma première participation au Maserati Trofeo l’an dernier.”

Si tu décroches le titre, quelles perspectives cela va-t-il t’ouvrir ?

“J’ai noué de bonnes relations avec Maserati. Si l’opportunité s’offrait, je serai très content de continuer l’aventure avec eux dans un programme qu’ils pourraient proposer. Je sais que l’année prochaine le Maserati Trofeo s’arrête, mais un engagement en GT4 est à l’étude et possiblement en GT3. Mais en ce qui concerne le GT3 ce ne sera pas avant 2017. Remporter le titre serait pour moi une belle ligne sur mon CV. Ce serait mon premier titre en automobile, et en plus international. L’idée serait dnc de valoriser mon titre auprès de teams pour pouvoir me rapprocher de mon objectif d’être pilote professionnel.”

Question corollaire donc, quels sont tes projets sportifs pour l’année prochaine ? 

“Aujourd’hui rien n’est arrêté. J’attends de voir ce que Maserati proposera en 2016. De même, ayant été engagé cette année avec Saintéloc en championnat de France sur l’Audi R8 LMS ultra N°24 (Valentin Simonet champion, avec comme coéquipiers Romain Monti et Pierre Sancinena) qui termine Championne de France Junior , des discussions sont déjà entamées avec Sébastien Chétail quant à une possible collaboration en 2016 avec la nouvelle Audi R8 LMS. Je reste ouvert à toutes propositions, mais cette expérience à l’international fait que j’aimerais voir ce qu’il se passe en Europe et/ou dans le monde plutôt que rester sur le sol français.”