Le team nantais Extrême Limite –basé à Fay-de-Bretagne, non loin de la métropole nantaise- va, on le sait depuis peu, s’engager en European Le Mans Series avec une LM P3, une Ligier JS P3 plus précisément. Le team va ainsi retrouver le championnat européen Le Mans qu’il a fréquenté durant deux saisons, en 2011 et 2012 –avec en parallèle deux participations aux 24 Heures du Mans, également en 2011 et 2012) avec une Norma M200P-Judd LMP2.
Le team court cette année en VdeV Endurance Series, Série dont il est un des animateurs du Challenge d’Endurance Protos depuis de nombreuses années et a engagé cette année deux Tatuus PY012 (n°19 et n°20), étant désormais le seul team à faire courir les protos italiens. Le duo habituel de la Tatuus n°19, Léo Roussel/Jean-Claude Poirier, assisté par Jean-René de Fournoux –qui faisait son retour chez Extrême Limite après avoir été de l’aventure du Mans en 2011 et avoir souvent couru avec l’équipe en VdeV avec l’équipe- vient de terminer cinquième des 12 Heures du Paul Ricard avec cette Tatuus.
Patrice Roussel, le patron du team –lui-même ancien pilote avec six départs aux 24 Heures du Mans (trois sur WR) dont une victoire en LMP2 en 1995 avec une Debora-Ford engagée par Didier Bonnet et une deuxième place en 2004 sur WR Peugeot- a bien voulu évoquer avec nous la saison en cours du VdeV ainsi que l’avenir avec la Ligier JS P3.
Patrice, la course du Paul Ricard s’est bien déroulée ?
« Oui, nous finissons cinquièmes et c’était une course de 12 Heures, donc ce n’était pas simple. C’est notre meilleur résultat de la saison où jusqu’à maintenant nous avions connu pas mal de petits pépins qui nous ont coûté de meilleurs résultats, avec notamment pas mal d’ennuis de pompe à huile. C’est dommage, car la Tatuus est vraiment bien. Ce qui nous manque un peu, c’est de pouvoir faire des essais. »
Est-ce que Tatuus continue de faire du développement sur la PY012 ?
« Pas cette année, ils se concentrent beaucoup sur la F4, parce qu’ils ont beaucoup de commandes et qu’ils sont un peu débordés de ce côté-là, mais par contre ils sont toujours présents avec nous les week-ends de course. »
Pour les 12 Heures du Paul Ricard, vous avez fait confiance à Jean-René De Fournoux, un ancien de l’équipe (Jean-René a souvent couru en VdeV avec le team nantais et a disputé les 24 Heures du Mans avec la Norma M200P, associé à Philippe Haezebrouck et Fabien Rosier) …
« Oui, pour la principale course d’endurance de l’année, c’était bien. Nous sommes très contents de ce qu’il a fait. Jean-René, l’endurance, c’est quelque chose qu’il connaît bien. Il s’est très vite et très bien adapté à la Tatuus. C’est un très bon pilote. Il a été très rapide, Léo a également été très vite et Jean-Claude Poirier a fait son boulot, donc c’était bien. »
Est-ce qu’on reverra Jean-René avec Extrême Limite pour la fin de la saison de la VdeV Endurance Series ?
« J’aimerais bien, oui. On va voir suivant les impératifs. C’est vrai que, avec Léo et Jean-René, sans oublier Jean-Claude qui est très régulier, comme la Tatuus est bien, nous sommes dans le coup. Ce qui nous manque un peu, c’est le temps, notamment le temps de piste, pour travailler sur la voiture, sur les freins. Deux fois 1h30 de roulage, ça ne fait pas beaucoup. »
L’année prochaine, vous changez de cap, en passant au LM P3…
« Oui, tout à fait, on a fait le choix de la LM P3 car on peut rouler avec dans différents championnats, même si la priorité c’est l’European Le Mans Series. Au niveau économique, le prix est très intéressant, et au niveau des coûts, l’exploitation est raisonnable. Même si ça coûte un peu d’argent, plus qu’une CN évidemment, c’est quand même une auto qui reste proche d’une LM P2. ».
La Ligier JS P3 a une ressemblance nette avec la JS P2…
« C’est une très belle voiture, c’est indéniable. Onroak sait travailler. La Ginetta a un peu essuyé les plâtres, mais la JS P3 semble très prometteuse. Nous sommes déjà à la recherche de pilotes. »
Combien coûte la JS P3 ?
« 195 000€, avec une voiture prête à rouler, avec tous les capteurs, etc.. »
Jean-Claude Poirier est partant avec la LM P3 ?
« Bien sûr, ça l’intéresse. Une voiture comme ça, ça ne pouvait que l’intéresser. On essaie de voir si on peut engager la voiture en ELMS ainsi qu’en VdeV. On attend de voir si les programmes peuvent être conciliables, sachant quand même que la priorité, c’est vraiment le championnat Le Mans. On est en pleine discussion et c’est peut-être le bon moment pour communiquer. Tout dépendra un peu aussi des désirs de nos clients. C’est pour ça qu’on a fait le choix de la Ligier JS P3, mais pour des clients qui veulent se faire la main, le VdeV, c’est bien aussi. Le format des courses entre les deux disciplines est assez similaire, donc ça peut être une option.«
Quand allez-vous recevoir la Ligier JS P3 ?
« On va la recevoir début octobre. Dès qu’on l’aura, on pourra commencer à faire des essais, à faire essayer l’auto par plusieurs pilotes. On va pouvoir commencer à préparer la saison prochaine, pour trouver des pilotes compétents et finaliser le budget. »
Vous avez déjà plusieurs pilotes intéressés ?
« Oui, on est même un peu étonnés, car on a beaucoup de contacts de gens qui sont intéressés par la catégorie LM P3, c’est plutôt une bonne nouvelle car ça veut dire qu’Extrême Limite a fait un bon choix . Au niveau des retombées, le championnat européen Le Mans très valorisant. Il y a une couverture médiatique plus importante, c’est plus porteur. En plus, il y a la possibilité de participer à la Journée Test et Le Mans, ça fait toujours rêver. Pour les pilotes et pour le team, c’est très, très intéressant. »
Qu’allez-vous faire de la Tatuus ?
« On va l’utiliser pour notre école de pilotage. Contrairement à ce que pas mal de gens disent, c’est une voiture agréable à piloter. On l’a faite essayer à des clients et ils l’ont trouvée très sympa à conduire. Pour des gens qui n’ont pas une grande expérience et qui veulent s’entraîner, c’est parfait. Et pourquoi pas, elle pourrait être engagée en VdeV Endurance Series si c’est nécessaire au cas où des clients le souhaiteraient, et si notre emploi du temps le permet.
Cette année, ce qui nous a manqué un peu, ce sont les essais. Cela prend beaucoup de temps, il faut se déplacer sur les circuits, pour faire les réglages. Comme je disais, on n’a pas tellement de temps de piste. Si on tombe juste dès le départ, ça va, si par contre il faut changer les barres, des choses comme ça, cela devient un peu plus compliqué, surtout qu’en CN on a cette année des équipes bien affûtées, que ce soit les équipes avec des Ligier ou des Norma. Ils font plus de roulage que nous et nous sommes tout seuls. »
En qualifications, Léo – neveu de Patrice Roussel- est souvent parmi les plus rapides…
« Oui, c’est vrai. A Dijon, il n’a pas pu venir car il avait un empêchement. Mais à chaque fois qu’on a un bon set-up et qu’il est dans la voiture, c’est sûr qu’on est dans les voitures de tête. Jean-Claude Poirier est un vrai gentleman driver, mais il roule très bien, c’est un très bon niveau de pilote. Si on finit cinquième au Paul Ricard, c’est aussi avec lui, il a pris sa part. »
Jean-Claude Poirier, la LM P3, ça ne lui fait pas peur ?
« Non, je connais son niveau, pas de problème. Même si la JS P3 a beaucoup d’aéro, la Tatuus en a pas mal aussi, donc je ne crois pas qu’il sera trop dépaysé. De plus, la Ligier JS P3 est une voiture bien finie, qui a l’air très bien née, ça facilitera les choses. Chez Onroak, contrairement à Ginetta, ils ne sont pas tout à fait partis d’une feuille blanche, la JS P3 devrait être très bien tout de suite et nous attendons la saison prochaine avec impatience. »