Après avoir officié en tant que commissaire de piste durant 18 longues années au poste 182, soit la très spectaculaire section de Schwalbenschwanz, Edgar Dubberstein a décidé de tirer sa révérence.
Le sympathique Allemand, lequel avait pour particularité de saluer les concurrents au moyen d’une énorme main orange, nous fait l’immense plaisir d’évoquer ses meilleurs et moins bons souvenirs amassés dans l’enfer vert.
“Au départ je ne connaissais pas du tout le VLN. Je regardais essentiellement l’époque dorée du DTM à la télévision et j’assistais à la manche de Mainz Finthen, située à environ 60 km de mon lieu de résidence.
J’ai ensuite participé à un concours mis en place par le journal “Wochenspiegel” et j’ai remporté un ticket d’entrée pour les 24h. J’ai du regarder dans une carte afin de voir où se situait le Nürburgring et, une fois dans l’Eifel, la seule petite place que j’ai trouvé pour installer ma tente de camping fut Schwalbenschwanz. Durant les 24h le speaker ne cessa d’évoquer le VLN, la série comptant 10 courses disputées exclusivement sur la Nordschleife. J’ai donc décidé d’y assister en tant que spectateur, à nouveau au virage de Schwalbenscwhanz (Poste 182) qui était en fait l’unique section du circuit que je connaissais. A chaque course je discutais avec les commissaires et un jour l’un d’eux me lança: “Hey tu es là à chaque course, tu ne voudrais pas devenir commissaire?”
Et durant la pause hivernale j’ai suivi les entraînements afin de devenir à mon tour commissaire de piste. La première année j’ai occupé différents postes de la section de Schwalbenschwanz avant d’hérité du poste 182 et je ne l’ai plus jamais quitté. Excepté aux 24h où nous officions à Wehrsheifen, je n’ai jamais exercé mon job en dehors de “mon” poste 182.
En 18 ans de service soit 180 courses (!), je n’en ai loupé que 4!
Mon souvenir le plus triste au cours de toutes ces années fut la première manche de la saison 2004. Deux jours à peine avant l’ouverture de la compétition, Edgar Dören, l’un des pilotes les plus populaires du VLN, décéda. Afin d’honorer la mémoire d’Edgar, les responsables du championnat autorisèrent son équipier Carl-Christian Lück (Porsche) à prendre place devant les 3 groupes lors du tour de formation ainsi que de boucler un dernier tour pour les nombreux fans qu’Edgar avait coutume de saluer en agitant son bras par la fenêtre de sa voiture et ce tout au long de la course.
Le speaker, bon nombre de teams, de spectateurs et moi-même eurent vraiment du mal à contenir nos larmes! Mais j’ai accumulé également une kyrielle de bons souvenirs. Ainsi un vendredi, alors que je me promenais dans la pitlane en tant que spectateur, j’ai demandé à Marc Basseng un autographe pour mon livre du VLN. Au cours de la conversation je lui confie que je suis en fonction, à chaque course, à Schwalbenscwanz et il me rétorqua “Mais oui je vous connais! C’est vous qui agitez toujours une énorme main orange lors du tour de formation!” Cela m’a vraiment touché! J’étais d’ailleurs très heureux lorsqu’un pilote, passant devant mon poste, me saluait soit en effectuant des appels de phare ou en agitant sa main. Je suis également très fier d’avoir pu rencontrer des journalistes venant de différents pays sur le plus beau circuit du monde qu’est le Nürburgring Nordschleife et je vous souhaite plein de belles courses sur le ring.”
Voilà assurément un départ qui va laisser un grand vide. La gentillesse, la disponibilité d’Edgar, toujours prêt à nous informer des moindres faits de course, vont nous manquer.
Bon vent à toi Herr Post 182!