Le Red Bull Ring marquait la mi-saison en European Le Mans Series. Il ne reste que deux manches aux concurrents avant de se projeter vers 2016. Toutefois, 2016 est déjà en préparation dans beaucoup d’équipes avec des équations à plusieurs inconnues à résoudre, notamment en LM P2. Il y a celles qui ont une auto “ancienne génération”, celles qui ont une nouvelle auto et celles qui veulent investir. Il est encore trop tôt pour donner une ébauche du plateau 2016 mais pour avoir fait le tour des équipes en Autriche, les cerveaux risquent bien de surchauffer cet été.
On peut déjà assurer que le meeting du Red Bull Ring, présent au calendrier depuis 2013, a été un franc succès avec 12 000 personnes (2ème affluence depuis 2013 derrière Estoril 2014). Tout le monde apprécie ce rendez-vous annuel : pilotes, équipes, journalistes, photographes. La présence des World Series by Renault 3.5 et du tout nouveau mais prometteur TCR Series a rajouté un plus à l’évènement, et les spectateurs ne s’y sont pas trompés. Voir des prototypes, des GT, des monoplaces et du Tourisme est certainement la marche à suivre car tout le monde en a pour son argent, même si l’entrée était gratuite. Il suffit en plus d’y mettre un Roberto Merhi, qui a dû laisser son cerveau à la maison, pour y rajouter un peu de piment même si la “blague” aurait pu très mal se terminer.
Côté paddock Endurance, la grosse incertitude concerne le futur du LM P2. Avec quatre constructeurs retenus dont seulement un a actuellement une auto capable d’être adaptée au nouveau règlement, les teams attendent un peu pour y voir plus clair. Beaucoup nous ont semblé sceptique sur la présence d’un des quatre et une majorité espère que les anciennes LM P2 pourront rouler en 2018. Quand on voit ce qu’est encore capable de donner une Gibson 015S rondement développée par Zytek même une dizaine d’années après sa sortie, les équipes voient tout de même d’un mauvais oeil le fait de mettre des ORECA 03R, Gibson 015S ou Morgan LM P2 au rebut alors qu’elles sont tout à fait compétitives. Si ORECA proposera un kit d’adaptation à la 05, Onroak Automotive, Riley/Multimatic et Dallara devront partir de zéro, espérer être plus fort que son voisin pour vendre le plus possible d’autos (et de pièces) et rentrer dans ses frais. Seul le moteur sera unique et très certainement une partie de l’électronique. La performance des autos doit être revue à la hausse pour un coût d’exploitation en baisse de 30%.
Reste maintenant à voir si le parc de LM P2 va se développer. “Acquérir aujourd’hui une LM P2 n’est pas une décision facile à prendre” nous a confié un propriétaire d’équipe. “Il faut déjà vendre l’actuelle, ce qui n’est pas facile. Qui va acheter une auto qui ne sera plus éligible dans deux ans ? De plus, un seul constructeur propose pour le moment une auto capable de rouler en 2018 sachant qu’il faudra y mettre un kit. Trouver des partenaires pour acheter une LM P2 est assez “facile” mais entre l’acheter et la faire rouler, il y a deux mondes. J’ai personnellement trouver des partenaires pour acheter deux nouvelles autos mais il faut garder les pieds sur terre. Les coûts ne cessent de monter et les partenaires ne sont pas extensibles. Trois solutions existent : continuer avec une LMP2 actuelle, en acheter une nouvelle fin 2016 ou passer dans une autre catégorie. Actuellement, le LM P1 non hybride oblige à rouler en FIA WEC. Il reste le LM P3. Cette nouvelle catégorie semble promise à un bel avenir et elle a le mérite d’être étudiée de près. Certes, il est impossible de rouler au Mans, ce qui est un frein. L’époque des teams qui financent les programmes eux-mêmes est révolue. Les gentlemen investissent de l’argent et ils veulent rouler. Tous n’ont pas le niveau requis, d’où l’idée de les faire rouler un ou deux ans dans une LM P3 avant de voir plus haut pour aller jusqu’au Mans. “
On sait qu’au moins trois équipes présentes actuellement en monoplace (WSR 3.5, GP2 Series) réfléchissent de près à une arrivée en LM P2 et que l’une devrait se déclarer avant la rentrée.
L’idée de limiter à quatre constructeurs ne ravit guère les équipes et l’idée d’avoir un moteur unique encore moins. Quel que soit le type d’annonce, il y aura toujours des contents et des mécontents. Il est trop tôt pour se faire une idée de l’avenir. BR Engineering possède une vraie LM P2 (non convertible en LM P1) créée depuis une feuille blanche contrairement à deux constructeurs sélectionnés. Le dossier n’a toutefois pas été retenu par la FIA, l’ACO et l’IMSA. La voiture existe, le prix des pièces respecte ce qui est demandé mais cela n’a pas suffi.
La nouvelle catégorie LM P3 semble séduire le plus grand nombre même si les Ginetta-Juno vont devoir hausser le ton. On attend avec impatience les débuts de la Ligier JS P3 et de l’ADESS-03 pour voir où se situent les deux nouvelles venues parmi les P2 et GTE. Chez SVK by Speed Factory, on a semblé quelque peu désabusé à l’issue du meeting avec une Ginetta toute noire peu à la fête : “C’est très décevant d’avoir dû abandonner. La mauvaise qualité des pièces et l’absence de support de l’usine nous a retiré toute chance de terminer. Avant Imola, nous avons conçu des phares pour être certain de la qualité. Il semble qu’avant la prochaine course nous allons devons produire nous-mêmes plus de pièces pour rallier l’arrivée sans difficulté.”
Si LM P2 et LM P3 ont bien animé les discussions autour d’un…Red Bull Cola, les futures règles GTE n’ont pas fait débat. Le plateau actuel de l’ELMS devrait avoir la même ossature en 2016 avec très certainement plus de prototypes que de GT. Ceux qui voulaient s’affûter en GTC avant de passer en GTE pour espérer aller au Mans pourraient bien changer d’avis et s’orienter vers le LM P3 puis le LM P2.