Il s’est marré quand on lui a parlé de l’anniversaire des 15 ans de sa victoire à l’Euro de football avec les Bleus. C’était jeudi et, ce jour-là, il a longuement évoqué le sujet dans le journal L’Equipe. « La journaliste m’a appelé et m’a parlé d’anniversaire. Je lui ai dit « Mais pourquoi tu veux parler de mon anniversaire ? ». Je croyais qu’elle parlait du mien, car c’était dimanche dernier (il a fêté ses 44 ans le 28 juin). Je n’y étais pas du tout. Je me souvenais plus que c’était à cette date qu’on avait gagné l’Euro ! ». Ainsi est Fabien Barthez, sérieux sans jamais se prendre au sérieux et pas franchement du genre à se retourner sur son passé, aussi brillant fut-il. Dans la vie comme dans le sport, le pilote de Ferrari/AKKA ASP n°16 n’a qu’un credo : prendre du plaisir. Cela tombe bien, car il en prend beaucoup sur les pistes du GT Tour. Rencontre.
Fabien, après ton titre de Champion de France FFSA GT en 2013 avec Morgan Moullin-Traffort, tu as disputé les European Le Mans Series l’an passé. Comme as-tu appréhendé ton retour en championnat cette saison ?
“Je l’ai abordé avec beaucoup de plaisir, beaucoup d’envie et une grande excitation. J’avais hâte que la saison démarre et hâte de travailler avec Eric (Debard, ndlr) et Olivier (Panis, ndlr), ainsi qu’avec Jérôme (Policand, le team manager), comme d’habitude. J’étais vraiment content de revenir disputer le championnat.”
Que représente à tes yeux ce championnat que tu connais très bien et sur lequel tu as remporté tes premières victoires et ton premier titre ?
“Pour moi, c’est avant tout une histoire d’hommes. Je sais que je vais y consacrer sept week-ends dans l’année, donc il faut que l’on passe de bons moments. Il ne faut jamais perdre de vue les raisons pour lesquelles nous sommes là : la passion du sport auto, le pilotage, le plaisir pur. Le fait d’avoir des résultats, c’est un plus. Le titre de 2013 a fait partie de mon apprentissage, il a marqué le début d’une grande aventure qui s’est poursuivie l’année d’après par les 24 Heures du Mans. Mais la victoire, si elle constitue toujours un moment fort, demeure éphémère. Avec les hommes, au contraire, on s’inscrit dans la durée.”
Tu entretiens notamment une relation de longue haleine avec Jérôme Policand…
“Je suis toujours resté fidèle à Jérôme. C’est mon père spirituel dans le sport auto. C’est lui qui m’aiguille dans toutes mes décisions. Notre relation perdure même en dehors des circuits. Avec lui, on est sur la même longueur d’ondes quand on parle de sport. C’est rare ce genre de relations. J’ai connu un peu la même chose dans le football avec Elie Baup (formateur de Fabien Barthez à Toulouse, ndlr). Mais, il est difficile de comparer. Dans le foot, je gérais, si je puis dire. Dans le sport auto, je suis parti de zéro. Il m’a fallu apprendre l’ABC, sportivement, mais aussi au niveau de l’environnement. Et là, on se rend compte que c’est avant tout des histoires d’hommes.”
Un autre homme dont tu es proche, c’est Olivier Panis…
“La première fois qu’on a roulé ensemble, c’était il y a trois ans aux 24 Heures de Spa. Il y avait aussi Morgan et Eric et on avait terminé 3es. Mais avec Olivier on se connait depuis les années 1997-1998, où l’on se croisait à Monaco (Barthez jouait à l’AS Monaco, ndlr). Cela s’est fait naturellement. On a côtoyé le très haut niveau dans nos disciplines respectives, mais surtout on partage la même philosophie du sport . On se comprend de suite, comme avec Jérôme. La relation est plus que parfaite entre nous. Au-delà de l’aspect sportif, c’est une bonne personne.”
Et sur l’aspect sportif, le pilotage, les réglages, vous échangez beaucoup avec Olivier ?
“Oui, mais ça ne marche que dans un sens, ce n’est pas moi qui vais lui expliquer quoi que ce soit, hein (sourire) ! Mais, oui, Olivier est toujours disponible. Même quand je roulais avec Morgan, Olivier n’hésitait jamais à me donner un conseil et aujourd’hui, on partage beaucoup. Dès que j’ai le moindre doute, Olivier est là, Jérôme aussi. Heureusement d’ailleurs ! Mais c’est sûr que je suis bien tombé, parce que tu peux avoir des mecs qui ne veulent pas t’expliquer ou alors qui ne savent pas comment t’expliquer.”
Cela va faire sept ans que tu as intégré le milieu du sport auto. Quel regard poses-tu sur ta trajectoire ?
“J’ai découvert ce monde en 2008 et j’en apprends encore tous les week-ends. J’ai encore une marge de progression, c’est évident, dans la gestion de course, le pilotage… Heureusement, sinon j’aurais déjà arrêté depuis longtemps (sourire). Après, comme toujours, le plus dur dans le sport auto, c’est d’aller chopper ces trois-quatre dixièmes qui vont faire la différence. Mais, de manière générale, mon ambition demeure toujours la même : le plaisir avant tout. C’est l’élément fondamental qui te permet d’arriver à quelque chose, ça et le sérieux dans la préparation. Ensuite, les résultats sont ce qu’ils sont, il y a tellement de paramètres… Les podiums, les victoires, tu y penses quand ça arrive (sic), mais d’abord il faut mettre les choses dans l’ordre, procéder étape par étape.”
Un mot sur cette manche au Val de Vienne. Comment la vois-tu ? Tu partiras 5e de la course 1 ce samedi…
“On va essayer de faire le maximum. Comme toujours, on sait que Christophe, notre ingénieur, nous a préparé une bonne voiture. Après, on verra. A Spa, on n’avait pas été bien en qualifs, un peu mieux en course. A l’inverse, faire un bon chrono ici ne suffira peut-être pas, entre le départ, les changements de pilotes, il se passe toujours quelque chose. Et puis, il y a surtout un super plateau, une sacré concurrence avec de beaux équipages. Mais c’est bien, il y a de la bagarre, on s’éclate, c’est tout ce que l’on aime !”