Une LMP3 a couru pour la première fois en VdeV Endurance Series. En effet, la Ginetta-Juno LMP3 de l’équipe luxembourgeoise Prime Racing Luxembourg a en effet participé aux Trois Heures de Dijon, mais dans le Challenge d’Endurance GT/Tourisme. La Ginetta-Juno était conduite par Jean-Pierre Lequeux et Jérôme Naveaux, avec le renfort apprécié de Charlie Robertson, délégué pour cette course par Ginetta.
Jean-Pierre Lequeux a gentiment accepté de revenir sur cette première expérience.
Quel bilan tirez-vous de cette première course en VdeV Endurance Series ?
« Pour nous, ça a été très, très positif. On avait fait une première course où nous avions rencontré quelques problèmes de jeunesse, et nous sommes arrivés à Dijon avec encore deux ou trois petits aménagements à faire, ce que nous avons fait le vendredi. Dès le samedi, on a eu une voiture ultra performante et la fiabilité était là aussi, puisque , jusqu’au dimanche, mis à part une crevaison, mais ça ce n’est pas un problème de fiabilité, on a vraiment eu aucun problème avec la voiture. Charlie Robertson a fait le meilleur temps en qualifications et le meilleur tour en course.”
Charlie Robertson, c’est un bon pilote…
« Oui, ce que j’avais dit à Ginetta « Bon, on va faire une première sortie en VdeV, je voudrais bien avoir le soutien de Ginetta.” Je pense que c’était l’intérêt de tout le monde que la voiture soit présentée dans de bonnes conditions, avec un pilote de l’usine. Je pense que dans l’ensemble, on a réussi notre coup. On a démontré le potentiel de la voiture et nous, nous sommes bien amusés . »
Est-ce qu’il y avait une Balance de Performance particulière pour cette course de VdeV Endurance Series ? Quelle était la puissance Du moteur Nissan de la Ginetta-Juno ?
« Le moteur faisait 420 chevaux, la puissance normale de la LMP3, comme en European Le Mans Series. Le moteur est fourni comme ça par Oreca qui gère boîte, moteur et électronique , il pourrait être plus puissant, jusqu’à 530 chevaux je crois, mais là il est bridé à 420 chevaux. S’il avait sa puissance maxi, sa durée de vie serait plus courte, mais quand on voit ce qu’on arrive à faire avec une puissance de 420 chevaux, c’est assez exceptionnel. C’est une voiture facile à conduire. Nous, on vient du GT, on n’est pas des pros, mais on est relativement à l’aise avec la voiture. »
Eric Van de Vyver ne vous a imposé de contraintes particulières, comme vous courez avec les GT ?
« Non, à partir du moment où on a un pilote Elite avec nous, on avait en conséquence des passages imposés par la voie des stands règlementaires, sinon rien de spécial. »
Vous étiez dans une catégorie à part ?
« On était dans la catégorie des Silhouettes et des Protos puisqu’il y avait aussi la Pescarolo 02, un proto comme notre Ginetta-Juno. Dans les Silhouettes, il y avait les GC de Gomez. J’avais eu l’occasion de rouler avec une GC à Dubai, j’ai fait les 24H avec eux plusieurs fois. Au niveau moteur, je dirais que le moteur de la Gomez est encore supérieur à celui de la Ginetta-Juno, mais par contre tout ce qui est aéro, tenue de route, ça n’a rien à voir. La Ginetta est bien née. On était inquiet, puisqu’on était des pionniers, le premier team privé à en avoir reçu une, c’était un peu une aventure, et pour finir on se rend compte qu’avec peu de roulage, on a une auto très fiable. Les gens de Ginetta ont été parfaits, pour Dijon ils nous ont fourni une aéro plus performante . En fait, ils continuent à développer la voiture en permanence et donc on bénéficie de toutes les évolutions, au fur et à mesure où ils font les adaptations. Ginetta est vraiment emballé par le projet et ils le suivent très bien. »
Depuis quand l’équipe Prime Racing existe-t-elle ?
« Prime Racing a été créée il y a huit années . On roulait en Belgique en Championnat BTCS et on a roulé également en BRCC, notamment les trois années dernières avec une Ginetta G50 GT4 et on a été champions de Belgique en GT4 l’année dernière et puis on a décidé de revendre la GT pour acheter la LMP3 quand on a vu le projet. Personnellement, j’ai été emballé tout de suite. »
Donc, vous aviez déjà une longue histoire avec Ginetta…
« C’est effectivement la quatrième année maintenant qu’on roule avec une Ginetta. Le patron de Ginetta, Lawrence Tomlinson, est vraiment quelqu’un de très abordable et de très ouvert. Quand on a eu des discussions avec lui cet hiver, parce que la voiture était un peu en retard, on a été le voir à Leeds et on a tout de suite trouvé un terrain d’entente. Quand je l’appelle ou que je le sollicite, il réagit directement. Un exemple, pour Charlie Robertson, on a décidé de le faire venir seulement le mercredi de la semaine de Dijon. C’était vraiment en dernière minute. Lawrence m’a dit « je vais regarder où sont mes pilotes » et il m’a envoyé un mail me disant que Charlie serait à Dijon le jeudi soir ! Il a pris sa voiture, est descendu, il n’avait même pas son siège avec lui, c’était vraiment dernière minute, mais ça s’est très bien passé.»
Combien votre équipe comprend-t-elle de membres ?
« En fait, toute notre assistance est assurée par un team qui s’appelle Triple One. Il y a deux personnes qui s’occupent de la voiture et une troisième qui vient de temps en temps sur les courses. »
Vous allez continuer toute la saison, maintenant ?
« On a effectivement prévu d’aller au Castellet fin août. J’attends maintenant une réponde de Eric Van de Vyver pour voir s’il nous autorise à courir dans les 12 Heures, puisque normalement les GT, c’est une course de 4 Heures, alors que celle des Protos, c’est 12 Heures. Cependant, Eric Van de Vyver envisage de faire rouler les GT et les Protos ensemble. J’espère que ce sera accordé, car on voudrait vraiment faire une course plus longue et 12 Heures, c’est sympa. Si on peut faire les 12 Heures, on nous demandera de faire aussi la course de 4 Heures, donc il faudra qu’on prenne des équipages différents, on verra. »
Comment se comporte le moteur Nissan ?
« Aucun souci, il est garanti 10000 kilomètres, donc ça va. C’est un moteur qui ne tourne pas vite, je pense qu’on ne tire pas plus de 7000 tours, donc il est très endurant. «
Vous étiez habitué aux GT, qu’est-ce qui vous a surpris le plus dans la LMP3 ?
« L’aéro, évidemment. Dès le moment où on a de l’aéro, on est collé à la route et on peut y aller, c’est vraiment impressionnant. Le V8 a beaucoup de couple, à la relance c’est très agréable. Ce qui m’a surpris aussi, c’est qu’on joue beaucoup du frein moteur pour ralentir la voiture, ce qu’on ne fair pas nécessairement en GT où on freine très fort et on descend les vitesses. Les pilotes d’usine m’ont dit, non, non, tu dois te servir du frein moteur. La Ginetta, ça va très vite, au Mans pendant la Journée Test, ils sont approché en vitesse maxi 300 kmh, c’est quand même très rapide. »
Quel a été l’accueil de la part des concurrents du Challenge GT ?
« Très sympa ! Les gens ont été très ouverts, très gentils. On a notamment parlé avec les gens de la Ferrari Visiom. Ils sont venus nous voir sur la grille de départ. Ils étaient en première ligne, même si Charlie Robertson avait fait le meilleur chrono (la pole est calculée sur la moyenne de deux pilotes, NDLR) et notre Ginetta-Juno était donc derrière et nous ont dit « votre pilote est plus rapide que nous, on ne va pas essayer de bouchonner, si on voit que vous êtes juste derrière, on s’écartera pour vous laisser partir », des gens vraiment très, très corrects. »
Dans l’ensemble, vous êtes donc contents de votre week-end ?
« Ah oui, parfait ! Bon, on a eu notre crevaison, on n’avait pas tout à fait compris le règlement , donc a un peu cafouillé dans les arrêts, les passages par le stand, mais pour la prochaine fois on aura compris ! On était cette fois-ci plus concentrés sur la voiture que sur le règlement… »
Vous aviez beaucoup roulé avec la voiture avant ?
« Non, juste le shakedown et une course de 3 Heures dans le Super Car Challenge à Zolder, où on a d’ailleurs abandonné. En plus, le circuit n’est pas tout à fait adapté à cette voiture-là. Au niveau des freins, on n’était pas à l’aise du tout, et on a eu aussi quelques petits problèmes avec la direction assistée, qu’on avait eu aussi le premier jour à Dijon, mais qu’on a réglés après. C’était la première sortie, c’était quand même positif. A Dijon, la voiture a roulé pendant trois heures sans aucun problème. Avec Jérôme Naveaux, on va maintenant travailler sur les data qu’on a récoltées pendant la course et on va progresser aussi. On découvre, donc on fera mieux. Plus tard, on aura les Ligier contre nous, ce sera sympa. »