« C’est avec un peu de retard que je vous livre mon dernier texte des 24 Heures du Mans. Comme toujours, l’après Le Mans est très chargé. Parce que certaines choses ont été mises en stand-by durant quelques jours. Et parce que d’autres ont pris une dimension particulière. Le Mans a cette capacité à changer le quotidien. Avant la semaine des 24 Heures, pendant, et après.
« Je passe volontairement rapidement sur la journée du vendredi, mais un petit mot tout de même au sujet du dîner officiel qui se tenait le soir en extérieur, directement sur la piste au niveau des chicanes Ford. C’était une soirée très bien organisée, avec 200 invités qui donnaient la teneur des 24 Heures du Mans en général : les personnalités présentes à ce dîner donnent une idée de l’attrait actuel du Mans et de l’importance de l’événement sur l’échiquier du sport automobile.
« Place au(x) jour(s) de la course car j’imagine que c’est ce que tout le monde a en tête. Mon samedi a commencé relativement tôt, avec un départ de l’hôtel prévu à 6h30, notamment pour éviter tout trafic sur la route et bien aborder cette journée que l’on passe à toute vitesse. Le rush a débuté par le traditionnel warm-up, suivi d’une réunion avec l’IMSA, d’une visite au Fan Village TOYOTA géré par ORECA Events, puis un court meeting avec TOYOTA afin de caler la venue du Président François Hollande.
C’est à 11h30 que je l’ai accueilli. J’étais chargé de lui présenter le Président de TMG Toshio Sato et le Vice-Présent Rob Leupen puis de l’accompagner jusqu’à la voiture où Pascal Vasselon, Directeur Technique, lui a expliqué le système hybride et toutes les possibilités que cela offre pendant que je faisais découvrir le volant au Ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve. Nous avons échangé durant ces quelques minutes. De mon côté, j’ai souligné le fait qu’il était important que le Président de la République se déplace au Mans : d’une part cela confirme la dimension mondiale de l’épreuve, d’autre part il ne faut pas oublier que Le Mans véhicule une image de la France à l’étranger, et enfin pour l’automobile d’une manière générale. C’est donc un symbole fort. J’ai aussi dit au Président que le sport automobile est une industrie créatrice d’emploi, vecteur d’exportation, et qu’on oubliait trop souvent que ce sport à part est a un rôle important dans notre pays.
« J’ai ensuite passé un petit moment avec les pilotes du team. Nous n’avons pas parlé de la course. C’était plutôt un instant de détente où nous avons de tout et de rien avant qu’ils se concentrent sur la course en pleine tranquillité. Après une rapide salade au déjeuner, et une discussion avec Nicolas Lapierre à qui j’ai transmis tous mes encouragements, direction la grille de départ, où les rencontres se sont multipliées, avec les patrons de Porsche et Audi, ou encore Carlos Tavares. L’horloge tourne et bientôt arrive l’heure du départ. Je mets pour le casque-radio sur les oreilles. Mon rôle n’est pas opérationnel. J’observe. Je note, ce que je vois ou ce que je pense sur l’instant. On dit souvent qu’on commence à préparer au lendemain de l’épreuve précédente, de mon côté je pense que ça débute au départ de la course. Ce sont déjà des réflexions pour 2016 qui sont griffonnées sur mon petit carnet.
« Nous avons rapidement compris, malheureusement, que la course serait compliquée pour les deux TOYOTA et que, compte tenu du rythme d’Audi et Porsche, la victoire serait difficilement envisageable. Je me suis assoupi deux fois une petite demi-heure au motor-home, hormis cela je n’ai rien manqué de la course et notamment des chronos que j’ai suivi avec une grande attention, y compris ceux des deux REBELLION. J’avais naturellement un œil sur les châssis ORECA en LM P2 et à partir de quatre heures avant l’arrivée la pression est montée d’un cran. Il y a eu quelques craintes, avec deux « tout-droit », et à ce moment-là je n’avais qu’une envie : que la course se termine avec l’apparition du drapeau à damiers. Tout peut arriver et chaque paramètre devient une crainte supplémentaire : la pluie, le safety car, une autre voiture en perdition. Intérieurement, ça bouillonnait !
« L’arrivée a été synonyme de sentiments partagés. D’un côté, une déception chez TOYOTA Racing. Mais une déception sur laquelle il ne faut pas rester et c’est pourquoi j’ai beaucoup discuté avec tout le monde, après les cérémonies, pour encourager et déjà se tourner vers le futur. D’un autre côté, la satisfaction et la joie de voir la ORECA 05 gagner Le Mans en LM P2 dès sa première participation. J’ai croisé Nicolas Lapierre alors qu’il était sur le chemin du podium, le point levé du vainqueur. Sa joie, sincère et pure, faisait plaisir à voir. L’accolade a été chaleureuse. Un grand bonheur que j’ai ensuite observé au pied du podium. Ce n’est qu’un peu plus tard que j’ai pu féliciter toute l’équipe de la compétition-client chez ORECA, des mécanos aux ingénieurs du B.E. en passant par les motoristes. J’ai quitté le circuit après un passage à l’hospitalité Porsche pour dire Bravo. Tout simplement bravo. 19 heures, il était l’heure de quitter cet antre mythique et de fermer le chapitre 2015.
« Je suis resté dormir au Mans. J’ai pris un bon petit déjeuner lundi, tranquillement. J’ai feuilleté la presse écrite, surfé un peu sur les sites spécialisés, et analysé… les différentes analyses. C’est marrant – ou pas – ou intéressant de voir certaines conclusions. Après un petit footing aux alentours, j’ai déjeuné en début d’après-midi à l’hôtel avant de prendre la direction de Paris. Pour retrouver des amis et savourer les belles émotions de cette édition. Je m’oblige, le lundi, à couper. A ne pas (trop) regarder les nombreux mails et la centaine de textos. Ce mardi, le rythme habituel a repris. Mais il y avait une petite différence : une ORECA avait gagné Le Mans. J’avoue, j’avais le sourire ce matin et j’ai pu observer bon nombre de personnes chez nous avoir le même sourire.”