En mai 2014, on nous promettait un retour de Nissan en grandes pompes aux 24 Heures du Mans. Ce retour a bien eu lieu mais il a accouché d’une bien piètre prestation pour le quatrième constructeur mondial.

Après un tapage médiatique de grande ampleur, on attendait bien plus même si les médias spécialisés ne sont pas dupes. Nos confrères de Ouest France on titré aujourd’hui : “On avait Benny Hill, il y a désormais les Nissan GT-R LM NISMO”. Le ton est dur mais cette première sarthoise ne restera pas dans les annales. Les commentateurs n’ont pas été plus tendres durant la retransmission avec un Henri Pescarolo déclarant : “la pertinence de la GT-R LM NISMO appartient au siècle dernier.”

Le titre du communiqué de presse envoyé par NISMO à l’issue de la course est clair : “Mission accomplie pour Nissan au Mans”. Quand on pense que Porsche qui s’est offert un doublé a juste indiqué “Challenge accepté”. Nissan a bien gagné les 24 Heures du Mans mais ceux de la communication. “La plupart des constructeurs LM P1 ne terminent pas les 24 Heures du Mans dès leur première tentative” a confié Darren Cox. “Il était donc important pour nous de réussir cet objectif. Nous avons fait exactement ce que nous devions faire. Nous avons résolu nos problèmes, exploité les limites de notre rendement actuel et nous avons terminé la 24 Heures du Mans “. Audi a terminé 3ème en 1999, Peugeot 2ème en 2007, Porsche 11ème en 2014 après une 2ème place en qualification. Seul Toyota n’a pas terminé en 2012 malgré une belle 3ème place en qualification.

Rappelons que trois GT-R LM NISMO étaient au départ et qu’une seule a vu le damier non classée à plus de 2000 km de la Porsche victorieuse. Entre un débris sur la piste qui a causé des dégâts, une portière récalcitrante, la perte d’une roue, des soucis d’embrayage et de suspension, les LM P1 n’ont pas été épargnées. A l’issue des essais qualificatifs, le 3.36.995 était le meilleur chrono contre un 3.42.612 pour la DeltaWing trois ans plus tôt. On nous avait promis un temps digne des Audi 2014 mais on est loin du compte. On assiste actuellement au lièvre contre la tortue. L’objectif était finalement de rallier l’arrivée et d’être devant les LM P2. Avec ou sans système hybride ? On ne s’étendra pas sur le sujet. L’un des pilotes a été plutôt clair au Pesage sur la suite de la saison : “La décision incombe à Nissan.”

A l’issue des essais qualificatifs, aucune des trois GT-R LM NISMO n’était qualifiée pour la course. Il a donc fallu aller à la pêche pour voir les tractions (ou l’attraction) au départ. On nous prédit 8MJ et quatre roues motrices pour 2016. Il n’en faudra pas moins pour espérer batailler contre ses ennemis vu que Nissan n’est pas là pour se faire des amis. Le match est déjà perdu sur la route. Quand les pilotes officiels Porsche roulent en 911 ou Macan, les pilotes Audi en RS6, on roule en Juke chez Nissan. Le décalage de 20 secondes existe aussi sur la route.

En revanche, le pari de la communication est gagné et de loin. Entre Super Bowl avec un spot publicitaire à plusieurs millions de dollars et un circuit du Mans dédié à la marque nipponne, visibilité maximale. Lors de notre première visite au SUPER GT en 2013, aucun réceptif NISMO, pas de publicité. Rien, que dalle, nada… “Nous ne faisons pas dans le paraître” nous avait-on confié chez  NISMO. “Tous les moyens sont mis dans le développement.” Et on peut vous assurer que c’est la réalité. Miyatani-san ne doit pas trop comprendre tout ce tapage médiatique quand on connaît la simplicité des japonais. La vraie Nissan GT-R qui roule en GT500 est un missile de guerre.

Nissan a ouvert la voie de l’originalité avec une LM P1 qui va à l’encontre des trois grands. Jan de Rooy a lui aussi ouvert la voie de l’originalité en son temps avec un camion Daf double moteur et double cabine conçu pour le Paris Dakar.

Les Nissan ont été les premières à prendre la piste lors des essais, marketing oblige. Les fans sont mis en avant et les spectateurs présents face aux trois stands ont pu avoir une belle vue sur les box vu que le constructeur a fait le choix de se passer de la moindre cabine de panneautage. Décidément, on fait tout à l’inverse.

Les pilotes ont fait le job en piste en donnant tout ce qu’il était possible de donner. L’équipe technique qui a couvé les autos a elle aussi rempli sa mission.

Audi et Porsche ont gagné 5 secondes en 1 an, Ben Bowlby et Nissan doivent maintenant en gagner 20…