1995-2015 : 20ème anniversaire de la victoire d’une McLaren F1 GTR aux 24 Heures du Mans
Partie 2 : Coup d’essai, coup de maître
160.000 spectateurs ont fait le déplacement et les McLaren sont sans conteste l’une des attractions de cette 63ème édition des 24 Heures du Mans. En ce samedi 17 juin, le ciel est gris mais il ne pleut pas. Le drapeau vert est passé aux concurrents qui s’élancent de la grille pour le tour de chauffe. Sur les 48 voitures qualifiées, 4 partent de la voie des stands dont la n°50 du GRT. Olivier Grouillard a été poussé vers la voie des stands par les commissaires en raison d’un démarreur récalcitrant. L’équipe technique procède immédiatement à son remplacement.
Des conditions difficiles en raison de la pluie
A 16h00 précises, Philippe Seguin, président de l’Assemblée Nationale abaisse le drapeau à damiers et libère les concurrents. Les McLaren se portent aux avants postes de la course dès les premiers virages. La n°49 du team West est la première à entrer dans le top 5, précédée de 3 prototypes et d’une F40. Avant la fin de la première heure, la Courage et les 2 WR de tête sont les premières à ravitailler laissant Nielsen sur la n°49 prendre le commandement des opérations. Au même moment les premières gouttes de pluie tombent sur le circuit obligeant l’ensemble des concurrents à changer de pneus. A l’issue de la 2ème heure, 3 McLaren occupent déjà les 3 premières places, Wallace devançant Nielsen et Bellm. Ce dernier perd le contrôle de la n°24 et touche le muret dans les « S » du karting. La GTR est légèrement endommagé à l’avant et doit repasser par son stand pour réparer, laissant filer la 3ème place provisoire. La sortie de piste d’une WR oblige la direction de course à faire entrer la voiture de sécurité une heure durant. A la relance, la Courage n°13 part à la faute perdant 6 tours à son stand pour réparer. La prise de commandement des McLaren se confirme avec Nielsen (West Compétition), Raphanel (Gulf Racing) et Wallace (Mach One Racing) aux 3 premières places.
Deux McLaren abandonnent durant la nuit
Alors que la nuit tombe, les conditions en piste sont de plus en plus difficiles en raison de la pluie. La McLaren n°59 du Kokusai Kaihatsu a rejoint la tête de la course et ce sont maintenant 4 McLaren qui occupent les 4 premières places. Handicapé par une panne d’essuie glace, Nielsen sur la n°49 doit céder le commandement à la Gulf de Raphanel. Après 6 heures de course, 10 voitures ont d’ores et déjà abandonnées. Coup de théâtre à 22h32 lorsque Alliot alors leader sur la Gulf n°25 part à la faute dans la nouvelle portion. Une sortie de piste synonyme d’abandon. La McLaren aux couleurs d’Harrods prend alors le commandement. Autre coup de théâtre dans le clan McLaren à 3 heures du matin lorsque la McLaren de Nielsen, Bscher et Mass s’arrête avec un problème d’embrayage après avoir mené 53 tours durant. Le remplacement dure une 1h20 et Nielsen repart en 17ème position…pour sortir de la piste dans le premier tour de son relais ! Une McLaren en cachant toujours une autre, l’arrêt puis l’abandon de la n°49 profite à celle de Wallace et Bell père et fils. Dalmas, Lehto et Sekiya sur la n°59 pointent désormais en 4ème position. La Courage n°13 est revenue en 3ème position après avoir dépassé la McLaren du Giroix Racing et la n°24, seule McLaren Gulf encore en course.
4 F1 GTR aux 5 premières places
A 8h45 du matin, Dalmas sur la n°59 prend pour la première fois la tête de l’épreuve. Pendant plusieurs heures, la McLaren noire et celle aux couleurs d’Harrods vont rester dans le même tour échangeant leur position à la faveur des ravitaillements. A deux heures de l’arrivée rien n’est encore joué entre les deux McLaren et la Courage n°13. La piste s’est asséchée et la McLaren jaune et verte est menacée par un Dalmas déchaîné. Wollek sur la Courage est sur les talons des deux F1 GTR. A 50 minutes du drapeau à damiers, la McLaren n°51 du Mach One Racing cède sous la pression en raison de problème d’embrayage et de boite de vitesse. Elle rétrograde alors à la 3ème place. A une demi heure de l’arrivée, la C34 est dans le même tour que la McLaren n°59. La voiture britannique résiste et franchit la ligne d’arrivée en vainqueur, suivit des 22 voitures rescapées. McLaren réalise une grande première avec 4 voitures dans les 5 premières places au général.
Le moteur V12 BMW a fait merveille sous la pluie
Gordon Murray en concevant la McLaren s’était inspiré de la Ford GT 40. Avec une différence de taille, celle de n’avoir pas envisagé voir sa voiture prendre un jour la piste, faute d’épreuve taillée pour elle. Le constructeur britannique n’était pas favorable à un engament de sa GT en compétition. Devant l’insistance de ses clients, il acceptera de franchir le pas pour un engagement en BPR puis aux 24 Heures du Mans. Un engagement au Mans qui se soldera pour une première participation par une victoire au général.
La pluie a certes gommé les différences de performance entre les prototypes et les GT mais le moteur V12 d’origine BMW conçu par Paul Rosche est sans doute l’élément majeur de la réussite de la McLaren dans la Sarthe. D’une progressivité exceptionnelle, il a facilité le pilotage dans des conditions d’adhérence délicate tout en préservant les autres éléments mécaniques. Lors de cette édition marquée par la pluie, les F1 GTR ont fait merveille avec à la clef une grande fiabilité puisque 5 voitures sur 7 sont à l’arrivée. Les 2 abandons seront dus à des sorties de piste et non à des bris mécaniques. La boite de vitesse a montré quelques faiblesses mais n’a été à l’origine d’aucun abandon. Les autres incidents mécaniques relevés seront un démarreur bloqué au moment du départ pour la n°50 du GRT et une butée d’embrayage cassée pour la n°49 du West Competition.
La chance et la réussite étaient au rendez-vous pour la voiture n°59, victorieuse de l’épreuve. Non comptant d’être le châssis de développement ayant servi au test d’endurance de 24 heures à Magny-Cours, l’équipage comptabilisera à l’issue des 24 Heures du Mans pas moins de 5 têtes-à-queues sans le moindre dommage pour leur monture. En plus de la performance et de la fiabilité, la chance était aussi au rendez-vous !