TOYOTA GAZOO Racing dispose de trois truckies à temps plein sur les courses du Championnat du Monde d’Endurance. Ce sont des passionnés qui travaillent dur pour l’équipe et assurent beaucoup plus de tâches que le titre de leur emploi initial ne le suggère. Nous avons rencontré Sven pour en savoir plus …
Concernant votre rôle de trucky, quelles sont vos missions ?
« Nous sommes trois truckies entièrement dédiés au WEC, Christian, Paolo et moi-même. Nous nous occupons principalement de trois camions : le camion des ingénieurs, celui dédié aux pièces détachées et celui du transport des voitures. Mais nous avons aussi d’autres camions dont le nombre sur place varie en fonction de l’épreuve. Par exemple, pour Le Mans, huit camions sont nécessaires pour tout transporter, mais c’est vraiment exceptionnel. Nous travaillons à la fois sur les courses et sur les essais qui se déroulent entre les courses, si bien que nous bougeons quasiment toute l’année. Entre les courses, en particulier avant Le Mans, les essais prennent beaucoup de place dans notre calendrier. Nous ne nous ennuyons jamais ! »
Comment vous organisez-vous avant l’épreuve ?
« Chez TMG, à Cologne, nous préparons toujours la prochaine course ou le prochain test. Nous nous occupons de la préparation de l’épreuve, et notamment de l’entretien de l’équipement, c’est un point essentiel. Par exemple, lorsque certains équipements sont cassés, nous réparons et nous essayons de tout conserver dans le meilleur état possible. L’un de nous, le plus souvent Christian, s’occupe des pneus, assure le nettoyage des jantes ou change les valves. Lorsque tout ce qui doit être acheminé sur une course ou sur un test est prêt, nous chargeons le camion, ce qui n’est pas toujours une tâche facile. »
Et ensuite ?
« Ensuite commence la deuxième partie du job, soit conduire le camion jusqu’à sa destination finale. Selon l’endroit où nous allons et la distance à parcourir, mais aussi en fonction du nombre de personnes disponibles, nous pouvons rouler seuls ou à deux. Lorsque nous arrivons à destination, nous allons directement au circuit. S’il s’agit d’une course, nous devons attendre la permission de nous garer dans le paddock. Nous devons respecter les horaires et donc parfois attendre avant de pouvoir nous garer et commencer à nous installer. S’il s’agit d’un test, nous sommes normalement seuls sur la piste, ce qui nous permet de nous mettre tout de suite au travail, dès notre arrivée. »
Conduisez-vous toujours le même camion ?
« La plupart du temps, je conduis le même camion. C’est un grand modèle, à deux étages, que nous appelons habituellement le « camion des ingénieurs » ou le camion bureau. Il faut compter entre cinq et six heures pour entièrement le déployer et le monter. Dans le même temps, mes collègues commencent à décharger les camions et d’autres à ranger dans le garage. En général, les truckies sont seuls pour ces opérations mais parfois quelques mécaniciens sont déjà sur place et nous aident. Le premier jour, nous installons tout ce qui est essentiel dans le garage, de sorte que le jour suivant, les mécaniciens peuvent commencer à travailler sur les voitures. Le deuxième jour nous permet de peaufiner cette mise en place. »
Quel est votre travail au cours de la course elle-même ?
« Durant l’épreuve, nous assurons différentes missions. Certains s’occupent des pneus et d’autres du carburant pour les voitures. Christian travaille sur la préparation des pneus et doit les tenir prêts au moment où l’ingénieur les demande. Paolo et moi-même, nous travaillons sur les opérations de ravitaillement, mais sans toucher les voitures. Notre mission est de remplir la tour de carburant utilisée pendant les ravitaillements. Je tiens le rôle de celui que l’on nomme «l’homme mort». Je contrôle le débit de carburant depuis la vanne d’arrêt située sur la tour. Je ne suis pas considéré comme l’un des mécaniciens qui travaille sur la voiture, d’où le nom « d’homme mort », un terme tout à fait étrange, j’en conviens. »
Et après la course ?
« Après la course, nous devons tout ranger pour tout ramener à Cologne. C’est-à-dire ranger les pneus, tout ce qui est utilisé pour les ravitaillements, les outils, les machines, les pièces de rechange…enfin, tout ! Les camions doivent être chargés le soir même de la course avant que nous allions dormir. Habituellement, avant de repartir, nous passons notre dernière nuit à l’hôtel mais dès que nous arrivons à Cologne, il faut décharger les camions. Nous devons faire aussi vite que possible car la plupart du temps, les ingénieurs et les mécaniciens doivent tout de suite travailler sur les voitures. Parfois, nous ne disposons pas de beaucoup de temps entre les courses et les séances de tests. »
Avez-vous déjà rencontré des problèmes durant les trajets entre Cologne et votre destination finale ?
« Oui, parfois il est possible d’avoir quelques surprises. Une fois, nous avons passé la nuit en étant garés sur un parking, et au matin quand nous avons voulu redémarrer, nous avons eu la mauvaise surprise de constater que n’avions plus de carburant ! Quelqu’un avait vidé le réservoir du camion pendant la nuit. Nous n’avons pas peur de voyager seuls, mais nous devons rester très prudents lorsque nous nous arrêtons. Nous connaissons la valeur de ce que nous transportons… »
Echangeriez-vous ce travail pour un autre ?
« J’ai commencé ce job en 2002 et précédemment j’étais mécanicien chez un concessionnaire automobile tout à fait « classique ». J’apprécie vraiment mon travail et ce que je partage avec l’équipe. D’une part, j’aime conduire le camion d’un coin à l’autre de l’Europe et d’autre part, j’ai la chance de jouer un vrai rôle au sein de l’équipe pendant que la voiture est en piste. J’ai deux missions différentes en un seul job, et pour rien au monde je ne voudrais changer de travail ! »