Kévin Estre est certainement l’un des pilotes les plus occupés depuis le début de l’année. Entre Pirelli World Challenge avec K-Pax Racing, Blancpain Endurance Series avec Von Ryan Racing, Blancpain Sprint Series avec Attempto Racing, 24 Heures du Mans avec OAK Racing et une pige en FIA WEC sur une Porsche officielle. En plus d’être occupé, le Lyonnais est aussi l’homme en forme du moment. A chaque fois qu’il prend le départ d’une course, il est en mesure de la remporter. Il reste à ce jour le seul pilote à avoir fait gagner la McLaren 650S GT3 en endurance et en sprint. Kévin Estre reste d’ailleurs sur un succès en Blancpain Endurance Series le week-end dernier à Silverstone en compagnie de Rob Bell et Shane Van Gisbergen.
Absent de la Journée Test des 24 Heures du Mans pour cause de Pirelli World Challenge à Détroit, Kévin Estre a découvert sa Ligier JS P2 il y a peu à Spa et Magny-Cours. Avant de débuter dans la Sarthe en LM P2, Kévin Estre dresse un premier bilan de sa saison et évoque avec nous ses débuts au Mans.
Un meeting parfait à Silverstone ?
« Disons que nous avons parfaitement renversé la tendance après Monza. McLaren GT a bien rectifié le tir. La balance de l’auto est nettement meilleure et le circuit de Silverstone nous convenait mieux que celui de Monza. Le rythme était bon dès les essais. Je pense qu’il était possible de rentrer dans le top 3 en qualifications mais les deux premiers ont passé des pneus neufs durant la séance. Laurens (Vanthoor) et moi-même avons gardé les mêmes gommes.
« La course s’est parfaitement déroulée avec un départ parfait de Rob. A la régulière, on savait qu’on allait se battre avec l’Audi #1. Il a fallu une stratégie parfaite de l’équipe pour faire ravitailler Rob sous Full Course Yellow. Le pari était osé mais il s’est avéré payant. Il fallait que Shane garde suffisamment d’essence tout en contrôlant nos adversaires. »
Ton relais a été pour le moins « tranquille »…
« J’ai pu rouler sans me soucier du carburant. J’ai juste eu à rouler durant 1h05. Il a tout de même fallu garder un bon avantage en cas de neutralisation. C’est la première fois de ma carrière où j’ai dû me contenter de ramener l’auto à l’arrivée. Au début, j’étais un peu perdu car je ne suis pas habitué à ce genre de situation. Je n’arrêtais pas de demander l’écart à l’équipe. J’ai bien sauvé les pneus et j’ai eu le meilleur relais dans le trafic. Shane a connu plus de trafic que moi. Cette victoire fait du bien après Monza. »
Place maintenant à la Ligier JS P2. Tes premiers tours de roues se sont bien passés ?
« Le roulage à Spa a été compliqué à cause d’une météo typiquement spadoise. Nous n’avons pas beaucoup pris la piste. Chaque pilote a bouclé environ 20 tours sur le sec et 10 sous la pluie. Dans la foulée, Philippe (Dumas) a organisé une séance nocturne à Magny-Cours. Par chance, la météo a été favorable dans la Nièvre et nous avons pu prendre de l’expérience au volant de la Ligier. Environ 700 km ont été couverts. C’est plutôt positif pour la confiance et le feeling avec l’auto est bon. Le pilotage est différent de celui d’une GT. Cela fait longtemps que je n’avais plus roulé avec une auto ayant autant d’aéro. J’ai dû m’adapter à la sensibilité du volant. »
On va enfin te voir au départ des 24 Heures du Mans. Un moment que tu rongeais ton frein ?
« Je vais ENFIN participer à cette course mythique. C’est une belle opportunité de rouler pour OAK Racing avec Laurens et Chris. L’entente avec Philippe (Dumas) est parfaite et je connaissais déjà une partie de l’équipe. Tout est réuni pour une belle prestation avec OAK Racing. On a un bel équipage et une bonne auto. Tout petit, je n’étais pas si passionné que ça par Le Mans. Lorsque je roulais en Formule Renault avec Tristan (Vautier) chez Graff, il me parlait du Mans de part son oncle Jérôme Policand. Lui était plus passionné que moi par la discipline. Ma passion pour Le Mans s’est développée au fil des ans. La première fois que j’ai roulé sur le grand circuit, c’était en 2010 en ouverture des 24 Heures en Porsche Carrera Cup contre Fred Mako. »