Porsche Team a bouclé une nouvelle simulation d’endurance la semaine passée à Motorland Aragon avec plus de 6000 km couverts. Pour Porsche, l’opération Le Mans est en ordre de marche avec trois 919 Hybrid au départ de la classique mancelle, sans oublier les deux 911 RSR officielles du Porsche Team Manthey.
Un staff de 12 personnes va prendre sous peu la direction du Mans pour installer le camp de base Porsche derrière les trois stands alloués au constructeur allemand. Dès le 27 mai, les camions vont quitter Weissach pour un trajet de plus de 800 km. Huit membres de l’équipe vont pendant ce temps préparer les stands, tandis que des équipes supplémentaires vont travailler pour monter l’immense structure au sein du paddock, mais aussi préparer l’arrivée des invités au niveau du Porsche Experience Center et du Virage Porsche. Pas moins de 750 employés de chez Porsche vont faire le déplacement dans la Sarthe.
Andreas Seidl, team principal, travaillera sous la direction de Fritz Enzinger, vice-président du programme LM P1. La « station spatiale », comme on appelle le centre de commandement, sera en ébullition toute la semaine. Le Néo-Zélandais Amiel Lindesay épaulera Andreas Seidl avec à ses côtés les ingénieurs. Lindesay donnera ses consignes aux 19 mécaniciens par radio : quels pneus seront montés, la quantité de carburant à mettre et toutes les tâches à effectuer lors du prochain arrêt. Andreas Seidl est l’homme incontournable : « Coordonner trois autos signifie que le challenge est encore plus grand pour nous. La course à Spa nous a donné un avant-goût de ce que l’on va avoir, mais ce n’était qu’une course de six heures. Nous avons utilisé nos 30 heures à tester de nombreux paramètres. Cependant, il est impossible de simuler Le Mans. Sans une équipe professionnelle, on ne peut pas connaître le succès. »
Stephen Mitas (Australie) est l’ingénieur en charge de la troisième 919 Hybrid (#19), mais il fait également office d’ingénieur en chef des trois autos. La #17 est confiée à Kyle Wilson-Clarke (Angleterre) et la #18 est à Mathieu Galoche (France). Chaque auto est composée de 23 personnes : ingénieur de course, ingénieur de performance, ingénieur de données, ingénieur hybride, ingénieur moteur, ingénieur de la performance du système, ingénieur 12V, ingénieur logiciel, ingénieur d’application moteur, ingénieur de boîte de vitesses, ingénieur de piste pour l’aéro, ingénieur mécanique, ingénieur de l’essieu avant, ingénieur de l’essieu arrière. Il faut rajouter à cela un mécanicien moteur, boîte de vitesses, composite, électricien, ravitailleur, pneumatique, magasinier, tuyau d’air, carburant et une personne prête à en remplacer une autre si le besoin devait s’en faire sentir. Pas moins de 68 hommes et une femme (ingénieur boîte de vitesses) seront concentrés sur les voitures.
Chez Porsche Team, on a épluché les 90 pages du règlement sportif afin de ravitailler de façon optimale. La vitesse dans la voie des stands est limitée à 60 km/h et le pilote doit s’arrêter à au moins 50 cm du mur ou de la marque limitant la zone de travail en ligne. Pas plus de quatre personnes sont autorisées à pousser l’auto dans son stand. La voiture ne peut redémarrer que lorsqu’elle est parallèle à la piste dans la zone de travail face à son stand, et sans patinage. Dans le cas contraire, un stop & go sera appliqué.
Sur le circuit du Mans, la Porsche 919 Hybrid peut utiliser un maximum de 4,76 litres par tour, ce qui se traduit par 14 ou 15 tours couverts. Deux mécaniciens sont autorisés à effectuer le ravitaillement, un autre doit se tenir prêt avec un extincteur et un troisième est préposé à la vanne de coupure. Au même moment, deux mécaniciens sont autorisés à nettoyer le pare-brise, les feux, les rétroviseurs, les caméras et recueillir les données enregistrées. A l’issue du ravitaillement, un vérin pneumatique soulève l’auto. Pour changer les pneumatiques, deux mécaniciens sont autorisés à travailler sur l’auto en même temps en utilisant un seul pistolet pneumatique. Un changement de roue parfait prend 19 secondes. Au Mans, il est prévu de doubler les relais avec les mêmes gommes et même plus durant la nuit.
Si le pilote tombe en panne sur le circuit, il devra lui-même tenter une réparation de fortune avec le kit de base fourni qui semble on ne peut plus précaire.