Avec trois podiums, dont deux doublés, le Team Sport Garage a vécu un week-end inoubliable sur le circuit Bugatti du Mans. Quelques heures après, son team manager, Christian Petit, avait toujours un peu de mal à réaliser. Entretien avec un homme heureux…
Christian, vous avez vécu un rêve ce week-end au Mans ?
“C’est si impensable… Cela va au-delà du rêve. On est tous des compétiteurs, on est tous là pour gagner, faire des podiums, mais là cela va au-delà du réel. Déjà, le premier doublé, sur la première course, est inespéré. Ensuite, sur la course 2, malgré la pénalité (20 secondes), la voiture n°6 remonte encore sur le podium. Et derrière, elle refait deuxième, là encore avec la pénalité (12 secondes). Quant à Soheil (Ayari), avec Nico (Tardif) et Max (Pialat), c’est quelque chose dont on savait qu’elle allait arriver, car Soheil a une expérience extraordinaire, mais on ne pensait pas que cela interviendrait si tôt. On est comblé de bonheur.”
C’est une revanche par rapport au début de saison ?
“On a connu des débuts très difficiles, avec beaucoup d’accidents. Disons que ce week-end, on s’est remis dans le bon sens. J’espère qu’on va continuer comme cela. Mais ce sera difficile à assumer, on a placé la barre très haute en faisant deux doublés dans le week-end…”
C’est le plus beau week-end de votre carrière ?
“Cela fait un moment que l’on roule. On a obtenu quelques titres, en rallyes, en Porsche Carrera Cup. Mais en GT, oui, c’est notre meilleur résultat et de loin. Sincèrement, je ne pense pas qu’on puisse le refaire.”
Cette année, en tout cas, ce sera impossible, puisque c’était la seule étape avec trois courses. Qu’avez-vous pensé de ce format, d’ailleurs ?
“C’est assez incroyable, car pour être honnête, je n’étais pas très favorable à ce format. Je me disais que les pilotes rouleraient trop peu sur chaque course. Puis finalement, après analyse et discussion avec les pilotes, je me suis rendu compte qu’ils préféraient. Je pense que c’est à méditer pour 2016. Même pour les Gentlemen, cela a été satisfaisant, alors qu’il leur faut normalement du temps de roulage pour être à l’aise dans la voiture. Ce qui est très important, c’est que dans ce format, il y a un départ pour chaque pilote. Et ça, un pilote, quel que soit son niveau, il « kiffe » !”
Vous êtes en tête des championnats Pilotes et Teams. Sport Garage peut-il viser les deux titres cette saison ?
“Notre objectif est toujours le même, faire du mieux possible avec nos moyens, qui sont très inférieurs à certains concurrents. C’est vrai que de nouveaux horizons s’ouvrent à nous, mais il reste encore cinq manches. Vous savez, je suis supporter de l’AS Saint-Etienne et j’adopte la même philosophie que mon club de cœur, faire avec nos moyens et voir au jour le jour. Cependant, on ne laissera rien passé, c’est clair.”
Qu’est-ce qui a mieux fonctionné que d’habitude ce week-end ?
“Ce n’est pas uniquement ce week-end. C’est le fruit d’un travail global. On avait fait une journée d’essai ici même, au Mans, début avril, cela nous a aidés sur la course 3 sur piste sèche. On possède aussi certains pilotes qui roulent depuis des années, cela aide. Mais sincèrement, on n’a rien fait de particulier sur cette course-là. On s’est contenté de faire notre job, tout simplement.”
Certes, mais comment expliqué d’avoir si bien roulé sur le mouillé, lors des courses 1 et 2 ?
“C’est avant tout le résultat d’un travail d’équipe. Les ingénieurs ont bien bossé, tout le monde a fait son boulot. Après, il y a une part de chance. On n’a pas fait d’erreurs, pas fait de tête à queue, contrairement à beaucoup d’autres. Sur le mouillé, il y a toujours un côté aléatoire. Le fait d’avoir trois voitures nous aide, également. Les pilotes communiquent entre eux, les plus expérimentés font bénéficier de leur vécu à tout le monde.”
Un mot sur votre pilote belge Stéphane Lémeret, qui a été l’un des grands artisans du week-end ?
“Stéphane, je le connais depuis très longtemps. Il a fait deuxième en Gentlemen aux 24 Heures de Spa, avec le 23e temps scratch sur plus de 60 voitures, cela prouve sa valeur. Après, son gros atout, c’est qu’il est Belge, un pays où il pleut très souvent (sourire). Son expérience sous la pluie nous a beaucoup apporté. Et il devrait encore beaucoup nous apporter chez lui, à Spa (lors de la 3e étape du championnat, les 6-7 juin, ndlr).”
En tout cas, la fête a dû être belle dimanche soir ?
“Non, on a bu un verre dans les stands, c’est tout. On n’a pas fait la fête plus que ça. On doit rouler à Magny-Cours cette semaine. Toute l’équipe est partie ce lundi. On se remet déjà au travail. On se lâchera seulement si tout s’est bien passé au circuit Paul Ricard (sourire)… (lors de l’étape finale du GT Tour, ndlr).”