En alignant deux Audi R18 e-tron quattro sur trois en version Le Mans aux 6 Heures de Spa, Audi Sport fait à l’inverse de l’année passée où seule la troisième Audi était en configuration “low drag”. Si la reprise de la couronne mondiale fait partie des objectifs, garder le trophée des 24 Heures du Mans fait aussi partie de la feuille de route. “Il faut attendre samedi soir pour me demander si nous sommes prêts pour Le Mans” nous a confié un Dr Wolfgang Ullrich tout sourire.
“Silverstone a montré que nous pouvions nous battre face à la concurrence et Spa va nous donner une indication supplémentaire. Si la Journée Test est sèche, ce sera encore mieux.”
14 tours ou pas 14 tours au Mans, le Dr Ullrich s’en amuse : “Il faut se battre pour les 14 tours et on en saura plus à l’issue de la Journée Test.”
Pour revenir sur l’accident qui a impliqué l’Audi #8 et la Toyota #1, le patron d’Audi Sport a une idée bien tranchée : “C’est toujours compliqué de pouvoir éviter un tel choc dans des conditions aussi difficiles. On peut toujours améliorer la visibilité comme a pu le faire Corvette Racing par exemple. Nous avons déjà une caméra qui nous donne une bonne indication sur ce qui se passe vers l’arrière. On peut discuter de la vision en aveugle. Même si les conditions de piste étaient différentes, on a pu voir avec l’accident d’Allan McNish en 2012 que dès qu’une voiture bougeait, c’était compliqué pour la deuxième.” Audi Sport n’a pas chômé pour remettre la #8 en état puisque la monture de Duval/Jarvis/di Grassi était prête peu de temps après la deuxième séance.
Si Audi s’est imposé à Silverstone, la pénalité en fin de course donnée à Marcel Fässler a bien failli tout anéantir. “Tout le monde est sorti de la trajectoire de la même façon” souligne le Dr Ulrich. “Dans ce cas, il y a eu un avantage. Marcel n’a pas compris pourquoi lui a été pénalisé. Chaque cas est individuel et à la fin, c’est la direction de course qui décide. C’est comme au football.”
La raison de mettre seulement deux et pas trois Audi en version Le Mans est claire selon le Dr Ullrich : “On perd des infos si on met les trois autos dans la même configuration. Le Mans est très spécial pour Audi et l’esprit Le Mans augmente avec le FIA WEC qui prend de l’ampleur chaque année. C’est une très bonne chose que le championnat se développe. Le rêve de tout constructeur est bien entendu de gagner les deux. Audi est présent en endurance pour la technologie qui sera ensuite développée sur les modèles routiers. Le règlement technique en LM P1 fait la différence. C’est totalement différent des autres championnats.”
A l’issue des 6 Heures de Spa, Audi Sport reprendra la piste pour approfondir sa préparation des 24 Heures du Mans : “Il faut être réaliste, Porsche sera plus fort cette année. Je connais bien l’équipe et je sais le travail fourni. De plus, il ne faut surtout pas sous-estimer Toyota. A Silverstone, les Toyota ont mené un train d’enfer en début de course et c’était compliqué de suivre. Toutefois, Le Mans, c’est toujours quelque chose de particulier. Ce qui est sûr, c’est que l’on ne peut pas y aller sans avoir la fiabilité. C’est un sprint permanent où il faut rester en dehors des contacts et des soucis. C’est primordial. Porsche a fait le choix de passer en 8MJ car ils sont sûrs de leur solution. L’hybride a une part importante mais l’ensemble de l’auto fait la performance. Nous avons beaucoup travaillé sur l’aéro de la R18 e-tron quattro. Il faut travailler sur le moteur, l’aéro, le système hybride. Si on laisse tomber un des trois domaines, on ne peut pas être compétitif.”
Le départ précipité de Ferdinand Piëch du groupe Volkswagen pourrait peut-être changer la donne à l’avenir même si chez Audi, on ne veut pas entendre parler de Formule 1. “C’est une surprise de voir partir Ferdinand Piëch même si je ne connais pas tous les détails. Je connais les deux depuis longtemps. A l’heure actuelle, il n’y a aucun souci sur le futur du programme et je ne suis pas inquiet. Les deux ont donné un signe fort sur leur soutien en endurance.”