GT Tour

StratégiC, le retour d’Yves Courage à la compétition

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Un des grands noms de l’endurance française et même de l’endurance tout court va faire cette année sa réapparition sur les circuits dans les compétitions « modernes ».

Yves Courage fait en effet son retour sur la scène sportive qu’il n’avait cependant pas tout à fait quittée puisqu’au Technoparc, Courage Classic avait une intense activité de restauration et de préparation de voitures historiques, Yves étant le distributeur exclusif en Europe continenatale des pièces détachées pour les Chevron, des protos préparés par  Courage Classic  courant par ailleurs régulièrement, notamment en VdeV Endurance Series.

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Ce retour ne va pas se faire en Protos, mais en GT, dans le GT Tour. Avant l’officialisation de ce programme, Yves nous avait gentiment reçu et comme toujours avec lui, la conversation a balayé des sujets divers.    

2015, c’est donc le retour d’Yves Courage dans la compétition moderne…

« Tout est parti d’un projet de construire une LMP3 pour des polonais ! Ce n’est pas commun, c’est vrai…On est allé assez loin dans les discussions, et puis à un moment le projet ne s’est pas fait, parce que d’abord les règlements sont sortis trop tard et parce qu’ensuite ça représentait pas mal d’argent pour le groupe financier qui soutenait le projet. Celui-ci n’est cependant pas tombé à l’eau, il est totalement différé.

Donc, à partir de là nous avions commencé à mettre une équipe en place et on s’est dit que pour nous, le plus intelligent, c’était de faire du GT et un Championnat GT Tour pour commencer. Le Blancpain, ça marche très bien, mais c’est lourd pour une première année. Donc, on a étudié pas mal de solutions, y compris le rachat d’une équipe existante et puis, avec la culture que nous avions,  on a pensé que, un, ça ne pouvait se faire qu’avec des Porsche, deux, qu’on avait intérêt à monter notre propre équipe en se servant de la base des compétences qu’on avait en proto. Evidemment, exploiter des voitures, ce n’est pas la même chose que construire des voitures, mais le but de tout ça c’est d’abord de se mettre en position –si l’équipe GT marche bien, et il n’y a pas de raison qu’elle ne marche pas- de continuer dans cette activité, et aussi de pouvoir diriger la structure vers d’autres disciplines « supérieures ». Le but donc, c’est d’avoir la capacité de faire des choses et de progresser. »

Donc, tu n’exclues pas un retour vers le proto ?

« On étudie ça depuis quelque temps. Il y a eu le projet électrique (voir http://www.endurance-info.com/fr/actualite-endurance-298/ ). Pour nous, ça a été une grosse déception, parce qu’on avait impliqué beaucoup de personnes, dont les canadiens. C’est un projet qui a beaucoup apporté dans la relation humaine, avec des gens très motivés, qui avaient des envies de faire des choses, et à un moment on a envie de les faire ensemble, mais en fin de compte, on s’est rendu compte que le projet électrique, ça ne marcherait pas, notamment à cause des investissements, mais pas seulement. A l’heure actuelle, à mon avis, l’électrique tout seul, je peux dire avec l’expérience qu’on a eu, ça ne marchera pas. Un jour on m’a dit « il y a un constructeur qui arrive en électrique, et vous allez voir… ». Oui, on a vu, la ZEOD, incapable de faire un tour du circuit du Mans en tout-électrique…Ce qu’on avait fait, nous, ça nous permettait, malheureusement pas de tenir longtemps mais d’avoir les performances d’une P2 et d’avoir une autonomie de 17 minutes. C’est vrai que ce n’est pas beaucoup, mais ça nous obligeait à avoir une infrastructure pour changer les batteries – on avait quasiment 500 kg de batteries, une infrastructure qui était plus lourde que pour la construction de la voiture électrique !

00_Presentation_Etic_01-728x477Après, en deux mots, pour l’électrique, il faut des moteurs développés pour ça, il faut beaucoup d’électronique, il faut savoir gérer les batteries et il faudrait avoir des super capacités de stockage qu’on n’a pas. En fait, la technologie existe, mais on n’a pas les super capas. C’est beaucoup trop lourd pour des voitures de course. Je pense qu’à terme on arrivera à des solutions mais il va falloir impliquer beaucoup de gens, et il faudra du temps. On le voit bien sur les voitures de tourisme, ça ne marche que pour les voitures en ville. Pour les parcours urbains ou péri-urbains, c’est très bien, mais de là à partir sur des grandes distances en mode tout électrique…Sur les moteurs thermiques, on avait un siècle de développements, et d’un seul coup on veut passer au tout électrique, ce n’est pas possible… On réfléchit à des solutions, mais on ne peut pas le faire tout seul,  il faut que les grands groupes s’y mettent. Jusqu’à présent, ils étaient très frileux sur le sujet, les projets avaient du mal à passer, maintenant ça commence un peu à bouger, notamment à cause des problèmes de pollution. Il faudra voir… « 

Le GT, cette année, c’est donc avec une Porsche 911 GT3-R?

« Oui, une Porsche. Je ne te cacherai pas qu’on a démarré très tard ce projet. Au niveau de la technologie et des compétences, ça on sait travailler avec des gens qui connaissent parfaitement cette voiture, ce n’est parce qu’on est constructeur qu’on est au top pour exploiter une voiture comme ça, donc on va s’appuyer sur des gens qui ont beaucoup d’expérience avec cette auto, et on va mettre en place le programme le plus sérieux possible comme on a toujours fait. »

Peux-tu nous donner une idée des pilotes ?

« L’alchimie n’est pas simple, avec la catégorisation des pilotes, les Bronze, les Silver, les Gold…Tu peux avoir un Silver et deux Bronze, deux Silver et un Bronze, deux Bronze, trois Bronze, un Gold et deux Bronze….C’est compliqué, parce qu’il faut trouver la bonne combinaison. Rien n’est encore complètement défini. Tout doit se décider prochainement. »

Quelle sera la couleur de la ou des voitures ?

« Ce n’est pas encore décidé non plus, on travaille avec un sponsor éventuel qui voudrait mettre la voiture à ses couleurs, donc on discute. »

Tu as déjà une Porsche dans l’atelier…

« Oui, c’est celle de Jean-Claude Ruffier. Il lui manque des specs, mais tout est dans les tuyaux. C’est un peu compliqué, car quand on travaille tard comme ça, on attend des pièces, des choses comme ça… »

IMGP0141Changeons un peu de sujet, Courage Classic, ça marche bien ?

« Oui, ça va bien. On a une vingtaine d’autos à peu près. Mais il faut qu’on arrive maintenant à avoir des programmes de course, parce que sur le classique, pour l’instant on ne s’y est pas beaucoup intéressé. On avait une Chevron B60 à Barcelone en VdeV Endurance Series, avec des vrais gentlemen. »

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Quels genres de courses  envisages-tu ? Celles de Peter Auto ?

« C’est dans les tuyaux aussi, mais il faut d’abord qu’on boucle le programme GT. A l’heure actuelle, on a un semi-remorque pour le GT Tour et un autre pour le VdeV. »

Quel effet cela t-a-t-il fait de reprendre le volant avec la Courage C36 pendant Exclusive Drive ?

« J’ai été très surpris parce que quand tu reprends le volant comme ça, la première chose qui t’estomaque, c’est la puissance., on n’a plus l’habitude de rouler comme ça. Après la Courage, j’ai aussi piloté une Porsche GT qu’on avait aussi amenée. J’ai dû la faire essayer par un autre pilote, parce que je trouvais qu’on manquait de puissance. En fait, j’ai été très étonné de ne pas être asphyxié par la puissance. »

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Combien de chevaux, le moteur Porsche de la C36 ?

« Elle est restée dans sa configuration d’origine, on peut dire 650 chevaux, c’est sans doute pour ça que je pensais que la 911 manquait de puissance ! » 

IMGP0056Le LMP3 est quelque chose qui peut t’intéresser ?

« Oui, parce que je pense que c’est une formule qui peut être tout à fait intéressante. A priori, les coûts vont être relativement contrôlés, et ça peut déboucher sur autre chose. Le P2, apparemment, on va désigner quatre constructeurs et le marché va se restreindre. »

Qu’est-ce que tu penses de cette future règlementation LMP2, avec éventuellement quatre constructeurs et un moteur unique ?

« Je pense que c’est très dommage, parce qu’on va presque vers une formule monotype et que ça interdit quasiment toute initiative. Je comprends qu’il y ait des soucis de rentabilité, mais c’est le problème de chacun de savoir s’il est capable de vendre ce qu’il produit…Je ne pense pas qu’il fallait légiférer. C’est dommage, parce que le P2, c’est quand même une discipline très professionnelle. En plus, il faut faire attention, parce que parfois quand on limite trop les coûts, des fois ça coûte plus cher !»

Pour parler de l’actualité LMP1, que penses-tu du projet Nissan ?

« Il faut voir parce que honnêtement je n’y crois pas. Passer des puissances comme ça sur un train avant…On sait faire beaucoup de choses à notre époque, mais enfin, quand même…C’est vrai que comme pour la ZEOD, ils ont fait beaucoup d’effets d’annonce assez incroyables. C’est curieux d’ailleurs, car ce n’était pas dans le tempérament de Nissan et des japonais. Je pense qu’ils auraient mieux fait de copier ce qu’a fait Porsche. Porsche, qui a une longue histoire au Mans, s’est tapé des kilomètres et des kilomètres d’essais, partout, a mis des moyens incroyables, et malgré cela ils ont quand même eu un problème technique, sur la fin c’est vrai, mais un problème technique quand même. A mon avis, on ne débarque pas comme Nissan le fait cette année, c’est un programme dur à comprendre. C’est difficile de penser que des professionnels puissent prendre ce genre de décisions…Avant d’arriver au Mans, il faut limer le bitume ! Parce Audi ce n’’est quand même pas n’importe qui ! Toyota, il y a beaucoup de compétences, ils avaient une bonne auto l’année dernière et cette année ça sera sûrement encore le cas, et Porsche, c’est pareil, moi je les vois bien cette année au Mans. C’est pour ça que pour débarquer au Mans dans un monde comme ça, il fallait beaucoup de modestie, surtout que Nissan au Mans, ça n’a pas toujours marché. Des innovations comme ça, quand on est un grand constructeur, on fait quelque chose de peut-être plus conventionnel, on fiabilise, et après on peut peut-être penser à autre chose, mais là faire des choses pour le prétexte d’être différent, ça n’a pas trop de sens. Je pense que cette année les trois autres vont être très compétitifs, et que Nissan va souffrir de la comparaison. « 

Depuis cet entretien, le programme a été bouclé et la Porsche sera pilotée par Nicolas Misslin, Sacha Bottemanne et Benjamin Lariche. Voici le communiqué  publié aujourd’hui :

StratégiC  (Courage Racing System), tel est le nom de la nouvelle écurie de GT3 crée par Yves Courage au sein de sa structure du Mans pour le Championnat GT Tour 2015. 

Yves Courage

J’ai été séduit par le nouveau règlement qui permet de retrouver, avec un équipage de trois pilotes, le véritable esprit d’équipe qui m’a tant fait vibrer durant mes quelques 30 années passées au bord des pistes. 

Séduit, je l’ai été aussi par nos trois pilotes, rapides mais aussi intelligents, qui forment un équipage redoutablement homogène. 

Que ce soit au 24 Heures du Mans ou sur les épreuves de Championnat du Monde, je sais combien disposer d’un équipage équilibré peut être la clef du succès. 

Enfin, ce n’est pas par hasard si j’ai choisi « StratégiC » comme nom de cette nouvelle écurie pleine de promesses … A suivre ! 

Nicolas MISSLIN

Cela fait maintenant plusieurs années que je n’ai pas participé à un championnat complet, je suis donc ravi d’y revenir dans une équipe telle que Courage. Yves et son équipe ont su me démontrer leur détermination à revenir au plus haut niveau avec des ambitions pour le futur. Le nom de Courage est évidemment associé au Mans et donc à cette course mythique qui sont les 24 heures. J’espère que nous pourrons atteindre cet objectif. Je suis convaincu que le choix de revenir en GT tour a été le bon ce qui nous permettra sur ces meetings de nous remettre dans un rythme optimum. J’appréhende un petit peu la découverte de la Porsche, véhicule que je n’avais jamais conduit mais je vais pouvoir compter sur mes deux coéquipiers qui ont une solide expérience de ce véhicule. L’équipage va être très homogène et d’après mon interprétation du règlement, la configuration deux Silver et un bronze pourrait être la bonne stratégie afin d’être constant et compétitif tout au long des courses. J’ai hâte que le championnat commence et j’espère me retrouver dans le bon rythme assez rapidement. Notre objectif sera de marquer des points le plus souvent possible et j’espère que nous aurons un bon classement final en faisant le bilan à la fin de la saison !

Sacha BOTTEMANNE

Ravi d’avoir roulé dans la GT3-R même si nous avons encore beaucoup de travail de mise au point à effectuer. Nous formons un très bel équipage avec mes deux copains Nicolas (MISSLIN) et Benjamin (LARICHE) et notre homogénéité peut être un atout sur la durée du championnat. Je suis impatient d’attaquer le prologue du GT Tour 2015 jeudi à Lédenon. Nous testerons différentes choses dans l’idée de nous approcher des premiers. Il y a beaucoup de très jolis équipages et le niveau n’aura jamais été si élevé. De jolies bagarres en perspective dans le respect des autres concurrents.

Benjamin LARICHE

Je suis très heureux et honoré de voir mon nom associé à celui de COURAGE. Je me souviens de mes débuts à l’époque de la Filière FFSA lorsque du haut de mes 16 ans je m’entrainais et je passais devant l’atelier en courant. J’avais toujours un regard vers les locaux du Technoparc et ça a été une grande source de motivation. Le temps a passé et cette motivation est intacte. Le challenge est grand et il y a beaucoup de travail à effectuer mais même si nous n’avons pas pu rouler cet hiver, le programme s’étant bouclé tardivement, comment ne pas être confiant lorsque vous bénéficiez de l’appui et de l’expérience d’Yves ! Ses conseils nous seront précieux ! Je suis également ravi de partager le volant avec Nicolas (MISSLIN) que j’avais rencontré il y a quelques années à l’époque de la Formule 2 ; nous vivons qui plus est dans cette belle ville d’Aix-en-Provence et avec Sacha (BOTTEMANNE) avec lequel j’ai croisé le fer il y a deux ans en Porsche Carrera Cup. Nous formons un bel équipage et comptons nous battre pour offrir à COURAGE les résultats que cette équipe mérite. A titre personnel, l’hiver a été éprouvant pour moi avec l’accident de Jules ; il a été et reste plus que jamais un modèle pour moi. Il avait compris comme nous le répète Yves que « le sport automobile était l’école de la modestie ». Plus que d’appliquer cela, il en faisait son modèle de vie. J’espère et je suis sûr de le revoir bientôt. Le point commun qui nous réunit et qui est le plus fort que tout, c’est la passion. En 2015, rouler avec le numéro 17 a beaucoup de signification pour moi. Il faut nous battre pour en être dignes !

 

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