A 33 ans, Patrick Pilet entame sa huitième année en tant que pilote officiel Porsche. Le Gersois est de tous les combats : FIA WEC, TUSC, 24 Heures du Nüburgring, parrain des jeunes de la Porsche Carrera Cup France. Entre Prologue FIA WEC et l’ouverture du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA à Silverstone, Patrick Pilet était à Magny-Cours pour suivre de près les essais des pilotes de la Cup. De quoi avec lui faire une présentation complète de sa saison 2015 qui passera par 240 jours de déplacement…
Que retenir du Prologue FIA WEC ?
« Les deux journées ont permis de bien rôder l’équipe. Nous sommes bien mieux préparés que les années précédentes. Nous verrons dans une semaine mais tous les ingrédients sont réunis pour briller. Avec Fred (Mako), l’entente est parfaite et nous allons tout faire pour jouer la victoire. Le Prologue est toujours un moment un peu frustrant car on ne sait pas trop ce qu’on fait les autres. On a pu voir que les Aston Martin étaient encore un ton au-dessus avec le meilleur chrono pour un pilote Am. La Porsche 911 RSR a la même configuration que l’année passée. La Ferrari a gagné 10 kg et l’Aston Martin a une bride légèrement plus petite. La 911 RSR a très légèrement évolué avec une nouvelle lame avant. Elle est plus homogène pour les pilotes. On ne part pas dans l’inconnu. »
Selon toi, est-ce le bon moment de n’avoir qu’une seule catégorie GT ?
« Il faut voir ce que va donner la nouvelle réglementation. A titre personnel, je prends beaucoup plus de plaisir en GTE qu’en GT3, excepté sur le Nürburgring qui est un circuit très dur. Le propre du GT3 est de dire : faites la meilleure auto et ensuite on établit une BOP. Je suis pour un vrai règlement comme en LM P1. Le GTE est une lutte entre constructeurs. On peut voir que les autos sont assez proches des LM P2 à certains moments. Il faut juste que tout le monde cohabite correctement. Avec un moteur 4.0 litres, on se bat contre un 6.2 litres. La catégorie GTE est le seul endroit avec le LM P1 où il y a des constructeurs qui s’impliquent. Le GT3 doit rester du Pro-Am. »
Cette saison, tu retrouves les Etats-Unis. Une belle satisfaction ?
« Le TUSC est un championnat où il ne faut rien lâcher. Pour nous, le début de saison a été compliqué, aussi bien à Daytona qu’à Sebring. C’est un sport mécanique et dans notre cas, le mot mécanique a bien porté bien son nom en Floride. La performance était malgré tout au rendez-vous, de même que les ravitaillements. La BOP est maintenant assez bien équilibrée même si en fin de course, les Corvette sont parvenues à rester 10 minutes de plus en piste que les autres. Les courses sont plus viriles qu’en FIA WEC. Je retrouve ce que j’ai connu en GT Open avec du sprint à l’état pur même si les courses sont assez longues. La qualification est primordiale. Il faut être agressif sans prendre trop de risques. »
Il est prévu que tu rempiles sur la Nordschleife pour les 24 Heures. Quel regard portes-tu sur ce qui s’est passé samedi dernier ?
« Je dois rouler à nouveau pour le Frikadelli Racing. C’est pour moi une la continuité car l’équipe est une vraie famille. Notre Porsche est bonne même si ce n’est pas la plus récente. J’espère que la BOP ne sera pas défavorable car je pense qu’il y a un bon coup à jouer. Pour en venir à l’accident, même si je connais bien le circuit, je suis très respectueux de ce tracé. Il y a toujours quelque chose d’imprévisible sur la Nordschleife. Il faut toujours garder une petite marge de sécurité. Si on est systématiquement à la limite, à un moment ça ne passe pas. Il faut justement faire attention quand on commence à connaître. L’excès de confiance se paie. La première fois que j’ai roulé en course sous la pluie, Olaf (Manthey) m’a dit : « tu prends le départ et il faut gagner. » J’ai passé mon premier tour à faire chauffer les pneus. A la fin de mon relais, j’étais détruit.
« Je pense qu’il ne faut rien changer au tracé. Il y a une école pour les rookies, un code pour la gestion du trafic en piste. Il ne faut pas oublier qu’entre LM P1 et GTE, il y a environ 50 km/h d’écart. Là on parle d’un écart de 150 km/h. Les 24 Heures du Nürburgring restent la seule course pour les braves. On oublie que le sport automobile est dangereux. Les voitures ont fait d’énormes progrès et je pense qu’il faut laisser le circuit tel qu’il est. Plus le temps passe et moins les pilotes ont des sensations sur les circuits modernes. »
Le circuit de Spa a pris une solution plutôt étonnante dans le Raidillon…
« Rien ne remplace les bacs à graviers. La moquette ne sert à rien et les baguettes peuvent aussi causer des problèmes. Certes, une voiture peut partir en tonneau dans un bac mais au moins elle est plus vite arrêtée. Le bac peut ralentir une voiture en perdition. Monza a choisi de mettre du bitume à la place d’un bac à la Parabolica. »
Retour sur 2014. Ton test en Porsche 919 Hybrid reste un grand moment ?
« C’était une bonne expérience. L’auto a un moteur de folie. Elle est facile d’entrée même si je n’ai pas eu le temps de m’habituer au système hybride. Une LM P1, c’est une autre dimension. Mon but a toujours été de gagner Le Mans au général. Et quoi de mieux qu’une Porsche pour le réaliser ? Rien que pour cela, je ne peux qu’être déçu même si j’espère que ce n’est que partie remise. »
Venons-en à la Porsche Carrera Cup France. La quantité est en baisse mais la qualité est toujours là…
« C’est une année de transition pour l’organisation qui est remaniée. Ce qui est important, c’est que la qualité est là. On attend de belles bagarres en piste. Les prétendants au titre sont nombreux : Steven (Palette) est plus serein qu’en 2014, Jim (Pla) arrive de la Cup allemande, Maxime (Jousse) tient à décrocher le titre tout comme Nicolas (Marroc). Il ne faut pas oublier Jules Gounon ou Joffrey De Narda. Même s’il débute dans la discipline, je pense que Jules sera un sérieux candidat et qu’il va gagner des courses.
« Sur le plan personnel, je vais m’impliquer beaucoup plus en B avec un coaching plus personnalisé. Il manque encore quelques pilotes dans cette classe. J’entame ma quatrième année en tant que Parrain du championnat. L’arrivée du Scholarship France est une bonne chose. On essaie toujours d’améliorer le fonctionnement du championnat. »