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Quel avenir pour la catégorie LM P2, l’avis des différents constructeurs…

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La catégorie LM P2 est actuellement au centre de toutes les attentions. Il faut préparer 2017 avec l’arrivée d’une nouvelle réglementation et les réunions entre les différentes parties se multiplient. Tout est encore à l’état de discussions mais le temps presse pour que les constructeurs puissent prendre leurs dispositions.

 Le postulat de départ est clair : avoir une auto éligible dans les différents championnats, collaboration prolongée entre la FIA, l’ACO et l’IMSA, une réduction des coûts de 30%, des exceptions entre les séries badgées Le Mans et IMSA. Les constructeurs veulent tous la même chose : avoir un business modèle qui tient la route.

 Quelle est l’équation ? Quatre championnats acceptent les LM P2 (TUSC, FIA WEC, ELMS, AsLMS). Le plateau global de LM P2 regroupe 34 autos cette saison au sein des différents championnats contre 7 Daytona Prototype aux Etats-Unis. Du côté des constructeurs LM P2 : Onroak Automotive, ORECA, Honda Performance Development, BR Engineering, Gibson, Multimatic (Lola), Strakka-Dome, Pilbeam, Tiga. ADESS a un projet qui n’attend plus que le feu vert et on sait de source sûre qu’au moins deux autres constructeurs regardent de près à venir en LM P2. Le nombre de motoristes est plus limité avec une forte domination de Nissan.

 Avec un prix de vente plafonné à 450 000 euros pour une LM P2 fermée (sans moteur), les constructeurs ont du mal à gagner leur vie. Ils sont 9 pour 34 autos en piste. Les instances ont donc pris le taureau par les cornes en proposant une réduction des coûts pour que chacun y trouve son compte. A l’heure actuelle, les équipes sont en survie et les constructeurs peinent à gagner de l’argent.

 Les décisions finales seront rendues publiques d’ici la fin de l’année pour une entrée en vigueur en 2017. L’idée directrice est d’avoir quatre constructeurs dont un américain. Un look différent des autos pour le marché américain pourrait être retenu. Les châssis seraient homologués pour quatre ans avec un update (performance) si le besoin s’en fait sentir, sans surcoût pour les équipes. Le prix de l’auto reste à être déterminé. Pour une réduction des coûts, un moteur unique pour les championnats FIA/ACO serait proposé tout comme un manufacturier pneumatique. Bien entendu, le motoriste ne pourrait pas être constructeur. Les LM P2 roulant en TUSC pourraient prendre part aux 24 Heures du Mans dans la même configuration avec la mise en place d’un équilibre de performance. Toujours pour une réduction des coûts, les pneus de développement seront interdits avec des gommes de dimension GTE/GT3. Les LM P2 actuelles pourraient être acceptées un an de plus, de même que les DP.

 L’avis des constructeurs sur l’avenir de la catégorie LM P2 est donc intéressant. Comme dans chaque débat, il y a les « pour » et les « contre » sur un changement de réglementation dans une catégorie qui n’a plus rien d’une seconde division. Il est bien loin le temps du LMP675 où les autos peinaient à terminer une course d’endurance. Différents constructeurs des deux côtés de l’Atlantique nous ont chacun donné un avis sur le futur du LM P2.

 « Bien réfléchir avant de s’engager »

 « Il est vrai qu’il faut limiter les coûts » nous indique un représentant d’un constructeur bien connu en sport automobile qui étudie de près une présence en LM P2. « Maintenant, la question est de savoir de quelle façon peut-t-on le faire. On fait face à un marché mondial d’une quarantaine d’autos. Actuellement, il faut vendre au minimum 5 autos (à l’ancien prix) plus 5 kits de pièces pour avoir un début de retour sur investissement. Avant toute arrivée en LM P2, il faut bien étudier le marché et si on tend vers un nombre de 4 constructeurs, cela risque de compliquer la donne pour les autres. Une saison en FIA WEC coûte 3 millions d’euros par voiture. Il faut aussi bien réfléchir sur le sujet du moteur. Un moteur coûte environ 80 000 euros avec une révision tous les 6000 km sachant que la révision coûte la moitié du prix du moteur. Il faudrait donc un moteur moins cher à l’utilisation tout en allongeant sa durée de vie. Le coût au kilomètre est d’environ 9 euros. Avoir un moteur plus proche de la série avec une grosse bride irait dans le bon sens. Pour résumer, venir en LM P2 demande une certaine réflexion. »

 « Planifier un avenir avec plus de sérénité »

 Un autre constructeur se satisfait quant à lui des nouvelles discussions : « Le fait que les trois parties FIA/ACO/IMSA se réunissent va dans le bon sens car chacun sait qu’il faut faire quelque chose. Réunir l’Europe et les Etats-Unis est une bonne chose car le business modèle doit être plus clair. Avoir un programme sur quatre ans va dans le sens de l’anticipation. Il faut augmenter légèrement le prix de vente pour ne pas être en perte. Les équipes préfèrent la qualité et acheter plus cher. Limiter à 4 va dans le bon sens avec l’idée intéressante d’inclure un Américain dans la boucle. Réduire le coût de fonctionnement va également dans le bon sens. Il faut que les teams puissent amortir le matériel sur 4 ans. »

 L’idée est bien de réunir l’Europe et les Etats-Unis : « Il faut absolument que les équipes puissent rouler des deux côtés de l’Atlantique. Le moteur unique est bien s’il y a une réduction des coûts, tout comme le manufacturier pneumatique unique. Les Américains pourraient avoir un kit aéro bien spécifique. Il faut donner aux équipes la possibilité de se battre au top niveau avec le soutien d’un constructeur. Il faut une auto solide qui fasse plus de kilomètres en augmentant le kilométrage entre les révisions. Si l’annonce du nouveau règlement a lieu cet été, cela permettra aux constructeurs de se structurer et de revoir le format d’entreprise. Il faut planifier un avenir avec plus de sérénité. Les constructeurs perdent de l’argent avec la vente d’autos. Ce qui est positif, c’est la prise de conscience des différentes parties. Partir sur des règles LM P1 est la solution. »

 « Besoin de compréhension »

 « Les discussions sont pour le moment à l’état d’étude » nous indique l’émissaire d’un constructeur. « Nous sommes surpris de la démarche mais nous allons attendre la prochaine réunion pour en savoir plus. Il faut aussi voir les différents critères retenus si on tend vers une sélection de 4 constructeurs. Comment va être faite la sélection ? Développer une auto coûte de l’argent et il faut une visibilité sur le long terme. Que va-t-il se passer si un motoriste unique est retenu ? Si HPD est retenu comme constructeur et Nissan en tant que motoriste, pourra-t-on voir une Honda équipée d’un moteur Nissan ? Le moteur reste du consommable, ce qui fait que le prix sera toujours le même. Qu’est ce que l’on a pour diminuer le coût des autos ? Pourquoi pas uniformiser certaines pièces comme les roulements ou l’extincteur. »

 « Un investissement des équipes facilité »

 « Lorsque l’on parle de changement, beaucoup de gens s’énervent sur le sujet » nous confie un autre constructeur. « J’aime la direction que prend la nouvelle réglementation parce qu’à certains moments le monde de la course devient un peu fade. On aime le changement mais on aime aussi construire de nouvelles autos. Je suis enthousiaste à l’idée du nouveau règlement. C’est encore trop tôt de savoir comment va se propager l’arrivée de LM P2 sur le continent américain. Si on regarde ce qui s’est passé avec les DP, il y a eu un afflux 3 ans après l’introduction des autos. Il s’est passé la même chose en WSC à la fin des années 90 mais aussi en GTP. Les voitures pourront rouler plus longtemps, ce qui rendra l’investissement des équipes plus facile »

 Les prochaines réunions vont donc être cruciales car 2017 c’est déjà demain…

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