Toyota Racing a débuté ses essais avec sa TS040 HYBRID Spec-2015 avec un test d’endurance bouclé il y a peu à Motorland Aragon. Plusieurs titulaires étant retenus au Japon pour la présentation des programmes sportifs de Toyota, l’équipe Championne du Monde d’Endurance en titre a fait appel à des renforts de choix. Mathias Beche, Jean-Eric Vergne et Kamui Kobayashi ont épaulé Mike Conway, Alex Wurz et Stéphane Sarrazin. La bonne surprise est venue de la présence de Mathias Beche, pilote du Rebellion Racing en LM P1. Pour sa deuxième année avec l’écurie suisse, le Genevois a montré de bien belles choses dans une classe non-hybride pourtant peu garnie. L’effectif 2015 du Toyota Racing affichant complet, la présence de Mathias Beche en Espagne n’avait pas pour but une titularisation.
« Mon test avec Toyota Racing a été programmé quelques semaines plus tôt » nous confie Mathias Beche. « Trois titulaires étaient retenus au Japon et Toyota avait prévu un test d’endurance où deux pilotes de F1 ont été conviés. La Formule 1 apparait dans la tête des gens comme le must car elle est considérée comme la discipline reine. Le souci est que pour pouvoir y accéder, il faut avoir des ressources financières colossales. Il y a d’autres réservoirs de talents. La filière Endurance ouvre des perspectives intéressantes en permettant de piloter des voitures performantes mais aussi d’apprendre à être moins individualiste dans son approche des réglages et de la philosophie de la course. Le fait que Toyota ait pensé à moi est une belle récompense personnelle mais aussi la preuve que l’on peut gravir les échelons sans forcement être fortuné. Mon rôle pour ce test était principalement d’aider l’équipe à dérouler son programme dans les meilleures conditions possibles.”
Avant de rouler chez Rebellion Racing, le Champion d’Europe LM P2 a fait ses gammes en LM PC avant de gravir les échelons : « Sans budget la monoplace était pour moi complètement bouchée. Dans l’impasse j’ai essayé de trouver une alternative et me suis lancé très tôt en endurance, via la Formula Le Mans puis le LM P2. J’ai ensuite intégré le Rebellion Racing, qui m’a permis de découvrir l’atmosphère d’une équipe professionnelle, avec des pilotes de renom. Cette étape m’a aidé à ouvrir mon approche technique, comparativement au LM P2 qui reste très réglementé et donc un peu limité de ce point de vue. J’ai aussi pu apprendre de mes coéquipiers, ce qui est un gros plus. Rebellion Racing a prouvé par le passé qu’elle pouvait mettre en évidence certains talents. On l’a vu avec Marcel Fässler qui a rejoint les rangs d’Audi puis Neel Jani qui dès son arrivée chez Porsche a montré qu’il faisait partie des meilleurs. Mon parcours est peut être plus atypique et je remercie le Toyota Racing pour la confiance qu’ils m’ont accordé. »
Le roulage sur la Toyota TS040 HYBRID Spec-2015 est donc une belle récompense pour le Suisse : « Pascal Vasselon a pu suivre ma progression depuis le LM P2 en 2011. Rebellion Racing avait aussi un lien avec TMG via notre motorisation. Ces essais sont donc une belle continuité dans ma carrière. L’accueil chez Toyota a été très chaleureux, de la part du team, des mécanos mais aussi des autres pilotes. Il y a une saine émulation. La dimension humaine fait partie intégrante de la réussite de l’équipe. »
En passant de la Rebellion R-One à la Toyota TS040 HYBRID, l’ancien chef de file du Thiriet by TDS Racing en LM P2 a découvert un nouvel univers : « Il n’y a pas deux mondes entre une LM P1 hybride et non-hybride. La plus grosse différence reste la technique de pilotage, qui est relativement différente de ce que j’avais pu expérimenter. Concernant l’approche globale, bien entendu les ressources ne sont pas les mêmes, mais j’ai trouvé plus de différences en passant du milieu Pro-Am LM P2 à une équipe Pro en LM P1. En LM P2, on partage le volant avec des pilotes plus typés gentlemen, il y a en quelque sorte une hiérarchie, alors qu’en LM P1, il n’y a que des professionnels et chacun doit apprendre à travailler ensemble. C’est aussi pour ces raisons que le LM P1 « privé » reste pour moi la meilleure façon de se développer.»
Le roulage à Motorland Aragon pourrait bien ne pas rester sans lendemain : « Ce test d’endurance à été positif pour moi, beaucoup de choses était nouvelles et je pense avoir pu m’adapter relativement vite. J’espère que ma performance a été appréciée, et qu’elle pourrait pourquoi pas en appeler d’autres. »
Les pilotes du Rebellion Racing pour la campagne 2015 n’ont pas encore été annoncés, mais il n’y a pas de raison pour ne pas y retrouver Mathias Beche : « Le début d’année est une période de transition pour Rebellion Racing du fait du changement de motoriste. Pour diverses raisons, la décision s’est prise tardivement, si bien que l’équipe ne devrait pas être présente à Silverstone. J’ai confiance en l’équipe pour la suite et j’espère que nous pourrons construire sur les belles fondations de 2014.»