Dresser un bilan de Larbre Compétition depuis sa création demanderait bien plus d’un article. Pour résumer, l’équipe dirigée par Jack Leconte a gagné partout où elle est passée. Absent de la scène mondiale en 2014, Larbre Compétition revient aux affaires avec une Corvette C7.R. Depuis 1993, Larbre Compétition a pris part à toutes les éditions des 24 Heures du Mans, exceptée en 2009 où la Saleen n’avait pas été retenue. Dès sa première participation à la classique mancelle, Jack Leconte est reparti avec le doublé. FIA GT, GT France, Porsche Carrera Cup, ELMS, ILMC ou FIA WEC, l’écurie qui a fêté son 25^ème anniversaire en 2013 s’est imposée à chaque fois. Elle a été l’une des toutes premières à croire dans le Circuit du Val Vienne et c’est maintenant Jack Leconte qui est aux manettes de l’entité Les Deux Arbres qui gère le circuit.

 Comment Larbre Compétition est arrivé au Vigeant ?

 « L’équipe de course a été créée en 1988. A l’époque, nous étions impliqués en Porsche Turbo Cup. Les travaux sur le circuit du Vigeant ont débuté en 1990/1991, soit la première année de la Porsche Cup. La Région Poitou-Charentes avait pris Jean-Pierre Jaussaud comme consultant, qui roulait pour Larbre Compétition. Fin 1991, le revêtement était prêt. Jean-Pierre Jaussaud m’a alors demandé de m’y rendre avec des voitures pour des baptêmes de piste. A ce moment-là, il n’y avait qu’une partie de la voie des stands. Des discussions ont ensuite été entamées pour que Larbre Compétition vienne s’établir ici. Seul un bâtiment relais était prévu mais j’ai mis dans la balance la possibilité de dessiner et d’organiser le bâtiment avec mon propre architecte. Les ateliers Larbre Compétition datent de 1993 avec quelques aménagements en 2008. »

 1993 a donc été une année charnière pour Larbre Compétition ?

 « C’est aussi l’année de nos débuts aux 24 Heures du Mans avec un doublé à la clé. Nous avons d’ailleurs célébré la victoire au Mans en inaugurant les ateliers en juillet 1993. »

 C’est à cette époque que date la relation avec Porsche ?

 « Larbre Compétition faisait rouler deux gentlemen qui étaient Gérard Févrot et Jacques Heuclin. Les deux étaient amoureux des 24 Heures de Spa et ils m’ont convaincu de modifier une Porsche 911 Carrera 2 pour le double tour d’horloge spadois. Le team n’était pas rodé à la discipline. Nous y sommes allés avec une Cup qui développait 100 chevaux de moins que la concurrence. Qualifié au 24ème rang, nous avons terminé 7^ème. Le hasard a voulu que le stand de la Porsche de Jürgen Barth soit tout près du nôtre. Sa Porsche ayant abandonné sur casse moteur, il est venu nous appuyer avec toute sa connaissance de la 911.

 Le bon résultat a aidé pour la suite. 1993 marquait le retour des GT au Mans et de discussion en discussion nous avons inscrit deux 911 Carrera RSR 3.8l. Nous étions face à des teams bien plus affûtés à l’Endurance avec Konrad, Haberthur, Obermaier ou encore Stadler. Ils étaient tous des spécialistes. Joël Gouhier, Jürgen Barth et Dominique Dupuy se sont imposés devant Jesus Pareja, Pierre de Thoisy et moi-même. Bis repetita en 1994 grâce à Jesus Pareja, Dominique Dupuy et Carlos Palau, à nouveau avec une 911 Carrera RSR. Il y a eu ensuite l’épopée Turbo SLM avec une belle moisson de victoires. »

Pourquoi avoir gardé le nom Larbre alors que la société n’est plus le partenaire titre depuis pas mal d’années ?

 « La compagnie de transports Larbre nous a soutenu dès le début avec la création de Larbre Compétition et on gagne Le Mans dans la foulée. La publicité s’est faite toute seule. On a donc gardé le nom. Pourquoi le changer ? »

 C’est la même chose pour Jean-Luc Chéreau ?

 « Jean-Luc est un acteur majeur de l’équipe en contribuant à son internationalisation. Les camions de l’équipe portent toujours le nom Chéreau. C’est ce que l’on peut appeler la fidélité. Il y a une belle complicité entre nous. Le team roulait en N-GT et nous avons réfléchi à faire rouler des Chrysler Viper GTS-R. Jean-Luc a émis l’idée de passer aux GT américaines. Deux mois plus tard, nous avions des Viper. »

 Avant cela, il y a tout de même eu l’épisode Porsche 911 GT1…

 « Un moment douloureux… L’auto était magnifique et prête à participer aux 24 Heures du Mans 1998. Malheureusement, elle a connu un problème mécanique lors des essais préliminaires. Pour être sélectionné, il fallait se qualifier sur la piste. Cette année-là, 50% du plateau roulait le matin, le reste l’après-midi. Nous roulions la matinée et il avait plu. Il y a eu un souci d’embrayage et tout s’est arrêté là. C’est la première fois que Playstation était présent en sport automobile. »

 Quelques années plus tard, Larbre Compétition a tout gagné avec les GT1, qu’elles soient Saleen, Ferrari, Chrysler ou Aston Martin. Une belle période ?

 « Les GT1 de l’époque étaient des autos légères, puissantes, avec de l’aéro. La Ferrari 550 Maranello reste une très belle auto. Je garde de très bons souvenirs du FIA GT où nous avons battu des équipes mieux armées. La période Saleen a elle aussi été intéressante. »

Larbre Compétition a fait rouler un tas de pilotes de premier plan. L’un d’entre eux sort du lot ?

 « Beaucoup de pilotes de premier plan sont passés chez Larbre Compétition. Si je devais en sortir un, je citerai Pedro Lamy. Sur le plan humain, il est incroyable et en piste, il est sur une autre dimension. C’est un pilote qui a d’énormes capacités. Je suis ravi d’avoir servi de lien pour son arrivée chez Peugeot. Le seul point négatif est qu’il va falloir se battre contre lui cette saison. »

 A quand le retour de Larbre Compétition en LMP ?

 « Nous sommes ravis d’avoir franchi le pas l’an passé mais nous allons débuter une nouvelle collaboration avec Corvette. C’est un programme sur le long terme et l’idée serait plus d’avoir le soutien de Corvette Racing pour faire rouler une C7.R en GTE-Pro la saison prochaine… »