Si la Nissan GT-R LM NISMO est un défi technologique à elle seule, l’aspect pneumatique est lui aussi un paramètre primordial à prendre en compte compte tenu des dimensions proposées. Après avoir occupé à deux reprises le Garage 56 aux 24 Heures du Mans, Michelin apporte tout son savoir-faire à Nissan dans une auto qui se veut donner un nouveau souffle à la catégorie LM P1. Le constructeur japonais s’est donc rapproché du manufacturier de Clermont-Ferrand pour la fourniture des pneus, Michelin étant déjà le partenaire privilégié de la marque en SUPER GT avec MOLA et NISMO.

 « Nous sommes très fiers d’avoir été choisis par Nissan, que nous allons accompagner durant toutes les phases du programme LM P1 » déclare Pascal Couasnon, directeur de Michelin Motorsport. « Après nos collaborations fructueuses lors des projets « Garage 56 » en 2012 et 2014, ainsi que les succès en championnat SUPER GT au Japon où nous avons remporté trois titres lors des quatre dernières saisons, Michelin est naturellement le partenaire pneumatique de ce nouveau projet Nissan. La Nissan GT-R LM NISMO est un fantastique laboratoire d’avenir qui présente des exigences de performances immédiates : développer les pneus pour cette voiture a été un défi que Michelin n’a pas hésité à relever. »

 En plus d’équiper les autres protagonistes de la catégorie LM P1, Michelin se voit là l’occasion de proposer des pneus bien spécifiques pour une auto elle aussi bien spécifique. Avec son moteur en position avant, la GT-R LM NISMO affiche une répartition des masses différente des autres LM P1 plus conventionnelles. Le fait que l’auto soit une « traction avant » avec une aéro très sophistiquée impose des contraintes particulières sur les pneumatiques.

Un début de conception des pneus sur simulateur d’après une clé USB…

 Audi, Porsche et Toyota utilisent des dimensions de 31/71-18 contre 31/71-16 à l’avant sur la Nissan et 20/71-16 à l’arrière. Cette nouvelle dimension s’est faite en accord avec Nissan. Tout est parti d’une simple clé USB, comme l’explique Nicolas Goubert, directeur technique de Michelin Motorsport : « Nous avons débuté la conception des pneus pour la Nissan sur simulateur à partir d’une clé USB. Notre partenaire nous a fourni un fichier donnant les contraintes subies par les pneus, roue par roue, mesurées lors d’un roulage de la voiture sur un circuit donné. Notre partenaire a donc protégé la confidentialité de son projet, et nous n’avions pas besoin d’en savoir plus. » Michelin a donc récupéré les données sans même connaître les caractéristiques de la voiture.

 Nicolas Goubert poursuit : « Nous n’avons pas besoin de savoir si la voiture dispose d’un moteur à l’avant ou à l’arrière. Il suffit de connaître la charge sur les pneus et où le couple sera appliqué. » Trois forces sont imposées aux pneumatiques. Les forces longitudinales (X) avec l’accélération et le freinage. « Une nouvelle fois, il n’est pas important pour nous d’être informés de la puissance réelle du moteur thermique et des moteurs électriques » confie Nicolas Goubert. « Ce que nous voulons connaître, ce sont les contraintes que ces moteurs génèrent sur chacun des pneus. »

 Il y  a ensuite les forces verticales (Z) avec la masse du véhicule et la charge aérodynamique. « Ces forces pèsent sur les pneus aussi bien en statique qu’en dynamique. La charge aérodynamique, par exemple, est nulle quand la voiture est à l’arrêt, mais elle peut représenter plus de deux fois le poids propre de la voiture à des vitesses supérieures à 300 km/h. »

 Quant aux forces latérales (Y), elles sont nécessaires pour prendre les virages, celles-ci variant avec l’appui aérodynamique et le niveau d’adhérence des pneus.

 Une fois toutes ces contraintes analysées, les ingénieurs peuvent définir les dimensions de pneumatiques avec une pression de fonctionnement associée. Il faut ensuite définir les choix technologiques sur la structure du pneu, les matériaux et le profil.

Si Michelin avait gardé la dimension traditionnelle, alors les pressions de fonctionnement auraient été plus élevées. L’utulisation du 16″ à iso diametre extérieur a permis de revenir à des pressions de fonctionnement plus classiques et de rester dans des diamètres au seat très courants…. La taille 16 pouces est la taille la plus répandue en Europe. Pascal Couasnon rappelle le transfert de la piste à la route : « La cohérence entre les dimensions que Michelin utilise en circuit et celles des pneus de série est indispensable. Il s’agit d’un facteur déterminant pour opérer un transfert de technologie rapide et efficace des pneus de compétition à ceux de série. »

 La première phase de développement sur simulateur a permis à Michelin Motorsport de définir les dimensions optimales pour la Nissan GT-R LM NISMO. Il a ensuite fallu étudier la conception du pneu ainsi que les choix technologiques.

 Chez Michelin Motorsport, on nous a bien précisé que malgré un diamètre plus petit, les pneus de la Nissan GT-R LM NISMO auront le même potentiel que celui des autres LM P1, aussi bien en termes de performance que de résistance à l’usure. Rappelons qu’en 2014, Audi Sport a notamment bouclé plus de 700 km avec les mêmes gommes aux 24 Heures du Mans en dépit d’une réduction de 15% de la masse des pneus LM P1.

 La fiche technique :

 Dimension : 31/71-16 à l’avant (20/71-16 à l’arrière)

Largeur : 350 mm (240 mm)

Hauteur du flanc : 145 mm (145 mm)

Diamètre : 16 pouces

Type de sculpture : Slick, Hybride, Wet et Full Wet

Poids : 11.2 Kg (9,4 Kg)

Versions slick et fenêtre d’utilisation :

- MEDIUM « Hautes températures » : > 30° C

- SOFT « Hautes Températures » : de 15° C à 35° C

- SOFT « Basses températures » : < 20° C