Matt McMurry est rentré cette année dans l’histoire de l’endurance en réalisant son rêve : devenir le plus jeune pilote à avoir pris le départ des 24 Heures du Mans. En juin dernier, à 16 ans et 202 jours, il succédait sur les tablettes à une icône des 24 Heures, le mexicain Ricardo Rodriguez, qui était âgé de 17 ans et 126 jours au moment du départ en 1959, dont le record avait donc tenu plus d’un demi-siècle ! Le lendemain, McMurry -la Zytek-Nissan n°42 du Greaves Motorsport dont il partageait le volant avec Tom Kimber-Smith et Chris Dyson étant à l’arrivée- devenait, à 16 ans et 203 jours, le plus jeune à avoir terminé la classique mancelle, effaçant le précédent record détenu depuis l’année 2000 par son compatriote Gunnar Jeannette qui avait 18 ans et 44 jours à l’arrivée.
L’année sportive du jeune McMurry ne se résume pas aux seules 24 Heures du Mans, puisqu’il a également fait la saison compète de l’European Le Mans Series avec une Zytek LMP2 du Greaves Motorsport, qu’il a également fait toute la saison de l’IMSA Cooper Tires Prototype Lites, qu’il est devenu le premier pilote du Junior Development Program du Dyson Racing et qu’il a également fait ses débuts en GT en Blancpain Lamborghini Super Trofeo au volant d’une Gallardo…
Matt McMurry est revenu pour Endurance Info sur cette saison 2014 :
Matt, tu as vécu de nombreuses premières cette saison : premières 24 Heures du Mans première saison en European Le Mans Series, première saison en IMSA Cooper Lites, premières courses GT en Blancpain Lamborghini Super Trofeo, premiers essais avec la Bentley Continental GT3 du Dyson Racing. Si tu pouvais définir cette saison de compétition en un seul mot, lequel serait-il ?
« Occupée ! J’ai été sur la route tous les deux ou trois week-ends, donc nous étions constamment en train de voyager. Depuis février, j’ai fait en avion plus de 110000 miles (plus de 177000 Km, NDLR). Je n’ai pas encore 17 ans et j’ai 82 courses à mon actif. Don, oui, ça a été occupé. Cependant, au cours de chaque voyage et de chaque week-end, j’ai appris quelque chose de nouveau et j’ai rencontré des gens incroyables. J’ai commencé à apprendre comment piloter une GT, comment courir la nuit, comment courir la nuit, comment gérer le trafic, et beaucoup, beaucoup plus de choses encore. »
Tu es maintenant dans l’histoire du Mans comme le plus jeune au départ et le plus jeune à l’arrivée également. Quel est ton sentiment à ce sujet ? Comme tu peux encore devenir le plus jeune pilote sur un podium au Mans (le record absolu est détenu par Ricardo Rodriguez, deuxième à la distance en 1960, à 18 ans et 133 jours, mais un podium LMP2 à moins de 18 ans est encore envisageable pour Matt), est-ce un objectif pour toi?
« C’est magnifique d’être le plus jeune pilote à avoir couru les 24 Heures ! Nous avons travaillé dans ce but pendant des années. C’est fantastique d’avoir une telle réussite à un âge aussi jeune. Nous essaierons vraiment de battre le record du plus jeune pilote sur le podium en 2015. »
Qu’as-tu pensé de l’ambiance avant la course, pendant le Pesage ou la Parade des Pilotes ? Une telle ambiance existe-t-elle aux USA ?
« Je ne pense pas qu’il y ait dans le monde un évènement sportif semblable au Mans, particulièrement dans le monde du sport automobile. Au Mans, le Pesage est un show énorme, alors que partout ailleurs les vérifications techniques sont seulement une tâche de routine dont les mécaniciens et l’équipe s’acquittent avant que le week-end ne commence réellement. Le Mans possède tant de caractéristiques uniques qu’on ne peut pas le comparer à aucune autre épreuve. C’est incroyablement formidable sous tous ses aspects. »
Qu’est-ce qui a été le plus difficile au Mans? Le trafic, la durée de la course, la nuit ?
« Je pense que le plus difficile a été la pluie. La première fois que je suis monté dans la voiture, le ciel s’est assombri et il a commencé à pleuvoir. C’était particulièrement piégeux car l’averse soudaine est survenue juste comme je passais la ligne de départ. Donc, j’ai dû faire les 13 kilomètres et quelques du circuit en slicks avant de pouvoir repasser par les stands pour changer de pneus. Je pense que c’était Ricardo Rodriguez qui me disait depuis le ciel : »OK gamin, si tu veux mon record, tu vas devoir le gagner…à la dure. »
Quel secteur du circuit as-tu le mieux aimé ? Et le moins ?
« J’ai tout aimé dans le circuit, même si mon secteur préféré est celui des Virages Porsche, particulièrement le dernier droit. Ce virage est mon favori car la voiture y était collée au sol et on pouvait passer dans l’intégralité du virage à très haute vitesse. »
La course a-telle répondu à tes espoirs ?
« La course et tous les évènements autour d’elle ont dépassé mes espérances. Je n’aurais jamais imaginé un public aussi nombreux, particulièrement lors de la Parade et du Pesage. La Parade est une des choses les plus agréables que j’ai faites au cours de ma vie. Les fans étaient complètement déchaînés ! »
Que peux-tu dire à propos de l’European Le Mans Series? Quel était le niveau de compétitivité ? As-tu été surpris par le niveau ?
« Cette année, l’European Le Mans Series a été magnifique. Je suis sûr que le plateau LMP2 a été parmi les meilleurs de ces dernières années, et toutes les voitures et tous les pilotes étaient super compétitifs. Je ne savais pas à quoi m’attendre en y allant, donc je ne serais pas que j’ai été surpris. Néanmoins, j’ai été totalement impressionné par tout en ELMS. »
Quels ont été les meilleurs moments et les pires (s’il y en a eu) en ELMS?
« Je dirais que Silverstone et Imola ont été le meilleur de la saison car ils ont été mes week-ends de compétition préférés où nous avons été les plus performants. Le pire, c’est que nous ne sommes pas montés sur le podium, nous l’avons manqué d’une place par deux fois. Nous avons eu tout au long de l’année un équipage qui a changé, aussi cela a rendu la tâche du team plus difficile pour faire des résultats optimum, même si cela m’a donné l’opportunité d’apprendre au contact d’une variété de pilotes très talentueux. »
Penses-tu que la saison de l’ELMS a été utile du point de vue de tes performances en tant que pilote ?
« Je pense que la saison de l’ELMS a été une magnifique expérience d’apprentissage. J’ai appris à piloter une LMP2, comment conduire dans le trafic, j’ai fait mes plus longs relais depuis que je cours, j’ai appris à gérer les pitstops, et beaucoup plus de choses encore. »
Peux-tu comparer le niveau de compétitivité entre l’ELMS et le Championnat Cooper Lites ?
« Je pense que le niveau de compétitivité entre l’ELMS et l’IMSA Prototype Lites est similaire. A l’avant de la course le rythme est éblouissant dans les deux Séries. Je dirais que la seule différence est le format (endurance pour l’ELMS, sprint pour les Prototype Lites) et le niveau d’expérience des pilotes. Les courses en ELMS sont beaucoup plus propres et appliquées, alors que les courses sprint en Cooper IMSA Lites avec des pilotes plus jeunes semblent provoquer davantage de précipitation et de mésaventures. »
Peux-tu nous parler de ta saison en Cooper Lites ? En es-tu satisfait ?
« C’est difficile d’être heureux d’une saison qui a connu beaucoup de casses mécaniques et de contacts inopportuns de la part d’autres pilotes. Nous étions suffisamment performants tout au long de la saison pour lutter pour le titre, mais les abandons, sur panne mécanique et à cause de conduites par trop optimistes d’autres pilotes, nous ont tués Cependant, la saison s’est terminée sur une bonne note, avec quatre podiums au cours des six dernières manches, dont une pole, un meilleur tour en course et une victoire flag to flag à Road Atlanta. La saison prochaine c’est le titre ou rien d’autre !”
Tu as fait ta première expérience d’une course GT en Blancpain Super Trofeo. Est-ce très différent de piloter une GT par rapport à un proto, une LMP2 ou un Prototype Lite?
« Le Lamborghini Super Trofeo a été ma première course GT. C’est très différent en comparaison des prototypes que j’ai conduits. On pouvait vraiment piloter la Lamborghini à l’accélérateur et aux freins, et elle demandait plus de douceur sur les mains que les Lites ou les P2. J’ai énormément aimé mes expériences en GT et j’ai été comblé d’être sur le podium Amateurs dans la dernière course, qui était ma quatrième course GT en carrière. »
Comment est la compétition en Super Trofeo ?
“C’est vraiment bien. Il y a de nombreux pilotes vraiment rapides et tous semblent être propres et respectueux sur la piste. C’est de la bonne compétition. »
Tu es le premier membre du Junior Development Program du Dyson Racing, penses-tu que ce programme sera très important pour ta carrière en sport auto ? Quel a été l’accueil du Dyson Racing ?
« Je sais que j’ai eu cette année des opportunités que je n’aurais pas eues si je n’avais pas fait partie du Dyson Racing, et les moindres d’entre elles n’ont pas été les 24 Heures du Mans, la saison complète de l’ELMS et le récent test avec la Bentley. Donc, oui, sans ambiguïté, mon appartenance au Dyson Racing a été essentielle pour ma carrière. Je suis une sorte de « petit frère » dans l’équipe, tout le monde veillant sur moi, me donnant des conseils et des encouragements et étant acquis à ma cause. »
Tu as fait des essais avec la Bentley Continental GT3, donc, quelles sont tes impressions sur la voiture ? Aimerais-tu courir avec elle ?
« C’est un plaisir de piloter la Bentley GT3. C’est probablement la voiture la plus unique et la plus différente que j’aie jamais pilotée. Pour aller vite, il faut freiner diablement tard et très fort. L’appui aéro était étonnamment fort. Les gens de chez Dyson avaient très bien réglé la voiture. C’était impressionnant d’observer Butch Leitzinger et Tom Kimber-Smith piloter la voiture, et d’apprendre beaucoup de la part de pilotes de haut niveau. »
Quels ont été tes circuits préférés en Europe ? En Amérique du Nord?
“En Amérique du Nord, c’est vraiment le Canadian Tire Motorsports Park à Mosport. En Europe, Le Mans est mon préféré. Les deux circuits offrent des expériences similaires, avec des coins sympas avec des courbes larges, super rapides, demandant de l’appui aéro. »
Quels pilotes t’ont le plus impressionné la saison dernière, toutes séries confondues ?
« Harry Tincknell, en ELMS, a été tout à fait incroyable et c’est lui qui est ressorti le plus à mes yeux. Il a tiré tout le maximum de la Zytek du Team Jota à de nombreuses reprises, et n’a jamais mis une roue de travers. Si je peux encore courir en ELMS la saison prochaine, il a mis la barre à un niveau que j’aimerais atteindre. »
As-tu déjà des projets pour l’année prochaine ? Quelles seraient tes préférences ?
« Nous travaillons activement sur nos projets 2015. Je suis à peu près certain que nous referons l’IMSA Lites, ce que j’espère vraiment, car pour me préparer à courir au Mans à l’âge de 16 ans, il fallait que je progresse très rapidement au travers des formules de promotion, ce qui signifie que je n’ai jamais fait une deuxième saison dans quelque championnat que ce soit pour mettre en application tout ce que j’avais appris au cours de la saison précédente. Les 24 Heures du Mans, c’est également quelque chose sur laquelle nous nous concentrons. Nous intégrerons d’autres choses dans ce programme, et nous travaillons sur des calendriers et des options au moment où je parle. Ce sera de nouveau une année très occupée ! »
Vas-tu poursuivre tes études l’année prochaine?
“Oui, et cela fait des calendriers et de la charge de travail un vrai challenge. C’est comme si j’avais deux jobs : l’école et la course. Je termine ma troisième année de Lycée juste avant Le Mans 2015. J’envisage d’aller à l’Université – pour faire des études d’Ingénieur ou quelque chose du genre- mais ce ne sera pas avant septembre 2016, après avoir décroché mon diplôme au Lycée. »