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Musée de l’Aventure Peugeot : l’expo « 300 km/h » !

Peugeot 905 évo2
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L’histoire de Peugeot au Mans est faite de hauts et de bas, d’amour et de haine, il faut l’avouer. Depuis la mise hors-course sous la bronca* du public des deux 174S officielles de 1926 au petit matin, alors même que la n°2 était deuxième de l’épreuve, jusqu’au retrait fracassant du 18 janvier 2012, la firme au lion est également passée par le succès de la catégorie -2litres des superbes 302 Darl’Mat en 1938 mais aussi et surtout par les trois victoires absolues des 905 et 908 en 1992, 1993 et 2009. On n’oubliera pas non plus que les intérêts de Sochaux furent longtemps défendues par une équipe de bénévoles passionnés alignant les WM. Les hommes de Welter et Meunier se signalèrent par quelques exploits restés dans les mémoires tels que la 4ème place de 1980, le début de course héroïque de Roger Dorchy en 1984 pointant 2 fois au commandement devant les Porsche 956 et Lancia officielles ou bien les 405 km/h du même Roger en 1988 à bord de la P88.

C’est en partie à cette aventure mais également aux années F1 que le musée de l’Aventure Peugeot rend hommage durant deux semaines. A une collection riche et en constante évolution, l’établissement ajoute jusqu’au 2 novembre quelques unes des pépites sorties des ateliers de Vélizy pour l’exposition « 300 km/h ». Comme le clame le pitch, ce sont pas moins de 7000 chevaux qui vous attendent !

IMG_5670Aux McLaren, Jordan et Prost de Formule 1 s’ajoutent ainsi les deux 905 victorieuses en 1992 et 1993. Les deux voitures étant cote à cote, ce sera ainsi pour vous l’occasion de jouer au jeu des 7 erreurs afin de découvrir les évolutions visibles entre l’évolution 1bis de 1992 et la 1ter de 1993 (appellation officieuse). Vous retrouverez également la 908 HDi FAP victorieuse en 2009, qui impressionne toujours autant les visiteurs… A ses côtés, celle qui symbolise malheureusement l’arrêt brutal des activités de Peugeot Sport en 2012, la 908 Hybrid 4. Elle est ici présentée dans la version qui fit d’ultimes tours de roues devant tous les membres du personnel de Peugeot Sport quelques jours après la funeste annonce. La version 2012 aurait du être bien différente si elle avait seulement pu s’exprimer sur la piste mancelle…

IMG_5775Vous pourrez également découvrir la jolie WM P79/80 qui termina 13ème des 24 Heures du Mans 1981, année ou la petite équipe de Thorigny alignait non moins de 4 voitures dont les 2 premières Groupe C de l’histoire. C’est d’ailleurs un modèle identique à cette P79/80 n°4 de 1981 qui, l’année précédente, échoua au pied du podium tout en terminant 2ème dans la catégorie GTP, derrière la Rondeau Belga n°17.

IMG_5749Le clou du spectacle, c’est la célèbre 905 Evo 2 de 1992, celle qui n’a jamais couru… Peugeot Talbot Sport, afin de conserver son avantage sur la concurrence acquis avec l’évo 1bis apparue juste après Le Mans 1991, ne s’était pas endormi sur ses lauriers et André De Cortanze avait imaginé cette évolution marquante de la 905 en rupture encore plus totale avec les voitures de l’ère Groupe C que ne l’était sa grande sœur. En de nombreux points, elle était en avance sur son temps. Ainsi, l’ouverture interne des ailes avant fut reprise par André sur sa Toyota GT-One et est revenue à la mode de nos jours mais pour d’autres raisons. La face avant, encore plus perméable au flux que l’évo 1bis ne déparerait guère dans le peloton actuel des LMP1. Le petit panneau situé au-dessus des éléments de suspension avant rappelle ce que les ingénieurs actuels nomment les panneaux de légalité et qui ne sont là que pour satisfaire au règlement. La canalisation des flux semble d’ailleurs avoir été poussé à son maximum sur cette auto avec notamment les déflecteurs placés au-dessus des ailes arrières. Mais pour fabuleuse qu’elle soit à voir, cette auto a tout de même, avec ses consœurs de la formule 3,5 litres des années 1990 à 1993, signé la mort du Championnat du Monde d’Endurance. Cette formule a marqué une très nette hausse des coûts par rapport aux Groupe C, hausse que même des usines telles que Jaguar ou Mercedes ont refusé de suivre. Et que dire des privés qui désertèrent. Malgré de belles promesses, le Championnat s’est effondré en deux année seulement après que Nissan et Alfa Romeo ait également jeté l’éponge. Et l’évo 2 imaginée pour le Championnat 1993, celui qui n’eut jamais lieu, ne fut finalement alignée que lors des essais officiels de Magny-Cours, ultime épreuve du Championnat 1992. Pour la course, les hommes de Jean Todt lui préférèrent une troisième évo 1bis. La belle n’eut donc jamais l’occasion de prouver sa valeur en course. A l’heure ou le WEC voit les coûts exploser en LMP1 du fait de l’arrivée de l’hybride, l’histoire ne doit pas être oubliée, pour ne pas commettre les mêmes erreurs…

Que ce petit rappel d’une douloureuse page de l’histoire de l’endurance ne vous empêche pas d’apprécier cette exposition qui vaut le détour par le département du Doubs !

La galerie de cette visite du musée de l’Aventure Peugeot est à découvrir ici en photos.

* En 1926, les deux Peugeot officielles furent mises hors-course par les officiels de l’ACO quasi au même moment le dimanche matin : par la faute du démarreur à l’issue du 76ème tour pour la n°3 de Wagner-Dauvergne et en raison d’un simple montant de pare-brise cassé pour la n°2 de Boillot-Rigal après le 82ème tour (il fallait compter plus de 9 minutes pour boucler les 17 km du circuit de l’époque ce qui explique qu’après la nuit, on ait bouclé moins de 100 tours, cap qui est atteint avant même que le soleil ne s’efface complètement de nos jours…) La fâcherie de l’usine Peugeot avec Le Mans sera longue et durable… Le public n’apprécia que très moyennement cet événement hors-norme et le fit savoir bruyamment d’autant qu’aucune autre voiture ne fut exclue de la course. Cette double disqualification tiendra d’ailleurs l’usine sochalienne éloignée de la Sarthe durant 65 années ! D’autant qu’elle offrait la victoire à une marque concurrente, les Lorraine-Dietrich B3-6 signant même le triplé ! Peugeot s’offrit une belle consolation trois semaines plus tard puisque Boillot-Rigal s’imposaient aux 24 Heures de Spa 1926 avec la même 174S mais la revanche n’était pas totale : les Lorraine-Dietrich étaient absentes…

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