Passer en quelques semaines du baquet d’un karting des 24 Heures de la Distribution à celui d’une Ligier JS 53 Evo revient à passer de la F3 à la F1 pour Max Verstappen. Lors d’une récente visite au Graff sur la Piste Fontenay Pôle 85, Pascal Rauturier nous avait gentiment proposé d’essayer la Ligier JS 53 EVO de Yann Clairay et Eric Trouillet, soit l’auto qui a décroché la pole lors du meeting VdeV Endurance Series à Motorland Aragon.

 Rendez-vous était donc pris sur le circuit vendéen par un mercredi après-midi ensoleillé, journée idéale pour débuter au volant d’un prototype. Posons les bases : la ligier JS 53 EVO est la digne descendante des JS 49, JS 51 et JS 53. La monocoque carbone répond aux standards FIA, la JS 53 EVO étant propulsée par un moteur 2-litres Honda développant 255 chevaux, le tout équipé d’une boîte séquentielle SADEV à 6 vitesses. Conçue par Onroak Automotive, la JS 53 EVO est la petite sœur des LM P2 qui roulent en FIA WEC ou ELMS.

Il n’est pas question pour moi de priver Yann Clairay et Eric Trouillet de leur bébé à moins de deux semaines du meeting VdeV Endurance Series de Magny-Cours, donc pas de prise de risque en piste. L’idée n’est pas de signer un contrat chez Graff à l’issue de la journée mais bien de voir si ce prototype CN est « pilotable » pour un pur gentleman comme moi.

 Par chance, la Piste Fontenay Pôle 85 m’est familière suite à une journée de roulage le mois dernier en Funyo avec l’école de pilotage de Nicolas Marroc. Une fois de plus, c’est Nico qui me sert de coach pour ce run en Ligier. Le tracé est son jardin. Je tiens à bien comprendre les rapports de vitesse selon les virages pour éviter les surrégimes. Le staff du Graff est aux petits soins pour moi avec le visionnage de caméras embarquées, l’installation au poste de pilotage, le fonctionnement de la bête. C’est qu’on finirait presque par se prendre pour un pilote. Une fois les derniers conseils de Nicolas Marroc bien ancrés dans ma tête, il faut s’installer dans le cockpit qui ne manque pas de place, avec un pédalier réglé au millimètre.

C’est parti pour un premier tour de découverte où il faut chauffer les pneus, bien anticiper le regard, gérer les points de braquage, de corde et de sortie. La boîte de vitesses SADEV est un vrai régal. Avant de partir, tout le monde m’avait dit : « tu vas voir, le freinage est incroyable ». Avec une ligne droite longue de 800 mètres, il vaut mieux que le freinage soit bon. Après deux tours, la confiance commence à arriver avec un freinage dégressif retardé de plus en plus même s’il y a encore moyen de le retarder d’au moins 50 mètres. Arriver à 230 km/h en bout de ligne ne permet pas le moindre relâchement. Avec cette Ligier JS 53 EVO, il est possible de rentrer tard dans les virages sans s’appeler Yann Clairay. On comprend mieux ce qu’est une voiture de course avec de l’aéro. C’est à ce demander si l’on peut mettre cette Ligier en défaut. La seule chose déroutante est le montant gauche auquel il faut s’habituer.

 Coupleuse, facile à prendre en mains avec un freinage incroyable, la Ligier peut même se conduire et non se piloter même si ce n’est pas le but. Vous pourriez aller au McDrive avec sachant tout de même qu’il serait compliqué de passer commande vu que vous êtes assis au ras du sol.

L’idée de ce test n’était pas de prouver que je serai capable de rouler en VdeV Endurance Series dès le meeting VdeV Endurance Series de Magny-Cours, mais bien de faire comprendre qu’un prototype CN malgré son aéro, est apprivoisable. On comprend mieux pourquoi ces autos font le régal des gentlemen. La seule chose indispensable est de faire coacher par un pilote professionnel comme nous l’avons fait avec Nicolas Marroc. Sans cela, il ne faut pas s’attendre à gagner du temps rapidement. Gagner trois secondes est facile mais aller chercher le dernier dixième est plus compliqué.

 En descendant de la Ligier JS 53 EVO, la petite phrase de Nico Marroc m’interpelle : « tu devrais tester une LM P2, c’est encore plus facile à prendre en mains. » Plus facile ?!?!?!? Jacques (Nicolet), Philippe (Dumas), vous connaissez mon numéro. Mais surtout, ne dites pas à ma mère que je suis pilote…

Un grand merci au Graff pour leur confiance accordée